Bitnation : du nouveau sur la planète blockchain ? La plateforme Bitnation lancée en 2014 entend utiliser la technologie blockchain afin de créer un État virtuel et sans frontière. Une manière de gouverner à l’époque numérique, en somme. Ce projet, partiellement obscur, esquisse-t-il une révolution politique ? Présentation du programme de la Governance 2.0 : Bitnation ou The World’s First Virtual Nation !

 

BITNATIONLa technologie blockchain (voir notre article : Blockchain décryptée) va-t-elle changer le monde ? Cette technologie, appelée aussi chaîne de blocs, repose sur le principe de décentralisation : chaque ordinateur (et donc utilisateur) participe à une unique base de données, publique et transparente. Les valeurs visées demeurent les mêmes que pour Bitcoin : confiance, protection des données, sécurité du réseau, immuabilité de l’historique (voir notre article ici). L’élément le plus important repose sur l’absence d’intermédiaires. Prenons un exemple. Deux utilisateurs effectuent une transaction financière. Pour garantir la sûreté d’un tel échange, ces utilisateurs vont habituellement se tourner vers une tierce personne comme la banque. Celle-ci va donc tenir un registre pour assurer la fiabilité de la transaction. Avec la blockchain, la solution est résolue de manière technique : la confiance se trouve assurée par un algorithme déterminé. Les applications de la blockchain pouvaient s’avérer jusqu’à maintenant disruptives dans les domaines financiers, monétaires et bancaires. Avec le projet Bitnation, c’est désormais l’idée même d’État-nation et de gouvernance qui pourrait se trouver affectée.

Susan Tarkowski Tempelhof
Susan Tarkowski Tempelhof

Bitnation, ou selon ses propres termes, Governance 2.0. Le terme de gouvernance se définit, d’une façon générale, comme l’art de bien gouverner. L’idée de Bitnation, à l’origine, serait de créer un état décentralisé via la technologie blockchain. Toute l’idéologie libertarienne et crypto-anarchiste à laquelle Bitcoin et blockchain ont été rapprochés se retrouvent sans doute dans le projet Bitnation. La décentralisation et la dématérialisation, permises par la technologie, se réaliseraient grâce à la blockchain et donnent lieu, au sein de Bitnation, à une forme d’État excluant toute notion de frontières et de contrôle centralisé. Sa créatrice, Susanne Tarkowski Tempelhof, a fondé Bitnation en 2014 et rédigé sa propre constitution en 2016 au titre de la nation Pangea. Si l’on sait peu de choses de sa conceptrice, on peut toutefois noter qu’elle a travaillé auparavant dans le domaine du transhumanisme.  Bitnation, tout comme Ethereum, axe sa visibilité sur une posture mystique et quasiment messianique. Qu’en est-il vraiment de Bitnation ? Que propose véritablement ce projet ?

BITNATIONBitnation propose en premier lieu une « citoyenneté du monde » via la blockchain : tout un chacun peut obtenir une nationalité sur Bitnation et donc disposer de certains services comme le mariage ou l’acte de naissance. Le but ? Éliminer les intermédiaires étatiques, institutionnels et bureaucratiques. Bitnation a même mis en place, autour du monde, des ambassades et consulats. Sur le site, il est écrit : « Imagine always having a place to go, even in new countries, where you feel safe and can live and work with like-minded people » [Traduction de la rédaction : « Imaginez avoir toujours un endroit où aller, même dans de nouveaux pays, où vous vous sentez en sécurité et pouvez vivre et travailler avec des personnes qui ont les mêmes idées que vous »].

BITNATIONBien entendu, Bitnation dote ses « alliés » d’une carte de crédit Mastercard Bitcoin Bitnation (BDC), dans le but de pouvoir dépenser librement sans transiter par une banque traditionnelle. D’une manière encore obscure, Bitnation propose un réseau éducatif sous le nom Exosphère « une communauté d’apprentissage entrepreneuriale et un laboratoire de résolution de problèmes dont le siège est situé dans le secteur Reñaca de Viña del Mar, sur la côte Pacifique au Chili ». Si toutes ces fonctions de Bitnation demeurent extrêmement floues, notamment politiquement, sans doute le BRER (Bitnation Refugee Emergency Response, c’est-à-dire la réponse d’urgence Bitnation pour les réfugiés) peut-il s’avérer efficient. Ce projet d’aide humanitaire entend « faciliter et fournir des services d’urgence et de l’aide humanitaire aux réfugiés pendant la crise européenne des réfugiés ». La technologie blockchain permettrait de valider et authentifier l’identification des réfugiés et de leur fournir la localisation des services nécessaires ainsi que la possibilité d’un système de paiement en Bitcoin. Bitnation gagne cependant en notoriété : l’Estonie a signé un partenariat entre la plateforme et son programme d’e-résidence : les e-résidents estoniens peuvent acquérir une nationalité numérique via les outils de Bitnation. Ce que donnera Bitnation dans le futur ? À voir. Le site internet précise tout de même : « We want to talk to you if you have a plan to radically disrupt the world » [Traduction de la rédaction : « Nous voulons parler avec vous si vous avez un plan pour disrupter radicalement le monde »].

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