poids des nuages damien droin

Le poids des nuages de Damien Droin, de la compagnie Hors Surfaces, sera présenté au festival Les Tombées de la nuit les mercredi 5 et jeudi 6 juillet 2023. C’est une étrange structure qui attendra alors le public du parc du Thabor de Rennes : un trampoline incliné fait en filet de pêche transpercé d’une échelle… Entre cirque et danse, la création inspirée du mythe d’Icare se révèle le prolongement de l’essence de la compagnie.

Vous a-t-on déjà raconté le mythe d’Icare ? Jouissant de sa puissance aérienne avec ses ailes faites de plumes et de cire, le fils de l’architecte athénien Dédale et de Naupacté, une esclave crétoise se pensait l’égal des oiseaux. Mais pour avoir volé trop près du soleil, le jeune garçon meurt et est précipité dans la mer qui porte aujourd’hui son nom… Telle est la source du spectacle Le poids des nuages de Damien Droin que le public rennais aura l’occasion de découvrir, dans le cadre du festival Les Tombées de la nuit, les 5 et 6 juillet 2023.

damien droin
Damien Droin

Le goût du cirque de Damien Droin, directeur artistique de la compagnie Hors Surfaces, lui vient de son père acrobate qui l’a fait monter sur scène dès ses 5 ans. Le circassien a ensuite découvert le trampoline et la voltige avec la compétition. « C’était tout un champ de voltige qui s’ouvrait et qu’on ne pouvait pas avoir avec le sol », déclare Damien Droin, passionné depuis toujours par ce temps en suspension. Il ira jusqu’au niveau national avant de s’orienter vers le cirque en entrant à l’École nationale des arts du cirque (ENAC), en spécialité trampoline, à 16 ans. C’est à ce moment-là qu’il commence à s’intéresser à la danse.

Au centre national des arts du cirque (CNAC) à Chalon-sur-Saône, une blessure au dos l’oblige à mettre le trampoline de côté, il expérimente alors le fil puis le funambule. Arrivé dans sa pratique un peu par hasard, ce dernier se mélange à sa pratique du trampoline jusqu’à devenir un des acteurs principaux d’un langage à la frontière entre voltige et suspension. « Je voulais prendre de plus en plus de hauteur sur le fil donc j’ai mis un trampoline en dessous pour que ce soit moins dangereux », se souvient le voltigeur. « Le fait de pouvoir tomber et remonter grâce au trampoline m’a permis de jouer avec ces allers-retours. » La limite spatiale qu’impose le trampoline de compétition l’amène à casser le cadre et à penser un appareil qui répondrait à ses envies d’élévation. De ses réflexions naît l’acronet, un agrès de 10 m en filet de pêche à la crevette glané dans des usines qui réunit la danse, la voltige et la suspension, visuellement épuré.

poids des nuages damien droin

Aux expériences d’interprète qui prolongent généralement la sortie des études, Damien Droin préfère créer la compagnie Hors Surfaces, où il alterne création en salle et création en espace public. « Le rapport au public est différent. L’espace public permet une proximité et un échange là où une salle de théâtre met une distance tout en permettant un travail esthétique qui me plaît énormément, notamment le travail de la lumière. » Épaulé par son père à ses débuts, le circassien imagine tout un tas d’univers à commencer par Tetraktys pour la salle, et Boat pour l’espace public. Cette dernière est une adaptation du poème Le Bateau ivre d’Arthur Rimbaud, d’ailleurs jouée aux Tombées de la nuit en 2014. Là où son père lui a insufflé la passion circassienne, sa mère, conteuse, lui a donné le goût des histoires. Ces univers captivants ont développé un imaginaire aujourd’hui au service de ses créations, à l’instar du spectacle Le poids des nuages, inspiré par la symbolique du mythe d’Icare, métaphore pour décrire les dangers du désir excessif et de la désobéissance…

Entre ciel et terre, Le poids des nuages est un travail autour de la verticalité et sur la quête absolue de toujours vouloir aller vers le haut. « Contrairement au mythe d’Icare où il est question d’une seule personne, j’avais envie de proposer une réadaptation à deux dans laquelle on se rend compte que la relation est plus importante que l’objectif, que le chemin est plus important que le point d’arrivée », explique le directeur artistique. « L’un va empêcher que l’autre brûle les ailes en essayant de monter trop haut. »

« Pour moi, le trampoline raconte énormément de l’humain dans sa capacité à insister et à recommencer. »

Chaque création est une occasion de requestionner son agrès et de se challenger avec un agrès qu’il connaît sur le bout des doigts dans sa forme originelle. Le poids des nuages ne fait pas exception. « Toutes mes créations commencent par une intuition assez forte, comme le titre et cette idée de verticalité qui perce la toile pour Le poids des nuages. » Une échelle, objet universel, transperce ainsi le filet et les emmènera vers les nuages. « La première fois, je me suis trompé, je n’ai pas fait le trou au centre… », avoue-t-il dans un rire. « Mon erreur m’a permis de voir que je devais incliner le trampoline. Le fait d’avoir décalé le trou permet plus d’espace à l’avant-scène pour prendre de la hauteur alors que s’il avait été au centre, le trou aurait créé une déperdition et nous aurait attirés. C’est ce que j’appelle des hasards merveilleux. »

Au-delà d’une prouesse circassienne, Le poids des nuages est l’expérience visuelle d’une création transdisciplinaire dans laquelle cirque, danse et musique s’élèvent en symbiose. « La danse m’a appris tout ce travail d’un corps relâché en l’air où on ne voit plus du tout la tension musculaire et l’énergie que le trampoline nécessite », nous apprend-il. « En changeant l’état de corps en l’air, ça donne une autre perception au public qui a l’impression que je reste beaucoup plus de temps en l’air que la normale. »

Au-delà d’avoir inspiré la pièce, le mythe d’Icare parle aussi des interrogations d’une compagnie qui aspire à questionner le réel. « Tetraktys parlait déjà d’élévation. » C’est faire le constat d’une société qui veut toujours plus et se demander ce qu’on met de côté, jusqu’où on peut aller pour l’ascension et ce qu’il se passe une fois au sommet… Le poids des nuages, c’est justement l’histoire de deux personnages qui abandonnent cette quête de l’élévation. « Des parallèles peuvent se faire entre ce mythe et le monde contemporain et de la surconsommation », affirme le circassien. « C’est toucher les gens avec une poésie, mais c’est aussi questionner la création et y donner du sens. » Sans oublier la petite absurdité des personnages qui donne un ton décalé à la pièce qui réjouira certainement le public. Prêt à s’envoler avec Damien Droin ?

Parc du Thabor, Carré Duguesclin, Rennes

Mercredi 5 Juillet 2023 : 15:00 > 15:25 / 19:30 > 19:55

Jeudi 6 Juillet 2023 : 17:00 > 17:25 / 19:30 > 19:55

 Parc du Thabor, Carré Duguesclin, Rennes (25 min) Gratuit, tout public

 Métro ligne A : République • Bus 44, C3 : Arrêt place Pasteur

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