Vue sur mère : un drame de Caroline Grimm. Adèle et Aurélien, deux jeunes gens qui travaillent et vivent sur la côte basque tombent amoureux. Jusque-là rien de très anormal ; ce sont des choses qui arrivent. Aurélien est passionné de surf, Adèle de son côté a ses amis et essaie de leur consacrer du temps comme elle peut.

Caroline Grimm Vue sur mère

Un jour, les deux tourtereaux décident de se marier et bientôt, la petite Rose vient ravir la vie de ce jeune couple. Tout pourrait aller au mieux dans le meilleur des mondes si le passé de l’un comme de l’autre ne revenait pas régulièrement les hanter comme un boomerang…

Si Adèle s’occupe de son père qui donne des signes de faiblesse, elle n’a jamais connu sa mère, partie un jour en l’abandonnant. Du côté d’Adrien, c’est Maïté, mère d’adoption et deuxième épouse de son père qui lui a transmis toute l’affection possible. D’ailleurs il la considère comme « sa » mère, tellement cette femme, au caractère bien trempé, est attachée à son bien-être. Ainsi Adèle et Aurélien ont dû se construire de la sorte. Avec l’amour des leurs, mais aussi l’absence d’une mère. La présence de Rose les pousse à réfléchir à leurs origines. Aux vérités qu’ils pourraient devoir aborder quand la petite commencera à poser certaines questions, d’ailleurs n’a-t-elle pas déjà commencé ?

Sans avertir Aurélien, Adèle part à la recherche de sa mère, ce fantôme qui finit par la miner, contre l’avis de son père qui ne veut pas en entendre parler : une certaine Marie. Elle va se faire aider par une amie qui est en lien avec les médias. Mais peut-être cette femme est-elle morte puisque visiblement elle a disparu de tous les écrans radars depuis longtemps ? Au bout de quelques mois, elle parvient à la retrouver et la prise de contact s’accomplit via une radio nationale. Ce pourrait être voyeur, mais Adèle éprouve tant le besoin de vérité qu’elle finit par accepter.

Et les lectrices, les lecteurs de découvrir comment et pourquoi cette mère a laissé son enfant en d’autres temps.

De son côté, l’affaire titille Aurélien, qui, à son tour, va vouloir savoir qui est cette mère qui a disparu de sa vie quelques heures seulement après sa naissance…

Et l’impensable va s’écrire page après page…

Caroline Grimm a multiplié les prises de risques en tentant ce roman : le risque de tomber dans une sorte de pathos, ce n’est pas le cas ; le risque d’aborder un tabou avec un grand T, ce n’est pas le cas ; le risque de heurter la « bonne » morale religieuse, ce n’est pas le cas. Par la pudeur, par l’authenticité, par la réflexion et par une immense humanité, elle nous propose un texte à la thématique singulière cependant douloureuse et qui soulève bien des questions éthiques. Et par une audace de toutes les pages. Ces personnages présentent des reliefs intéressants et avancent dans la vie, entre hauts et bas, avec bon sens malgré certaines erreurs (mais après tout, l’erreur est humaine) ; au bout du compte, faut-il se fier à la raison, à la force des sentiments ou à certains compromis ?

Un roman captivant qui force l’admiration et le respect !

Caroline Grimm, Vue sur mère, Paris, Éditions Héloïse d’Ormesson, 240 pages. Parution : 11 avril 2019. Prix : 18,00 €.

Caroline Grimm Vue sur mère
Crédit : Astrid di Crollalanza – Flammarion

Scénariste, comédienne et réalisatrice, Caroline Grimm est également l’auteur de Moi, Olympe de Gouges, adapté au théâtre avec succès, et de Churchill m’a menti, roman salué par la critique.

Christophe Maris
Christophe Maris est journaliste et écrivain, agrégé de Lettres modernes. Il collabore à plusieurs émissions de TV et radio et conçoit des magazines pour l'enseignement où il a oeuvré une quinzaine d'années en qualité de professeur de lettres, d'histoire et de communication.

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