Corentin gère depuis plus d’un an et demi le compte Twitter Le vélo n’existe pas. Sur celui-ci, il filme les automobilistes coupables d’une infraction au Code de la route mettant en danger sa vie de cycliste dans Rennes. Il est suivi aujourd’hui par plus de 2000 abonnés, dont la métropole et la police nationale du département.

Le vélo n'existe pas
Corentin est père de famille et effectue quotidiennement tous ses trajets à vélo. Qu’il pleuve ou qu’il vente, peu importe. Il est bien équipé.

« Juste un kilomètre à vélo c’est dangereux », décrit Corentin. Alors, il a créé la page Twitter Le vélo n’existe pas. Lancé en avril 2017, le cycliste est suivi par plus de 2300 personnes. « Le peu de chemin que j’avais à parcourir était dangereux. J’ai donc décidé d’acheter une caméra pour répertorier les accrochages ». Ses trajets sont ensuite partagés sur sa page quand il a subi un risque important d’accident.

Heureusement, tous les chemins ne sont pas dangereux comme celui de Corentin, ce qui explique la hausse de popularité du vélo en ville. « Le trajet du cycliste influence sa vision à propos du partage de la route. Par exemple, autour de la plaine de Baud, c’est agréable et bien aménagé. Mais il reste du travail pour que ça soit le cas partout dans la ville », confie Corentin. « Quand le risque d’accident se répète sur un lieu, cela permet de faire remonter les problèmes d’infrastructures ». En effet, le compte Twitter de Corentin est suivi de près par Sylviane Rault, adjointe aux transports à la ville de Rennes. Il a d’ailleurs déjà pu échanger avec elle. « Oui, j’ai eu un retour de la métropole. Ils réaménagent les rues quand c’est possible ». Le but du cycliste est de « donner son témoignage sur la situation du vélo en ville » parmi les nombreux autres comptes Twitter dénonçant par le même procédé les maladresses des automobilistes.

« Je voulais avoir un point de vue indépendant. celui d’un cycliste lambda allant à vélo chaque jour »

Le vélo n'existe pas
La ville a commencé à sécuriser quelques routes. Corentin en souhaite davantage : « Le conflit entre voitures et vélos ne se rétablira pas sans infrastructure et voies protégées ».

Parmi ses inspirations, la page 50 euros. « C’est lui qui m’a donné l’idée de créer ce compte Twitter. Je suis souvent en relation avec d’autres pages en retweetant leurs vidéos, leurs photos ou leurs actions », explique Corentin. Dans ses vidéos, filmées par la petite caméra située sous le guidon de son vélo, la plaque d’immatriculation n’est pas floutée. Sa diffusion est légale. Mais encore faut-il que le fautif soit prévenu de la présence de la caméra en cas d’accident !

Le but de ces vidéos n’est pas de poursuivre les conducteurs. Pourtant, en cas de contact avec le vélo, le délit de fuite est très fréquent chez les automobilistes. Si le cycliste parvient à rattraper le fuyard, rares sont les constats qui sont effectués et les poursuites engagées, et ce malgré le suivi par la police nationale du département.

Le vélo n'existe pas
Le compte 50_euros, colle des autocollants sur les véhicules ne respectant pas les voies cyclables ou les parkings à vélo. Plutôt radical…

Vide juridique pour les cyclistes

À cet instant, la justice rentre donc en scène. La loi Badinter, datant de 1985 et revue en 2010, énonce que les automobilistes doivent une indemnité au cycliste en cas de dégât physique. Et ce, même si ce dernier grille un feu rouge ou une priorité. Ce qui ne va pas calmer la guerre entre voitures et bicyclettes. « Les vélos qui font n’importe quoi, c’est leur problème. Mais cela donne une mauvaise image », déplore Corentin. Cependant, cette même loi ne prévoit pas d’indemnisation en cas de dégâts matériels, souvent la preuve d’une infraction au Code de la route. « Il y a un sentiment d’injustice et d’impunité. La vidéo permet de rétablir cette justice. On se sent mieux après l’avoir postée », confie Corentin.

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