Le 7 novembre, Réso Solidaire lançait le 10e mois de l’Économie sociale et solidaire (ESS) dans le pays de Rennes. Réunissant plus de 200 manifestations durant trente jours, cet anniversaire invite grand public et entrepreneurs à découvrir, comprendre, participer et rencontrer les acteurs de ce mode d’entrepreneuriat encore peu connu alors qu’il représente 10 % du PIB français.

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L’Économie sociale et solidaire, c’est quoi ?

L’ESS, créée en 1980, est un ensemble d’entreprises organisées en coopératives, associations, mutuelles ou encore fondations, mais aussi des sociétés commerciales. Elle place l’homme au cœur de l’économie et du monde de l’entreprise, dont les activités suivent des principes de solidarité et d’utilité sociale. L’ESS n’est pas un secteur d’activité, mais une façon de faire et d’entreprendre basé sur les personnes, un fonctionnement démocratique (une personne = une voix) et une liberté d’adhésion (toute personne souhaitant participer et devenir sociétaire peut avoir des responsabilités dans l’ESS).

À l’inverse du secteur privé et public, l’ESS permet aux salariés de s’impliquer dans leur structure, garantissant une redistribution équitable des bénéfices. Les profits sont reversés au développement de l’activité de l’entreprise, car il n’y a pas d’actionnaires à rémunérer.

La loi du 31 juillet 2014 a permis d’encadrer le secteur et de le consolider en définissant des outils d’aides au financement, ainsi qu’un renforcement des capacités d’action des salariés pour qu’ils puissent organiser une reprise de leur entreprise plus facilement. « L’ESS apparaît aujourd’hui comme une alternative pertinente, une autre façon de faire de l’économie, se souciant du partage des richesses produites, du développement local des territoires, de la qualité des emplois créés, de l’implication des citoyens dans les projets, de responsabilité sociale ou sociétale… » explique le CRESS (Centre Régional de l’Économie Sociale et Solidaire).

Bien qu’elle représente 10 % du PIB français, ainsi que 13 % de l’emploi privé, l’ESS reste minoritaire au sein de l’économie française en générale, occultée par le secteur public et privé. Dans la société actuelle, les entreprises ont majoritairement pour objectif principal de réaliser des profits afin de se développer et de rester concurrentielles dans une économie de plus en plus tendue et compétitive. En 2015, l’ESS rassemblait 221 325 entreprises et 2,37 millions de salariés.

Cinq secteurs d’activités se démarquent : l’action sociale, le sport et les loisirs, les activités financières et assurances, les arts et les spectacles et l’enseignement.

Pour Nicolas Froissard, vice-président du groupe SOS (organisation spécialisée dans l’action sociale) « l’économie sociale et solidaire illustre la nécessité de prendre conscience de l’impact de son action sur le monde. »bretagne ess économie sociale solidaire

L’ESS en Bretagne et en Ille-et-Vilaine

Présente sur l’ensemble du territoire, l’ESS est massivement représentée en Bretagne. On dénombre pas moins de 18 pôles ESS sur 21 pays bretons et 3 en cours de préfiguration. Pour rappel, un pôle ESS permet aux entreprises de se réunir et de trouver ensemble des solutions aux différentes problématiques auxquelles elles sont confrontées.

On observe également une croissance de l’emploi de 5,1 % entre 2010 et 2015 contre une baisse de 0,4 % dans le privé hors ESS. « Le constat est sans appel : 6900 emplois développés dans l’ESS pour 2600 détruits dans le reste de l’économie privée.  » précise l’ORESS (observatoire régional de l’économie sociale et solidaire de Bretagne).

L’ESS en Ille-et-Vilaine c’est aussi plus de 4000 entreprises (associations, coopératives, mutuelles), 47 000 employés, représentant 14 % de l’emploi. Preuve est que le département est compétitif puisqu’en cinq ans, l’ESS a créé plus de 3000 emplois alors que le reste de l’économie en a créé 7000.résolution solidaireL’ESS dans le pays de Rennes

Réso solidaire est un pôle de l’ESS, créé en 2009, qui a pour objectif premier de structurer et développer l’ESS dans le pays de Rennes. « Le mois de l’ESS est un événement national avec des déclinaisons locales. On va le retrouver dans l’ensemble des pays bretons, dans lesquels on trouve à chaque fois un pôle de l’ESS » explique Haud Le Guen, directrice de Réso Solidaire. C’est une façon de fédérer et de valoriser les actions effectuées par différents acteurs : « le mois permet de valoriser des actions régulières qui ont lieu au cours de l’année et cet événement permet de faire un zoom sur l’ESS, car on ne sait pas forcément qui en fait partie » précise-t-elle. La programmation est variée, allant d’actions culturelles portées par des entreprises ESS à des rencontres, qui peuvent éclairer sur des domaines spécifiques : « la finance solidaire, les outils financiers spécifiques à l’ESS pour les projets et activités par exemple. » On compte aussi des concerts, des ateliers solidaires et des projections de films.

