Paru en 2013 sous forme de livre illustré de photographies, Lost in Fukuoka d’Audrey Guiller nous entraine au Japon à la rencontre de Fukuoka, ville d’un million d’habitants située au nord de l’île. Le livre se traduit aujourd’hui en une exposition. A découvrir au Jardin moderne.

Audrey Guiller Lost in Fukuoka

Audrey Guiller a vécu trois mois au Japon. 91 jours où elle a arpenté les rues de Fukuoka, afin de comprendre, observer l’étrange et l’intrigant. « Lorsque j’arrive dans un pays, j’aime poser des questions pour mieux comprendre. Seulement, je ne parle pas japonais et ils ne parlent pas anglais donc c’était un problème. J’ai rencontré Jean-Luc Azra, professeur à l’université Seinan-Gakuin à Fukuoka et il m’a proposé son aide : je prenais des photos de situations et il les décryptait. »

Audrey Guiller Lost in Fukuoka

L’idée d’un livre est venue par la suite. Les Éditions de Juillet propose une collection « Villes mobiles » qui associe un photographe et un auteur afin de mettre en lumière une ville en particulier (Rome, Rabat, New York, Marseille…) « La photographie est en quelque sorte un point d’interrogation pour comprendre ce qui est gênant, étrange » précise Audrey Guiller.

Audrey Guiller Lost in Fukuoka

Lorsqu’elle  est arrivée au Japon, tous ses repères ont été chamboulés : affiches, alphabet, tout est différent et étranger ; « ils ont une façon de vivre complètement à l’opposée de la nôtre. Leur façon de se comporter en société, comment ils prennent soin d’eux, comment ils interagissent, tout est très éloigné de notre culture. » D’après Audrey Guiller, la troisième puissance économique mondiale trouve les Français très contestataires, nous aurions un avis sur tout alors qu’ils « vivent en harmonie. Ils pensent en groupe et sont toujours attentifs à ce que pensent les autres. Ils ont des vies très codifiées, tout est fait pour ne pas briser cette harmonie. »

Audrey Guiller Lost in Fukuoka

Pour Audrey Guiller, ce livre et cette exposition constituent une balade dans la ville qui offre un point de vue autre que touristique. « Comprendre la vie des Japonais au-delà des clichés. J’ai découvert et compris une nouvelle façon de vivre. Ils ont différentes façons pour se ressourcer : ils boivent beaucoup de thé, font des microsiestes, déjeunent dans les parcs.»

Audrey Guiller Lost in Fukuoka

Pour prendre ces photos, la journaliste a utilisé un smartphone. « C’était facile car là-bas, ils sont tous connectés à leurs téléphones donc nous sommes en quelque sorte invisibles. J’ai pris les photos de cette façon pour ne pas les gêner, mais aussi parce que je souhaitais prendre des instants sur le vif. » Les textes et les photographies fonctionnent ensemble ; un binôme qui nous permet une belle promenade dans les rues de Fukuoka, à la découverte du métro ou, encore, du festival de Yamakasa où des équipes d’hommes (les femmes sont exclues) font une course contre la montre en portant des chars de plusieurs milliers de livres sur le dos… Des instants de vie qu’Audrey Guiller n’a pas retouchés si ce n’est « avec des filtres, que j’ai choisis avec soin. »

Audrey Guiller Lost in Fukuoka

Exposer au Jardin moderne n’a pas été une décision prise au hasard. Audrey Guiller s’y rend souvent afin de répéter avec son groupe Nanda Devin. L’exposition, qui a d’abord pris place à Laval, prend un sens tout particulier pour la journaliste : « ce sont deux lieux familiers qui se superposent. »

Audrey Guiller Lost in Fukuoka

Aujourd’hui, si on lui demande si elle a fini par comprendre, elle répond par l’affirmative, « l’exposition permet de voir le livre en grand, cela me rappelle le temps que j’ai passé là-bas. » Audrey Guiller nous traduit ainsi sa translation.

Audrey Guiller Lost in Fukuoka
Audrey Guiller

Exposition Lost in Fukuoka, 8 novembre au 2 décembre 2017, Jardin moderne, Rennes

Audrey Guiller Lost in Fukuoka

Plus d’informations : http://3moiafukuoka.blogspot.fr/

Après des études de littérature et de journalisme, Audrey Guiller a commencé à travailler comme journaliste indépendante en 2005, en Bretagne. Elle aime croquer les gens avec des mots, des portraits bien léchés, des enquêtes sociales de terrain. Elle a publié « Agrippine la Jeune » chez Actes Sud junior en 2010. Chaque année, elle va voir ailleurs (Japon, Cap-Vert, Inde, Estonie, États-Unis…) et rapporte des instantanés de vie d’autres bouts du monde. En 2011, elle co-écrit avec la journaliste Nolwenn Weiler un livre-enquête Le viol, un crime presque ordinaire paru aux Éditions du Cherche-midi. Elle co-réalise avec Laurent Guizard des POM (Petites Œuvres Multimédias) et est, quand il lui reste du temps, batteur dans un groupe de rock féminin, Nanda Devi.

Le blog d’Audrey

Photos : Audrey Guiller sauf photo de Une : Laurent Guizard

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Camille Loré
Camille Loré est étudiante à l'Ecole Supérieure de Journalisme de Paris. Elle réalise son stage de webjournalisme à Unidivers.

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