Avec Small Great Things Jodi Picoult a connu un grand succès commercial Outre-Atlantique. Elle signe une fiction en phase avec l’actualité… A savoir la question du racisme et l’actualité de mouvements idéologiques fanatiques, non pas l’islamisme radical, mais le suprémacisme blanc encore présent aux USA. En effet, les États-Unis, patrie oeuvrant à des conditions de liberté exemplaires, autorisent presque toutes les  formes d’expressions, même celles ouvertement xénophobes.

JODI PICOULTDans ce livre, la narration est alternativement menée par les trois principaux protagonistes : Ruth Jefferson, sage-femme d’origine afro-américaine, Turk Bauer jeune néo-nazi suprémaciste blanc tatoué d’une swastika sur le crâne, et Kennedy McQuarrie avocate. L’intrigue est assez originale et se déroule à la façon d’un thriller judiciaire tout en dépeignant les différents milieux sociaux diamétralement opposés dans lesquels évoluent les principaux personnages. Ruth Jefferson travaille avec dévouement depuis deux décennies dans un hôpital en tant que sage-femme. Seule noire du personnel, elle ne connait pas de problèmes de stigmatisation jusqu’au jour où elle sera amenée à prendre soin du nouveau-né d’un jeune couple raciste haineux : Turk et Brittany Bauer. Ces derniers demandent à la direction du service médical de ne pas autoriser Ruth à s’occuper de leur nourrisson.

Aussi ahurissant que cela puisse paraître, la requête est acceptée et Ruth est ainsi écartée du bébé en encaissant difficilement le coup. Une autre infirmière va donc s’occuper du nourrisson, mais devant s’absenter momentanément, elle demande à Ruth de rester pendant quelques minutes pour surveiller le fils du couple Bauer. À ce moment, le nouveau-né est pris d’un malaise, Ruth intervient pour lui prodiguer des soins, l’infirmière de service revient, prend la situation en main, mais malheureusement le nourrisson décède d’un arrêt cardiaque. Turk Bauer va faire porter la responsabilité du décès de son fils sur Ruth, signant ainsi le début d’une mise en examen de cette dernière et de l’intervention du troisième protagoniste : l’avocate blanche Kennedy McQuarrie.

JODI PICOULTDans Small Great things Jodi Picoult dépeint, à travers ses personnages imaginés, avec un réalisme assez inquiétant, les dérives de la liberté d’expression aux USA. Les manifestations et certaines revendications des groupes suprémacistes blancs y sont tolérées. Cette mouvance surtout implantée dans les anciens états esclavagistes du sud du pays, où est né le Ku-Klux-Klan, prône la supériorité de la race blanche, l’antisémitisme, le rejet des homosexuels, n’hésitant pas à organiser des passages à tabac envers cette communauté.

JODI PICOULTDans Small Great things Jodi Picoult plante un personnage central, à la fois victime et héros du livre, qui réussit à nous faire ressentir la question du racisme des blancs envers la population noire sous l’angle fanatique. Mais aussi, et c’est là que réside l’intérêt du roman assez subtilement développé par Picoult, à travers des évocations de situations banales, quotidiennes, desquelles ressortent une discrimination et stigmatisation plus insidieuses, donc lourdes et pénibles à vivre pour bon nombre d’Afro-Américains. L’avocate de Ruth va s’apercevoir qu’il existe en elle, non pas un sentiment raciste, mais une légère condescendance envers la communauté noire ainsi qu’une totale ignorance de ce que peut ressentir une femme afro-américaine dans l’Amérique d’aujourd’hui. Kennedy McQuarrie fera preuve d’une réelle empathie vis-à-vis de sa cliente en allant notamment passer quelques heures dans un quartier habité majoritairement par des noirs, se rendant ainsi compte de la difficulté à entrer en communication, à échanger simplement.

L’auteur appelle à lutter contre la peur de l’autre, son rejet en raison de sa couleur de peau ou de son mode de vie, dans son épilogue en citant Martin Luther King : « If I cannot do great things, I can do small things in a great way » (Si je ne peux pas faire de grandes choses, je peux par contre en réaliser de petites et de belle façon). Lors de son instruction, Ruth ayant perdu son emploi à l’hôpital se voit contrainte d’accepter un job dans un restaurant Mc Donald’s et fait l’amère expérience de ce racisme sournois avec une jeune cliente : « Are you ready to order ? Do you have onion rings ? No, that’s Burger King, Our menu is up there. Don’t worry mama I was just askin’… » « Vous avez fait votre choix ? Avez-vous des beignets d’oignons ? Non, ça, c’est chez Burger King, notre menu est affiché en haut. Ne t’inquiète pas mama, je demandai simplement comme ça… »

Jodi Picoult Small Great things, roman, éditions Ballantine, octobre 2016, 480 pages, 20€. A paraître chez Actes Sud.

Actes Sud publiera en français en 2018 Small great things : L’ouvrage est également en cours d’adaptation au cinéma avec Viola Davis et Julia Roberts dans les rôles principaux. Paru en janvier 2017 du même auteur La tristesse des éléphants (Traducteur : Girard, Pierre)

Jodi PICOULT
Jodi Picoult est née en 1966 à Long Island, dans l’État de New York. Après avoir étudié la littérature à Princeton et les sciences de l’éducation à Harvard, elle se consacre à l’écriture à partir des années 1990. Son œuvre, traduite en trente-sept langues, compte vingt-trois romans, dont dix ont paru en France aux Presses de la cité et aux éditions Michel Lafon.

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Nils Arrec
Guitariste chanteur, compositeur dans un registre Folk et Blues, je donne aussi des cours de guitare acoustique. La lecture est ma seconde passion avec un intérêt particulier pour les romans écrits en langue anglaise.

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