Georges Guitton a publié Rennes, de Chateaubriand au Père Ubu aux Presses Universitaires de Rennes, fin 2023. À travers une enquête historique et documentaire, l’ouvrage aborde la relation qu’ont entretenue de célèbres auteurs français du XIXe siècle avec la capitale bretonne, après un premier volet sur des écrivains du XXe. La rédaction a sélectionné quatre d’entre eux et vous propose aujourd’hui de découvrir une histoire insolite avec Gustave Flaubert… 

En juillet 1847, l’auteur de Madame Bovary, Gustave Flaubert, alors âgé de 25 ans, effectue un voyage autour de la Bretagne avec Maxime Du Camp. Il séjourne vingt-quatre heures à Rennes et ce qu’il évoque de plus intéressant à la ville au moment de ce court arrêt est pour le moins cocasse : un phoque forain. 

Gustave Flaubert Nadar

Rennes n’est ni plus ni moins qu’une étape sur l’itinéraire breton du voyageur qui, de surplus, déteste les villes. « La capitale bretonne, avec ses rues coupées au cordeau depuis la reconstruction qui a suivi le grand incendie de 1720, ne convient pas à son âme bohémienne attirée par les vieilles cités aux rues malpropres et tortueuses ». D’ailleurs, Georges Guitton rappelle les lignes provocatrices de Flaubert : « Voilà ce que nous vîmes à Rennes. Quand le phoque n’y sera plus, qu’y aura-t-il à voir ». 

manuscrit flaubert rennes phoque
Le manuscrit de Flaubert où l’on discerne la phrase « à Rennes, rien que le phoque »

Les deux amis voyageurs arrivent à Rennes le 17 juillet 1847 et logent à l’Hôtel de la Corne de Cerf dans l’actuelle rue Victor Hugo percée « au-dessus des ruines de l’ancien couvent des Cordeliers afin d’offrir une entrée triomphale aux voyageurs arrivant de Paris ».

 

10 rue victor hugo hôtel corne de cerf
L’ancien Hôtel de la Corne de Cerf était situé 10, rue Victor Hugo

Pendant leur visite de la capitale bretonne, les deux amis entrent dans un fourgon de foire sur le Champs-de-Mars, aujourd’hui esplanade de Gaulle. Là-bas, un phoque, nommé Neit-Soak, face aux foules. L’exhibition est un désastre selon l’écrivain, affecté par la souffrance de l’animal. Suite à cet événement, Georges Guitton ne manque pas de mentionner une lettre de Flaubert à sa maîtresse, Louise Colet (lettre du 3 novembre 1851), où celui-ci dit « J’ai grande envie de devenir phoque », mais un phoque libre et paisible… 

Finalement, lorsqu’il cherche à retranscrire le récit de son voyage en écrivant Par les champs et par les grèves, il peine à écrire son passage en Bretagne. « Il lui faut six mois pour venir à bout de quatre chapitres du récit de Bretagne », rapporte Georges Guitton. « Passé le jour de l’an 1848, il voit la fin. Il ne lui reste à écrire que la petite scène du phoque. Elle est sa chute, elle est sa récompense ». 

De chateaubriand au père ubu, georges guitton rennes

Georges Guitton, Rennes, De Chateaubriand au Père Ubu, préface de Pascal Ory, octobre 2023, 20€,

Achat disponible sur le site des Presses Universitaires de Rennes ou en librairie.  

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