Aujourd’hui, l’hôtel de ville de Châteaugiron, situé au cœur du château du XIIe siècle, a éteint ses lumières. Par souci d’économie d’énergie, principalement de chauffage, une partie de l’équipe municipale s’est installée à 500 m dans une annexe communale. Définitivement ? Peut-être pas, mais au moins pour la période hivernale. La mairie reste cependant ouverte et accueille toujours du public.
La mairie de Châteaugiron, souvent décrite comme la plus charmante du département, est installée au sein du château médiéval de la ville, un lieu atypique qui fait la fierté des habitants ! Cependant, le bâtiment est devenu trop onéreux à chauffer pour y loger l’ensemble du personnel communal, obligeant ce dernier à déménager le temps de la saison hivernale.
La tour avec ses 12 degrés de température est fermée. « Seuls le Directeur Général des Services, son assistante, l’accueil et les services de l’État Civil et des affaires sociales, soit neuf personnes, sont encore sur place dans les locaux du château », explique Karine Guyot, la responsable du service communication.
Les autres services (Communication, Centre d’art et culture, Enfance et jeunesse, Vie associative), soit sept employés, ont rejoint la salle de réunion moderne, isolée et chauffée à 500 m du château. « Nous travaillions auparavant dans la tour à trois niveaux de 150 m2 ouverts, ce qui favorisait la perte de chaleur malgré le chauffage électrique, devenu insuffisant à cette période de l’année », ajoute Karine Guyot. « Nous travaillons aussi à domicile bien avant le projet de déménagement et nous bénéficions tous, en alternance, d’une journée de télétravail par semaine, de manière à conserver toujours une personne physique à la réception du public », explique Hélène, une employée qui démontre par la même occasion que l’objectif de réduire la facture d’énergie avait déjà été soulevé.
L’objectif du maire Yves Renault et de son équipe municipale est de faire des économies de chauffage, une économie espérée à 15 000 euros avec, à terme, le projet de changer de mode de chauffage. Il a été envisagé de remplacer l’ancienne chaudière à fioul par un chauffage au bois, l’objectif étant de maintenir la mairie au cœur du patrimoine de Châteaugiron pour le bonheur de tous.
L’histoire du château à travers les siècles
Au XIe siècle, le chevalier Anquetil (ou Ansquetil), originaire de Normandie, arrive à Rennes en 1008. Vassal d’Alain III, duc de Bretagne, il fonde le siège d’une nouvelle seigneurie. Il construit un premier château en bois sur les terres que le duc lui a offertes, situées sur une éminence rocheuse au-dessus de la rivière d’Yaigne. Anquetil meurt en 1039 et laisse ses terres à son fils aîné Giron. Le premier geste de celui-ci est de reconstruire le château en y ajoutant des pierres. À la mort de ce dernier en 1096, son petit-fils Galeran prend sa suite mais le nom de Giron reste désormais attaché au château et au bourg qui l’entoure, d’où l’appellation Châteaugiron.
Par la suite, la forteresse médiévale est construite pour défendre la capitale bretonne à la fin du Moyen-Âge. La commune de Châteaugiron se développe autour de son château au XIIe siècle. L’architecture de sa forteresse s’inspire de celle du château du Louvre (1) que le roi Philippe Auguste fait construire à Paris à la même époque. Châteaugiron devient prospère grâce à la confection de toiles à voile en chanvre et en lin.
La chapelle castrale Sainte-Marie-Madeleine, une des rares à être encore visible en Bretagne, date de 1184. Elle est la partie la plus ancienne du château et abrite aujourd’hui le centre d’art les 3CHA.
La forteresse est rénovée entre 1450 et 1470 par Jean de Malestroit (devenu Jean de Derval à la mort de sa mère), un homme de guerre et grand bibliophile breton, baron de Bretagne et époux, depuis 1450, de Hélène de Laval née à Ploërmel (56) et arrière-petite-fille du roi de France Charles V. Le couple sans enfants réside au château dès 1467. C’est à ce moment-là que Pierre Le Baud, le secrétaire particulier de Jean de Derval, rédige les Chroniques et histoires des Bretons, la première grande histoire de Bretagne, sur la demande de la reine Anne de Bretagne, dont il deviendra plus tard l’aumônier.
À cette époque, cette forteresse possédait six tours, un châtelet d’entrée avec un pont-levis et un logis seigneurial.
En 1482, après la mort de Jean de Derval resté sans héritiers, la seigneurie tombe dans les mains de plusieurs grandes familles : les Rieux, les Laval, puis les comtes de Cossé-Brissac. L’implantation du château fort conduit à la formation d’un bourg castral. Il constitue un pôle économique pour les paroisses rurales de la seigneurie et un lieu d’échanges.
À partir de 1589, Châteaugiron va traverser une sombre époque due aux guerres de la Ligue et au duc de Mercœur. Le château est alors le théâtre de nombreux affrontements pendant les guerres de religion du XVIe siècle. Jusqu’en 1594, la petite ville est continuellement accablée par les passages des soldats, qui pillent, ravagent, massacrent et détruisent les maisons.
Au XVIIe siècle, des transformations sont effectuées par l’ingénieur-architecte et marquis de Vauban, Sébastien Le Prestre. Le logis est remodelé et agrandi dans un style d’architecture à la française et une des tours d’angle est remplacée par un pavillon avec galerie en bois qui rejoint le chemin de ronde. De grands jardins sont également aménagés.
Les Cossé-Brissac se désintéressent de Châteaugiron, sa descendance aussi. En 1701, ils vendent à René Le Prestre, avocat général au grand conseil, sénéchal du présidial de Rennes, président à mortier du Parlement et trésorier des États de Bretagne. Il restaure le château au goût du jour, tout en conservant les vestiges médiévaux.
La Révolution ne changera rien aux habitudes des Le Prestre de Châteaugiron. En 1794, la famille Le Prestre offre le donjon et la tour de l’Horloge à la municipalité et quitte définitivement Châteaugiron après avoir vendu toutes ses possessions pour s’installer à Argenteuil, près de Paris. Le dernier descendant, Hippolyte, meurt en 1802 sans descendance après une brillante carrière militaire et diplomatique à travers l’Europe. Avec lui s’éteint le dernier seigneur de Châteaugiron.
De nos jours, quatre tours des six qui ponctuaient l’enceinte du château se dressent encore : le donjon avec ses 38 m de hauteur, à l’origine indépendant du château, domine la ville – la tour de l’Horloge qui servait autrefois de beffroi et où sonne encore aujourd’hui Henriette, une vénérable cloche de 1666 qui rythme la vie de la cité médiévale – les tours du Guet et du Cardinal édifiées par Jean de Derval qui ont conservé leur chemin de ronde équipé de mâchicoulis.
En 2007, la chapelle est restaurée et des peintures murales fragmentaires, allant du VIIe au XVIIe siècle, sont découvertes dans le cœur et la nef. Elle abrite aujourd’hui le centre d’art les 3CHA qui propose des expositions temporaires d’art contemporain.
Le donjon du château abrite quant à lui le musée Gourdel dédié aux sculpteurs Julien et Pierre Gourdel, originaires de Châteaugiron.
Au cœur de Châteaugiron, petite Cité de Caractère de Bretagne, le château est classé Monument Historique et protégé dans sa totalité par la loi des Monuments Historiques de 1913. Il présente deux aspects : celui d’un puissant château fort avec ses imposantes tours et celui, moins austère, d’un château de plaisance du XVIIIe siècle.
L’Office de tourisme de la ville propose des visites du château avec notamment les 100 marches à monter pour découvrir le mécanisme de la tour de l’Horloge.
Infos pratiques
Le château ne se visite qu’avec un guide : se renseigner à l’Office de tourisme au 02 99 37 89 02 ou sur le site Internet www.tourisme.paysdechateaugiron.bzh
(1) L’enceinte construite autour du château du Louvre de Paris servait à protéger la ville. Le château fort a été démoli par étapes pour laisser la place au Palais du Louvre.
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