Adieu ! est né de la rencontre entre Yann Lheureux et Patrice de Bénédetti. Cette performance de trois-quarts d’heure était donnée à Rennes le 5 novembre sur la pelouse centrale des Prairies Saint-Martin côté Capitainerie. Si notre rédaction porte une attention très favorable au travail artistique de Patrice de Bénédetti (voir nos articles connexes ci-dessous), cet adieu nous a semblé moins talentueux que les précédentes performances.

« Deux hommes, une brouette et la mort. Nous sommes toujours saisis, stupéfaits lors des cérémonies mortuaires Au moment où la mort l’emporte sur les vivants, souvent les restants empoignent la vie. Au travers leurs émotions, leurs rituels, leurs mots presque silencieux, leurs derniers gestes adressés au défunt /disparu.Mais aussi se mélange aux célébrations la basse besogne, les choses factuelles auxquelles ceux qui restent doivent faire face. A leurs côtés, toujours ces hommes et femmes qui accompagnent, facilitent et veillent au bon déroulement de ce moment rituel. Une recherche sur la place des vivants dans le processus de deuil. En mettant la focale sur les oubliés, les travailleurs de la mort. Une forme simple épurée, un duo de « fossoyeurs/ jardiniers » qui racontent d’un point de vue extérieur ce qui se joue entre les vivants quand la mort advient. Entre mots et mouvements ces deux hommes charrient à leur manière des questions, des souvenirs, des souhaits, des utopies, de la terre aussi. »

Adieu duo Patrice de Bénédetti Yann Lheureux

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Le spectacle Adieu a débuté vers 18h30 dans une belle nuit froide.

Après une longue introduction silencieuse d’un bon quart d’heure où émerge – à travers une composition de rapports gestuels entre deux hommes, des tombes, une brouette et des fleurs – un contexte référentiel ritualisé de la mort, une contre-oraison funèbre illustrée, la parole déchire le silence.

Le spectateur comprend que l’un (Bénédetti) est obsédé par la perte d’un père disparu alors que naissait enfin une relation avec son fils ; il va tenter de s’en libérer. L’autre (Yann Lheureux) interroge l’image de soi et l’égalité des uns et des autres devant la mort ; ce(ux) qui reste(nt), ce(ux) qui part(ent). Durant un bon quart d’heure…avant qu’une conclusion ne vienne suggérer un adieu aux adieux. Dans la nuit, ce n’est pas clair… Dans la nuit, tous les morts sont gris.

Pour adhérer à ce spectacle-performance, il faut se laisser porter par la forme que dessine le duo : loin d’une démonstration, il s’agit plutôt d’un assemblage de pages douloureuses arrachées à des vivants en peine. Pour autant, les enjeux et le déroulé déplient une cohérence plutôt obscure qui peine à captiver le public.

Malgré la tentative louable et chère à Bénédetti de faire affleurer un matière psychique brute et vraie, la seule authentique émotion qui fit résonner ce ciel de nuit d’automne fut le fait à 19h des cloches vespérales de l’église Saint-Martin. Un Adieu qui mériterait d’être reformulé au risque de disparaître.

Adieu duo Patrice de Bénédetti Yann Lheureux

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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