Haud Leguern
Haud Le Guen

« Ce mois permet aux entreprises qui ne font pas forcément partie de l’ESS d’aller les voir et de leur dire que c’est le moment de communiquer dessus, de faire prendre conscience à l’entreprise et aux salariés qu’ils en font partie, mais également de sensibiliser le grand public, » explique Haud Le Guen. « On a beaucoup eu l’image de l’ESS comme économie de la réparation, liée au handicap. Il faut savoir que l’ESS est de plus en plus connue et que les objectifs ont changé. Les entreprises doivent prendre conscience de ce que les salariés peuvent faire pour elles. »

En quelques chiffres, l’ESS dans le pays de Rennes représente 2600 emplois, 27300 employés (soit 11,5 % pour d’emploi), ainsi que 21 % des emplois régionaux de l’ESS. Le premier secteur de l’ESS dans le pays de Rennes est l’action sociale, suivi par les activités financières et les assurances. On y retrouve également l’agriculture, l’industrie et la construction qui représentent 1,3 % des entreprises ESS. La culture et les spectacles sont l’un des points fort avec plus de 600 établissements.

Le profil des acteurs de l’économie sociale et solidaire évolue pour s’adapter à la société actuelle : « il y a encore un an, les gens qui venaient nous voir pour travailler dans l’ESS, étaient plutôt des femmes en transition de vie ou des hommes de 50 ans qui avaient fait leur vie professionnelle et qui cherchaient à donner du sens à ce qu’ils faisaient. De plus en plus, on a, à partir d’un ou deux ans d’expansion professionnelle, des jeunes qui viennent directement et qui souhaitent travailler dans l’ESS. » En 2014, 24 % des entreprises françaises sont créées par des jeunes de moins de 30 ans dont 8 % sont âgés de moins de 25 ans. 40 % des femmes sont entrepreneures, majoritairement présentes dans la santé humaine et le secteur social. « On sent qu’aujourd’hui c’est plus accessible. Entreprendre est un choix, avec ou sans l’ESS, »  indique la directrice de Réso Solidaire.

La loi NOTRe a considérablement modifié la gouvernance des ESS. Cette réforme territoriale « a réaffecté les compétences dans les collectivités. Le département qui avant avait la compétence économique ne l’a plus, » précise Haud Le Guen. La conséquence ? Une multitude d’interlocuteurs, ce qui nécessite une connaissance et une compréhension absolue du territoire. Aujourd’hui, le département est en charge de l’action sociale, au détriment de la partie économique, laissée à la région. « En 2015, ici c’était la maison de l’ESS. Aujourd’hui on a enlevé « maison de l’ESS », parce qu’on est plus sur des solidarités sociales et territoriales. »

Il est possible pour les entreprises de demander le label ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale), qui permet de recevoir des aides et des financements spécifiques, « beaucoup d’associations demandent l’agrément. L’année dernière, sur les 60 ou 80 associations, il n’y a que deux entreprises conventionnelles qui l’ont demandé. On se rend compte que ce sont plutôt des structures qui ont des entrées statutaires. »

Pour Haud Le Guen, aujourd’hui beaucoup de nouveaux projets sont possibles, mais il convient de faire évoluer les mentalités : « je pense que tous les grands groupes aujourd’hui comme les mutuelles s’interrogent sur leur gouvernance, il y a des enjeux de renouvellement. En étant de l’ESS, on doit se poser ces questions-là. »

ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

Retrouvez ici le Programme du mois de l’Économie sociale et Solidaire en Ille-et-Vilaine et sur Bretagne-ESS.org et resosolidaire.fr

RESO SOLIDAIRE
Pôle de développement de l’économie sociale et solidaire du Pays de Rennes
Espace Anne de Bretagne, 15 rue Martenot, 35000 RENNES
02 99 26 34 60

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Camille Loré
Camille Loré est étudiante à l'Ecole Supérieure de Journalisme de Paris. Elle réalise son stage de webjournalisme à Unidivers.

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