River est une série policière britannique créée par Abi Morgan avec Stellan Skarsgård. Le colosse suédois, acteur fétiche de Lars von Trier très apprécié outre-Atlantique (Will Hunting, Mamma Mia, Millenium…), joue formidablement un policier londonien habité par d’étranges visions. À Londres, un flic vieillissant peine à se remettre de l’assassinat de sa jeune coéquipière. En proie à des visions, il se lance dans une redoutable enquête. Aussi noire que tendre, une série à la mélancolie envoûtante sur la perte de l’être aimé…

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Qui était vraiment Stevie ? Que cachait-elle, que savait-elle ? A-t-on voulu la faire taire ? Au fil de six épisodes hautement addictifs, John River, anti-héros magistralement campé par Stellan Skarsgard, dialogue avec la disparue (Nicola Walker, également remarquable) qu’il est le seul à voir. Manifestations d’un déséquilibre intérieur qui contraste avec sa silhouette colossale, ses « projections » prennent aussi les visages et les voix d’un tueur en série exécuté au siècle dernier, d’une ado désespérée, de Riley, le jeune dealer dont il a involontairement causé la mort… Tour à tour, elles viennent le tancer, aiguillonner ses recherches, ou le préserver de ses gouffres intimes. Peignant à touches délicates la trajectoire d’êtres déracinés, pris dans le tourbillon d’une société sans repères ni morale ou piégés par de lourds secrets de famille, la scénariste Abi Morgan (Les suffragettes, The Hour, Shame…) cisèle une intrigue retorse et envoûtante, teintée de mélancolie. Et d’une redoutable efficacité.

Les « projections »
« Je joue John River, un officier de police qui souffre de troubles mentaux. Il y a certes des gens qui entendent des voix, mais River, lui, voit réellement des personnes, avec lesquelles il s’entretient à haute voix. Il s’agit le plus souvent des victimes des crimes sur lesquels il enquête. Elles apparaissent soudainement et discutent avec lui. Ce ne sont pas des fantômes, ce sont ses propres créations. Dans la série, nous les appelons des “projections”. Le spectateur peut les voir comme si elles étaient des personnages réels et va s’habituer au fil des épisodes à les retrouver. Elles lui deviennent familières, même s’il sait que ce sont des morts. Leurs apparitions créent un effet très intrigant, elles ébranlent en quelque sorte la réalité. »

Alter ego
« Lorsque River parle avec les “projections”, ces dialogues lui permettent d’avancer dans son enquête. C’est un outil dramatique fantastique, qui me permet de jouer la vie intérieure du personnage. Elles remplissent pour River, un homme terriblement seul, une autre fonction. Ce sont ses amis, tout comme les enfants ont des amis imaginaires, sauf que dans son cas cela relève de la pathologie. Elles ont la même utilité que celle qu’un dialogue avec soi-même peut revêtir pour chacun de nous. Mais parfois, elles le terrorisent aussi, parce que certaines d’entre elles représentent son propre côté obscur. »

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Abi Morgan
« J’ai accepté de jouer dans cette série en raison de l’écriture si particulière de la scénariste Abi Morgan qui ne ressemble à aucune autre. Son écriture n’est pas linéaire, mais obéit à des impulsions bizarres qui vous projettent d’une pensée à une autre et, selon moi, cela ressemble plus à la vraie vie que nombre de scripts à la structure parfaite que je reçois. La plupart sont la fidèle illustration du manuel Comment écrire un scénario ! Or là, je peux jouer avec les mots d’Abi Morgan. Son écriture a de réels accents poétiques. Si c’était une série télévisée normale, il serait facile de raconter l’intrigue, mais ce n’est pas le cas et c’est justement ce qui me motive. En surface, il s’agit d’une histoire criminelle, mais en réalité, le sujet principal, c’est plutôt la dépression, le deuil, la vulnérabilité. Les relations entre les personnages et les comportements humains sont abordés de façon très originale, avec une empathie chaleureuse qui, pour autant, ne tombe jamais dans le sentimentalisme. »

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DANS LA SÉRIE RIVER STELLAN SKARSGARD INCARNE UN FLIC TOURMENTÉ

River, série créée par Abi Morgan avec Stellan Skarsgård, Nicola Walker, Adeel Akhtar, Georgina Rich, Lesley Manville (Royaume-Uni, 2015, 6×60’, VF/VOSTF). Diffusion sur Arte, jeudi 1er et 8 février 2018 à 20.55 et à voir sur Arte.tv

Réalisation : Richard Laxton, Jessica Hobbs, Tim Fywell – Avec : Stellan Skarsgard (John River), Nicola Walker (Jackie « Stevie » Stevenson), Adeel Akhtar (Ira King), Lesley Manville (Chrissie Read), Eddie Marsan (Thomas Cream), Georgina Rich (Rosa Fallows) – Production : Kudos Film and Television. Nymphe d’or, Monte-Carlo 2016

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