À terrible époque, Enfants Terribles ! À tous ceux qui pensaient que le groupe rennais Columbine était un éphémère souffle neuf sur le rap français, le résultat d’un provincial ennui adolescent, le second album de ces jeunes gens décalés apporte une réponse sans compromis. La maturation ne contredit pas toujours la désillusion ; celle de la génération Columbine se joue avec une urgente élégance des codes et des savantes illusions.

Enfants terribles, enfants de Mesrine (Enfants Terribles)

ENFANTS TERRIBLESAprès avoir lentement mais surement décollé sur la toile, en particulier via You Tube, le collectif Columbine avait surpris ses nombreux et jeunes adeptes avec un premier album, Clubbing for Columbine, déroutant et très personnel. Puis l’un de leurs membres alors connus comme Larry Garcia a lancé son propre personnage de troll rappeur déjanté : Lorenzo. La sauce a si bien pris que le facétieux et autoproclamé Empereur du sale a bien failli éclipser le travail de ses petits camarades. Mais rien n’y fait et la bande des sept, qui se connaissent depuis le lycée (Bréquigny, section audiovisuelle), a continué à peaufiner les arcanes décalés de leur univers sardonique et coloré.

Sans lendemain, la fête n’a aucun sens (Rémi)

ENFANTS TERRIBLESMoins référentiels et plus électroniques (tirant vers le cloud rap), les 13 titres de l’album Enfants Terribles (référence croisée : Jean Cocteau ou Metal Gear ?) affirment les flows et l’écriture. Dès l’introduction, avec une surprenante production « rock » (planant, quasi psychédélique), Fireworks marque le chemin que Columbine entend arpenter (au mitan de l’album Temps électriques joue de la même esthétique). Toujours plus dégagés des codes et des manières du rap, les jeunes membres du groupe s’amusent sérieusement à les renverser, en jouer afin de proposer une poétique personnelle autant que générationnelle en multipliant les registres musicaux. Le titre Caméléon en est le « condensé » (6 minutes) le plus cinglant. Plus encore que sur Clubbing for Columbine, les textes suggèrent et appellent des images. Il est vrai que Columbine a parfaitement su comprendre l’importance de la vidéo et la puissance de YouTube pour promouvoir la création musicale. Bien sûr le fameux (et ironique) Vicomte aura fait beaucoup pour le buzz… Il n’en demeure pas moins que les véritables créations vidéos pour d’autres titres de leur premier album (Les Prélis, Fleur du Mal) attestent de cette volonté de ne pas limiter l’exercice du « clip » à une simple fonction d’illustration, mais de composer un univers authentique se développant à partir de ses propres codes. Pour cette nouvelle période, les vidéos de Rémi et plus encore de Talkie Walkie le démontrent à l’envi.

J’me sens comme un arc-en-ciel dans un trou noir (Temps électriques)

ENFANTS TERRIBLESUne nostalgie ontologique s’exprime dans le thème prépondérant de l’ennui, d’une époque si riche et si rapide que certains n’en saisissent que la superficialité morbide. Alors, mieux vaut faire, créer que subir et jouer avec les contorsions ambiguës du monde tel qu’il ne va pas. Quelle que soit l’originalité des projets, cette réalité demeure : l’expression esthétique du mal-être fait du bien.

Mamène, ils ont fait d’toi un monstre
Du collège au bendo, j’voulais une carrière de cinéma
Mais j’vais m’inhiber dans tes bras
À quoi bon être adulé par un public qu’on n’aime pas ? (College rules)

Le succès des quelques concerts assurés par Columbine ces dernières semaines illustre bien cette vérité. Leur récent concert à Rennes à L’Étage (co-produit par L’Ubu et L’Antipode – où ils avaient fait leurs premières armes scéniques, voir notre article) était rapidement complet. Là le collectif (avec l’apparition joyeuse de Lorenzo) a pu réjouir son public avec un set affirmé et flamboyant. Précédé par le DJ Www., super surprise mixant avec agilité rap et électro, Columbine, mêlant anciens et nouveaux sons, a su confirmer en live la voie assez unique et la vitalité de ses créations.

Album Enfants Terribles Columbine CD 13 titres, 10,99€

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Columbine en tournée, les dates :

  • Vendredi 19 Mai 2017, 20h30 À MARSEILLE (13), L’affranchi, complet.
  • Samedi 20 Mai 2017 20h30 COLUMBINE / BAVOOG AVERS À VENISSIEUX (69) Bizarre (Smac Venissieux), complet.
  • Mardi 30 Mai 2017 20h30 COLUMBINE À METZ (57) La Chapelle A Metz / Le Caveau Des Trinitaires, complet.
  • Vendredi 09 Juin 2017 20h30 COLUMBINE À LE HAVRE (76) Magic Mirrors Au Havre, 19.8 €
  • Samedi 10 Juin 2017 COLUMBINE À BRUXELLES (BELGIQUE)
    La Rotonde De Bruxelles (Le Botanique)
  • Jeudi 15 Juin 2017 20h30 COLUMBINE À NANTES (44) Stereolux / La Fabrique / Trempolino à Nantes, de 10 à 14.6€
  • Samedi 24 Juin 2017 18h00 COLUMBINE / TRYO / CHINESE MAN / RODRIGO Y GABRIELA / SMOKEY JOE & THE KID / THE UNDERACHIEVERS / SCARFINGER À MONTENDRE (17) Lac Baron Desqueyroux à Montendre
    Dans le cadre du festival FREE MUSIC, 33 €
  • Jeudi 26 Octobre 2017 21h00 COLUMBINE À BORDEAUX (33) Rock School Barbey, 19.8 €
  • Vendredi 27 Octobre 2017, 20h00, COLUMBINE À TOULOUSE (31) Metronum à Toulouse, 20 €
  • Samedi 25 Novembre 2017, 19h30, COLUMBINE À PARIS (75), Bataclan
    23 €
  • Jeudi 30 Novembre 2017, 20h00, COLUMBINE, À STRASBOURG (67), La Laiterie, 21.8 €
  • Samedi 02, Décembre 2017 21h00, COLUMBINE À NANCY (54) L’autre Canal de 17.8 à 22.9€
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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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