Comme la rédaction d’Unidivers l’avait révélé le 9 février 2018*, la SCOP Parcheminerie (Société coopérative et participative) a souhaité récupérer le théâtre de la Parcheminerie sis dans le centre-ville de Rennes. Et ce, malgré le souhait de la Ville de Rennes de poursuivre au Théâtre de la Parcheminerie le projet culturel de lieu partagé, engagé depuis près de trois ans avec les associations Lillico et Comptoir du Doc. Etat des lieux.

La SCOP Parcheminerie possède un croquignolet théâtre situé en plein centre-ville de Rennes. Il est devenu au fil du temps un exemple notoire de l’argent public mal utilisé (ou trop bien, estimeront certains). En l’espèce, la Parcheminerie est une propriété privée gérée par une ancienne salariée du TNB qui est l’épouse de l’ancien directeur délégué du Théâtre national de Bretagne, Laurent Parigot. Le TNB a versé à cette société durant des années un loyer mensuel d’environ 2750 euros tout en réservant l’utilisation du théâtre à des acteurs proches de la direction du TNB et, ce faisant, en le condamnant à une sous-activité annuelle chronique alors même que l’argent public servait à le louer et à l’entretenir. Ce qui était devenu une situation scandaleuse pour beaucoup (mais pas aux yeux de l’ancienne direction du TNB) devait connaître une évolution notable au mois de mai 2015 : la mairie reprit la main sur la gestion de ce lieu afin de l’ouvrir toute l’année au plus grand nombre. Entrent ici Lillico et Comptoir du Doc.

Mais bim bam boum patatras : le bail locatif qui unit la Ville de Rennes au Théâtre de la Parcheminerie prend fin le 31 décembre 2018. Si la mairie a tenté de négocier le renouvellement de la location durant l’automne 2017, elle n’aura pas pu résister aux exigences immodérées (notamment en matière de financement de la nécessaire mise aux normes du lieu) de ladite SCOP. Laquelle aura fait – pour le moins – un très bon investissement locatif durant des années. Certes, au vu des avantages, voire des privilèges, dont a joui la SCOP de la Parcheminerie durant les grands ors du TNB, on aurait espéré un geste de cette dernière en faveur du maintien d’un projet culturel public. Mais si la culture enrichit, ce n’est pas dans le même sens pour tout le monde.

Dans ce contexte, la Ville de Rennes recherche pour et avec chacune des deux associations, Lillico et Comptoir du Doc, de nouveaux locaux à compter du 1er janvier 2019. Les discussions sont en cours et doivent permettre aux deux associations de continuer à mener leurs activités et à développer leurs projets dans les meilleures conditions.

marmaille

→ L’association Lillico structure de production, de diffusion, de ressources et d’actions culturelles jeune public – a pour objet de promouvoir l’éveil artistique pour l’enfance et la famille, de participer au soutien et à l’encouragement des métiers des arts du spectacle vivant, d’œuvrer pour l’accès à la culture pour tous, de diffuser et soutenir la création des arts du spectacle vivant.

Depuis sa création (2012), elle a repris le projet artistique du Théâtre Lillico né en 1988, et s’engage aux côtés des artistes pour soutenir et pérenniser la création jeune public en Bretagne à travers différents niveaux de soutien : résidences de création en milieu scolaire ou sur plateau, regards extérieurs, coproductions, compagnonnage à long terme (compagnies nées au sein de Lillico), festival Marmaille pour jeune et très jeune public.

rennes comptoir du doc parcheminerie

→ L’association Comptoir du doc assure, depuis près de 20 ans, la promotion et la diffusion du film documentaire par la recherche et l’exposition de films rares, dans un souci permanent de diversité des publics. Chaque année, l’association propose, à Rennes et sur toute la Métropole plus d’une centaine de séances de projections, une vingtaine d’ateliers, reçoit de nombreux cinéastes (ou autres professionnels), investit une soixantaine de lieux et mobilise autant de partenaires, réunissant ainsi environ 10 000 spectateurs.

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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