Jusqu’au jeudi 11 octobre 2018, riverains et promeneurs pourront admirer la street-artist Sêma Lao à l’œuvre dans le quartier de Villejean à Rennes. Elle recouvrira de ses compositions les halls 10 à 22 de la rue du Bourbonnais. Les grands portraits de la Corrézienne sont destinés à mettre de la couleur dans un quartier à l’image terne et à égayer le passage des habitants des immeubles. Un projet enthousiasmant. Des créations permanentes qu’Unidivers vous présente en article et en vidéo.

Autonome de A à Z

« Tous les passants nous demandent si c’est la mairie qui chapeaute ça », remarque Sêma Lao, avant que Cécile Magois ne nous explique la genèse du projet. Cécile Magois est gestionnaire de copropriété pour LMH, une société syndic de copropriété à qui le Conseil Syndical [C.S] de l’immeuble confie la gestion du bâtiment. En clair, Cécile est en charge des parties communes de l’immeuble (ménage, poubelles, chauffage, ascenseur, etc.). Lorsque le C.S – composé de propriétaires de l’immeuble – a émis l’idée de repeindre les murs des halls, Cécile s’est mise en chasse de l’artiste qui ferait l’affaire.

sêma lao street art villejean

« Ils voulaient essayer d’égayer les halls. Nettoyer et repeindre n’était pas suffisant. L’idée est venue de faire des graffitis. » C’est alors que Cécile rencontre la jeune street-artist Sêma Lao au Circuit des Têtes de l’Art, rendez-vous automnal rennais. Elle fait immédiatement le lien avec la demande du Conseil Syndical de la rue du Bourbonnais et leur présente l’artiste via son site internet. Le C.S ne boude pas son envie de collaborer. Sema leur fait une proposition financière. Elle est acceptée. Cécile nous confie sa joie face à un tel projet « C’est la première fois en 8 ans que je fais ça. Ça donnera peut-être des idées à d’autres immeubles ». Six halls de l’immeuble sur sept sont concernés par cette action, avec trois murs à remplir dans chacun d’eux, soit 18 œuvres au total à réaliser en 10 jours. Pas de quoi impressionner Sema, force tranquille.

sema lao street art

« Ce qui a déclenché la mise en place du projet, c’est son univers »

« J’aime beaucoup peindre dans les quartiers, même sensibles. Ici les gens sont réceptifs à l’art. Ça transforme leur quartier, ils en sont heureux » raconte l’artiste, qui n’en est pas à son coup d’essai. Et pour cause de ce bon accueil, il faut admettre que ses graffitis ont cette capacité de bouleverser la géométrie d’un lieu. Ses grands portraits aux couleurs vives, ses visages de femmes, d’enfants, d’animaux majestueux confèrent un pouvoir fascinant aux murs habituellement gris ou couverts de quelques mornes tags. De quoi voyager un peu. Les réactions ne se font pas attendre, chacun à sa façon. Le facteur répond du tac au tac : « C’est juste magnifique ». Awen, étudiant locataire au-dessus du hall n° 14 lance simplement : « C’est stylé. ». L’artiste travaille vite, à raison de deux ou trois portraits par jour. De quoi faire perdre leurs repères à certains habitants, quittant un hall gris dans la matinée, le retrouvant le soir même orné d’un grand faciès de lion multicolore. Sema en sourit : « Les voisins sont très curieux. Ils viennent me demander : qu’est-ce qu’on va avoir chez nous ? »

Sema Lao

Par delà la performance artistique remarquable, cette action soulève des constats et des questionnements. Tout d’abord elle interroge le pouvoir de chacun d’influer sur son environnement et sur le quotidien d’un lieu. La possibilité laissée (ou non) à une communauté de personnes de définir elle-même l’aspect de son chez-soi, lorsqu’il est partagé. Pour un propriétaire, ce n’est pas tant comme une dépense qu’une telle action pourrait être vue, mais comme un véritable investissement. Car un jardin partagé, un hall propre et coloré ou encore un lieu de vie commun pour les habitants, au-delà d’offrir un confort de vie à ces derniers, sont autant de manières d’apporter une plus-value au bien immobilier, qu’il soit à habiter, à louer ou à vendre.

sêma lao street art rennes

Cette action questionne aussi le degré d’impact de l’environnement sur l’individu. Les réactions chaleureuses des habitants permettent l’optimisme, mais passée la période d’acclimatation, y a-t-il un réel effet positif sur la vie du quartier ? C’est ce qu’il faudra suivre. Car comme le clame le slameur-écrivain Abd Al Malik au sujet des HLM, « Ce n’est pas repeindre les murs qu’il faut, mais mettre la lumière dans les êtres ». Pour l’heure, c’est l’aboutissement d’une belle collaboration autonome, au résultat vibrant.

Sêma Lao présente ses oeuvres jusqu’au 11 octobre 2018. 10 au 22 rue du Bourbonnais, Villejean à Rennes.

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