Portrait inédit de l’un des cinéastes les plus mystérieux de notre temps le film documentaire DAVID LYNCH : THE ART LIFE est un voyage intime rythmé par le récit en abysse qu’il fait de ses jeunes années. Associant les œuvres plastiques et musicales de David Lynch à ses expériences personnelles les plus marquantes le film lève un coin de voile sur les zones inexplorées d’un univers artistique et créatif total et totalement vivant.

 

 

DAVID LYNCHL’expression the art life n’est jamais traduite dans les sous-titres… La définition qu’en donne David Lynch ? « Boire des cafés en fumant des cigarettes et en peignant ». Ses admirateurs le savent, le réalisateur n’aime guère les interviews tout comme il n’aime guère parler de ses films, les commenter, les expliquer. Il ne le fait pas, pas plus qu’il ne le fait à propos de sa musique, de ses photos, ou de sa peinture. Pourtant, David Lynch : the art life est bien un film sur la vie de l’artiste avant sa fracassante et fascinante entrée dans le monde du 7e art. Lorsqu’on demande au créateur du phénomène Twin Peaks (dont la troisième saison débutera le 21 mai 2017) ce qu’il est : réalisateur ou peintre ? Il répond peintre sans coup férir. The art life est donc une forme de complément au documentaire Lynch (sortie en France sous le nom Lynch : one) réalisé en 2007 et qui proposait avant tout une plongée dans l’aspect cinématographique de l’univers créatif de Lynch (tourné durant deux ans pendant la réalisation de Inland Empire).

DAVID LYNCHIci ce sont les années d’enfances et d’apprentissage qui sont évoquées. Les images d’archives du réalisateur et de sa famille se mêlent à des scènes tournées dans l’atelier de Lynch, dans sa maison située sur les collines qui surplombent Hollywood. Intimistes, plus qu’intimes, ces scènes ne tombent jamais dans le voyeurisme même lorsque Lynch est filmé avec sa toute jeune fille (auquel le film est dédié). À chaque fois il n’est question que de création, de partage et d’inventivité, simple, solaire. David Lynch, quelque soit la complexité, ou l’impression de malaise qui ressort de ses œuvres est un homme heureux, bienheureux de côtoyer quotidiennement la liberté créatrice, de la préserver à force de travail acharné. L’artiste bricole son univers, pétrisseur de matière et de mondes insondables, il contemple, peaufine, malaxe, reprend et créé en fumant des cigarettes…

DAVID LYNCHMais surtout il raconte (à deux très brefs moments seulement nous voyons Lynch parler). Il peint et dépeint sa vie, les années écoulées avec un talent rare. Les faits et les anecdotes qu’il accepte de livrer portent sa patte. Cette histoire qu’il narre et dévoile c’est l’histoire à travers sa vision, son interprétation. Elle est véridique, car elle fait partie de son art. Alors ? Un énième film superfétatoire de fans ? Certes, il faut vraiment aimer David Lynch, son œuvre et sa manière pour rester attentif, pour scruter, capter les éléments éclairants sur une œuvre pleine de doubles, de troubles et de ténèbres éclairantes… David Lynch : The art life n’en demeure pas moins un film de grande qualité parfaitement réalisé en ceci qu’il transmet la sensation qu’il convoque. À savoir ici : la paix, l’apaisement qui découle du combat perpétuel, le travail toujours inachevé de l’art. Ce film met en lumière, sans artifices, sans poses, la manière dont un artiste créé sa vie et son œuvre (et il n’est pas de plus grand guide dans le monde des images que celui qui s’ignore), cette qualité paradoxale qui rend la vie belle, le monde vivable, lui donne une valeur quand bien même (et plus encore, peut-être) les œuvres sont torturées, lorsqu’elles invoquent pour y échapper le mal tortueux qui semble ronger toute vie qui n’est pas orientée par l’esprit de l’art, par the art life. 

David Lynch : The art life est un film documentaire de Jon Nguyen, Rick Barnes (XVII) et Olivia Neergaard-Holm sortie en salle le 15 février 2017.

JON NGUYEN : Réalisateur et producteur américain vivant à Copenhague, Jon Nguyen est un fervent admirateur de David Lynch, qu’il suit et filme depuis plusieurs années. Il réalise le documentaire « Behind the scenes » pendant le tournage de « Inland Empire » en 2005.
Il collabore par la suite au documentaire « Lynch » avant de produire « The Interview
Project » pour l’Allemagne. Avec « David Lynch : The Art Life », il boucle une trilogie
sur le maître.
OLIVIA NEERGAARD-HOLM : Diplômée de la National Danish Film School, Olivia Neergaard-Holm a travaillécomme monteuse sur de nombreux projets danois et internationaux : documentaires,clips musicaux, films publicitaires et longs-métrages de fiction. Son premier essai à l’écriture est un succès puisqu’elle signe en 2015 le scénario de « Victoria » de
Sebastian Schipper. Avec les différents matériels à sa disposition, c’est un atypique
travail de montage qu’elle effectue pour « David Lynch : The Art Life ».

LISTE TECHNIQUE
Réalisation : Jon Nguyen, Rick Barnes, Olivia Neergaard-Holm
Producteurs : Jon Nguyen, Jason S., Sabrina Sutherland
Co-producteur : Marina Girard-Muttelet
Directeur de la photographie : Jason S.
Montage : Olivia Neergaard-Holm
Musique : Jonatan Bengta, David Lynch
Montage son : Philip Nicolai Flindt
Distribution POTEMKINE FILMS

Article précédentMAROC. Le SAHARA fête les cultures nomades du monde
Article suivantFilm, Marcel Proust apparaît dans la vidéo d’un mariage de 1904 !
Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici