Le samedi 16 juin de 15h à 22 h, le Triangle organise La Tablée Fantastique. Cette nouvelle rencontre festive et artistique est destinée à clôturer la saison en beauté : les habitants du Blosne sont conviés à se retrouver autour de danses et de victuailles. Présentation avec Charles-Édouard Fichet, son directeur.

Charles-Édouard Fichet

Unidivers : La Tablée Fantastique a-t-elle vocation à remplacer le festival Agitato qui clôture habituellement la saison et que vous n’organisez pas cette année ?

Charles-Édouard Fichet : Agitato sera de retour dès l’année prochaine ! La création de la Tablée fantastique ne le remplace pas, mais vient le compléter. Cette rencontre est le fruit d’une modification de rythme liée à plusieurs réalités. Agitato réunit traditionnellement diverses propositions artistiques, notamment les créations liées aux résidences du Triangle et les nouveautés du monde de la danse.

Le festival permet de les présenter d’une part au public amateur et d’autre part aux professionnels. Il a un beau succès auprès du grand public, mais son positionnement en juin interdisait pratiquement aux programmateurs de choisir des œuvres pour leurs programmations de l’année à venir. Nous avons donc fait cette année le choix d’une année « intercalaire », où nous ne faisons pas Agitato au sens strict du terme, mais où nous testons une autre forme de rassemblement.

Durant la saison prochaine, on retrouvera ainsi le festival Agitato avec la promotion et présentation des œuvres chorégraphiques en février. La Tablée fantastique devient le rendez-vous de fin de saison avec également une présence chorégraphique et artistique forte, mais sans l’intention de promouvoir les œuvres pour les vendre. Il y a aussi une raison conjoncturelle. La création de la Rambla devant le Triangle par la ville de Rennes, un site piéton, ouvert, fermé dès aujourd’hui à la circulation est l’occasion parfaite de créer cette rencontre. Nous l’avons compris comme une invitation à s’emparer de cet espace, à le faire vivre à travers la danse. La danse est une expression qui se passe du verbe. C’est ce qui fait sa richesse, sa capacité à produire beaucoup de sens, sans les mots.

 

Quelle place pour les jeunes et le mélange de générations durant cette journée de festivités ?

Charles-Édouard Fichet : La présence de scènes ouvertes à 15 h et 17 h est extrêmement prisée par le jeune public. Les conditions techniques offertes sont intéressantes pour leurs démonstrations et valorisent leur travail. Ainsi, bien que cette scène ne soit pas réservée exclusivement aux jeunes, ces derniers s’en emparent indéniablement.

De manière générale, la Tablée est réellement un évènement ouvert à toutes les générations, notamment à travers les ateliers de cuisine de 14 h à 17 h ou la présence du Grand orchestre du Blosne en concert à 18 h 30.

À partir de 21 h, les plus grands pourront danser pendant le Bal sur les rythmes endiablés du groupe « Les Burnes ». Tout le monde trouvera son compte dans cette journée de fête.

L’évènement reflète-t-il un désir de fêter la danse à l’échelle du quartier ou à une échelle plus grande ?

Charles-Édouard Fichet : Nous avons un partenariat implicite avec les habitants du quartier qui sont nos voisins. Les premiers sensibilisés sont donc les habitants, incités par les différentes structures sociales du quartier, qui sont un soutien précieux, tel le Cercle Paul Bert. C’est cependant évidemment une invitation au monde entier !

Pourquoi avoir choisi Ambra Senatore pour participer à la convivialité du repas collaboratif – chacun apporte sa nourriture – à travers ses danses ?

Charles-Édouard Fichet : Ce travail nait d’un croisement entre l’histoire d’un artiste et l’histoire d’une structure. Ambra avait déjà développé un projet autour de la cuisine dans l’espace public à Nantes, dans des marchés et d’autres espaces surprenants. Nous l’avons donc naturellement contactée pour lui demander de nous accompagner dans nos premiers pas autour du repas. Dans la genèse de la Tablée Fantastique, la question de cuisine, de saveurs, mais avant tout du partage sont des éléments clés.

Le plaisir du « vivre-ensemble » est augmenté par le fait qu’une artiste donne la possibilité au spectateur de faire partie intégrante d’un tableau de création. Il regarde et vit à la fois.

Le public aura aussi l’occasion d’être témoin et acteur en prenant son courage à deux mains et en grimpant sur le toit du Triangle. Tout au long de la journée, Arno Bertina, un des auteurs de Le Blosne Mode d’Emploi va se placer sur le toit du bâtiment. À partir de ce point de vue qui lui permet de regarder tout le quartier, il va inviter les habitants à venir discuter avec lui.

Quels nouveaux projets pour Le Triangle ? 

Charles-Édouard Fichet : De nombreuses transformations vont prochainement toucher le Triangle. Nous sommes une scène conventionnée et donc financée par la ville, l’Etat et la région. Ces conventions portent sur trois ans or nous arrivons au terme de cette période. Nous travaillons donc tous à l’écriture du projet qui commencera en 2019. Celui-ci s’inscrira dans une mutation architecturale et sociale de l’environnement du Triangle, notamment avec l’apparition du Conservatoire, d’une maison des associations ou de la Rambla. C’est un réel travail de fond, un moment d’articulation dans la vie de l’équipement, du quartier et de la ville.

Que pensez-vous de la nomination du collectif FAIR[E], lui aussi résolument tourné vers la danse urbaine, à la tête du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne ? Comment son arrivée va-t-elle influencer le Triangle ?

Charles-Édouard Fichet : Je n’ai pas encore une connaissance affinée du projet du collectif. Quand on parle d’un contexte de mutation conjoncturelle et structurelle, voilà un événement qui arrive au moment où nous nous reconventionnons et qui va impacter notre évolution. Cela nous intéresse grandement de voir arriver une nouvelle équipe, jeune et radicalement différente de l’ancien directeur Boris Charmatz. FAIR[E] arrive avec six compagnies et résonne sur un système collectif, ils sont déjà inscrits dans un système de partage. Nous avons ainsi vocation à travailler main dans la main. Je rappelle qu’un centre chorégraphique n’est pas un lieu de diffusion, c’est un lieu d’expérimentation, de recherche et de soutien à la création. Le Triangle est une scène conventionnée qui montre la création au public, qui diffuse. Nous allons surement collaborer et établir des partenariats avec le collectif au moins sur ce mode là, sur le fait de faire circuler les artistes. Nous ne sommes pas du tout dans un esprit de concurrence. Nous aurons des territoires d’action où nous pouvons nous entendre au contraire. Je suis très heureux de voir un projet qui va apporter un souffle nouveau à la scène rennaise.

Anaïs Richard
Anaïs Richard est étudiante à Sc Po Paris. Elle réalise son stage de webjournalisme à Unidivers.

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