Dans le cadre d’Urbaines, ce festival qui n’en est pas un, la soirée Sabotage #2 réunissait à l’Antipode de Rennes, quelques figures marquantes du rap actuel. Un style, une musique, une scène qui ont connu ces dernières années, avec les nouvelles technologies et les nouveaux médias, des mutations difficiles à anticiper.

 

columbine rennesMoyenne d’âge de cette soirée du vendredi 5 février 2016 à l’Antipode : 16-17 ans ! Les quelques grisonnants sont soit de vrais inconditionnels des musiques actuelles soit des parents accompagnants. Pari gagné pour les organisateurs qui ont su donner carte blanche à deux phénomènes musicaux 2.0 : Columbine et Vald ! Pas simple pourtant de passer du studio, des vidéos et du buzz (1 818 789 vues sur You Tube pour Vicomte de Columbine) à la confrontation scénique.

Entre l’ironie et le énième degré très imagé du collectif rennais Columbine (toujours et joyeusement « top tendancieux ») et du pervers seigneur Vald la jeune rapeuse Lago aura eu bien du mal à imposer son flow et son show. Elle n’aura pourtant, durant le temps qui lui était imparti, jamais lâché l’affaire. Chauffant une audience famélique, et extrêmement féminine, après les agapes soniques anarchiques (et un brin machistes) de Columbine, elle n’hésite pas et affirme sa trap féminine de business woman de l’ombre avec ses deux sympathiques acolytes. Elle donne et attend de recevoir, elle descend dans le public clairsemé puis invite les premiers rangs adolescents à monter sur scène avec, paradoxalement, au vu de ses paroles crues et sans équivoque, une touchante empathie.  Rien n’y fait sa trap un peu surfaite ne galvanise que les conquis(es)…

columbine_urbaines_antipode_rennesCelles-ci et ceux-là étaient bien plus nombreux et transis pour se remuer et acclamer en première partie les régionaux de l’étape : le phénomène Columbine ! L’ensemble du public était clairement acquis aux délires verbaux et imagés du jeune collectif. Comme dans leur chanson Les prélis :

 

 

Sans prélis, ça rentre tout seul, comme sur l’trajet après les cours.

La foule compacte connaît par cœur les paroles,  ça saute, se trémousse et s’émeut malgré les ratés de la meute amassée sur scène. Personne ne s’offusque des nombreux playbacks vocaux et de l’essoufflement du flow. columbine_rennes_antipode_2K17Il faut bien admettre que, passant outre quelques faiblesses vocales et musicales, les membres de Columbine savent ambiancer grave avec une nonchalance aussi charmante que désarmante ! Tout passe, tout casse (la baraque), Columbine a  inventé un style/son style  et sait  le faire partager ! Ça pèse ! Dom Pérignon pour tous ! Entre les sons postés et clippés avec talent (la plupart des membres du collectif poursuivent des études de cinéma ou vidéo) et les titres de l’album Clubbing for Columbine (paru le 1er janvier 2016) la team Columbine déballe son show et son flow avec aisance dans une ambiance efficace et bon enfant. Entre rap, trap, r’n b et électro les productions sont simplifiées et maximisées pour la scène sur laquelle ça saute et ça danse autant que dans la salle.

vald_antipode_rennes_urbainesAvec l’arrivée de Vald sur la scène de L’Antipode l’ambiance ne retombe pas. Ironie, absurde glauque et décalage au millième degré, Vald enchaîne ses morceaux de bravoure entre humour noir et décontraction : Gizeh ; Par Toutatis ; Vie de cochon ; Promesse ; Urbanisme ou le très polémique Shoote un ministre. Bravache celui qu’on présente parfois comme le Eminem français organise une chorégraphie du public sur le potache Poisson avant d’enflammer l’audience avec son hit Selfie et de terminer en apothéose avec Bonjour. Soutenu sur scène par AD et  D.J Weedim Vald fidèle à son personnage neurasthénique et viral joue de son image et des mots, sur  des productions à haute teneur en basses. Petit bémol, précisément les sons submergent un peu trop souvent la voix.

Une soirée plus citadine qu’urbaine mais qui méritait hautement d’afficher complet si rapidement !

Urbaines Soirée Sabotage #2 Vald, Lago, Columbine vendredi 4 mars 2016 L’Antipode Rennes

Crédit photo : Martin Bertrand


(clip tourné au lycée Bréquigny à Rennes)

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Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

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