Vous pensiez à une blague genre 1er avril… Non, la pénurie de beurre se fait bel et bien ressentir en Bretagne (plus qu’ailleurs où l’on cuisine avec de l’huile d’olive ou des graisses végétales). Tout le monde le sait : les spécialités culinaires beurrées en Bretagne sont un élément essentiel de notre vie quotidienne et de notre patrimoine. Si l’interdiction de la galette-saucisse n’avait été qu’un poisson d’avril potache, la pénurie de beurre, elle, est bien réelle !

Pénurie de Beurre
Un Breton qui conserve son humour : mais pour combien de temps encore ?

Les consommateurs n’avaient pas été informés de cette future pénurie ou n’y croyaient pas vraiment malgré les signaux d’alerte des professionnels du secteur. Pourtant, elle est bien là ! La pénurie de beurre n’échappe plus à personne ; c’est devant des rayons désespérément vides que l’on peut lire avec effroi :

« Suite à une pénurie de matière première, nos fournisseurs ne sont pas en mesure de nous livrer la marchandise commandée. Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée. »

Malgré les propos rassurants du ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, interrogé par Sud Radio, pour lequel la pénurie « ne va pas durer », rien n’est moins sûr. Les Bretons commencent à s’inquiéter du prix des Kouign-amann et autres crêpes.

La crise est plus complexe et devrait durer au moins jusqu’aux fêtes de fin d’année.

estime Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques de l’Association de la transformation laitière française (Atla), qui défend les intérêts des industriels de la filière laitière française. Ces derniers assurent avoir prévenu, il y a six mois déjà, des risques de pénurie à venir. En juin, les professionnels de la boulangerie-pâtisserie-viennoiserie s’inquiétaient déjà des difficultés à commander les quantités de beurre dont ils ont besoin pour concevoir leurs produits.

Pénurie de Beurre

Diverses raisons ont mené à cette pénurie : une forte demande mondiale, les États-Unis par exemple ont réhabilité le beurre et ses bienfaits entraînant une hausse de sa consommation. Les Asiatiques quant à eux apprécient beaucoup nos viennoiseries, au beurre naturellement. Ils achètent également beaucoup de lait pour en faire de la poudre pour les nourrissons et ont même inauguré en 2016 l’usine Synutra à Carhaix, dans le Finistère, avec une production exclusivement dédiée à l’export. D’après La Tribune, les exportations de lait et de crème français ont enregistré une hausse record de 323 %, et l’exportation de beurre a augmenté de 46 % entre janvier et août 2016 vers la Chine.

Selon Dominique Chargé, le président de la fédération nationale des entreprises de viennoiseries : « le beurre est devenu un produit plébiscité par les consommateurs occidentaux, mais aussi dans les pays émergents où il est devenu synonyme de richesse. Avec une tendance perceptible depuis 4 ou 5 ans. De plus, la production de fromage, qui absorbe une partie de la matière grasse du lait, progresse. »

S’ajoute à cela une baisse de la production de lait : la collecte de lait a baissé de plus de 2 % en 2016. Les effets d’une mauvaise récolte de fourrage (et donc des vaches produisant moins) mais également parce que les fabricants de produits laitiers ont privilégié le fromage, plus rentable, au détriment du beurre (pour produire 1 kg de beurre, il faut 22 l de lait, pour 1 kg d’emmental, il faut 12 l de lait). Entre mars 2016 et septembre 2017, la tonne de beurre est ainsi passée de 2.500 euros à 7.000 euros, soit 180 % de hausse !

«

D’après l’Insee (2015), les Français sont les champions du monde de la consommation de beurre avec environ 8 kilos par an et par habitant, les Bretons et les Normands contribuant largement à cette moyenne nationale. La production de beurre est de 11 kilos par seconde en France, soit 338 000 tonnes par an (112 242 tonnes sont produites en Basse-Normandie, La Bretagne lui emboîte le pas (89 440 tonnes), puis c’est le tour des Pays de la Loire (53 064 tonnes), ce qui fait de la France le second producteur de beurre en Europe derrière l’Allemagne.

Pas de hausse de prix pour le moment:

Les grandes enseignes refusent d’augmenter le prix du beurre d’où sa raréfaction dans les rayons. La fixation du tarif consenti aux producteurs par les centrales d’achat est établie de façon annuelle et les enseignes ne veulent pas renégocier ce prix avant début 2018. Par conséquent les fournisseurs refusent désormais de leur en vendre. Pour le moment les négociations sont au point mort et le beurre est vendu au plus offrant.

Les négociations entre les fournisseurs et les enseignes vont débuter en novembre pour fixer le nouveau prix des matières premières. Le tarif du beurre, appliqué à partir de mars 2018, devrait donc prendre en compte la hausse des cours mondiaux.

Pénurie de Beurre

En attendant, il nous reste la possibilité d’acheter une baratte et de fabriquer notre propre beurre… en espérant qu’il n’y ait pas également une pénurie de sel…

En attendant, gardons le sens de l’humour avec ce court-métrage dont l’analyse du pseudo-scientifique est assez savoureuse :

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