Entre univers historico-fantastique et style rétro, la costumière et créatrice de mode rennaise Léa Gesbert — alias Wallüa — est la nouvelle résidente de la boutique de créateurs Kaléido Store. Une double casquette qui marque son originalité ! Présentation.

wallüa mode rennes

Après un baccalauréat général en 2013, Léa Gesbert assiste, comme tout futur bachelier un peu perdu, au Salon de l’étudiant à Rennes. Le métier de costumière, une formation qui l’intéressait déjà, lui est proposé. « J’ai réalisé un DTMS — diplôme des techniciens des métiers du spectacle, option techniques de l’habillage — à Locminé. Cette formation concernait plutôt l’habillage et préparait aux métiers de costumiers. Beaucoup de cours de couture étaient dispensés, ce qui m’a permis d’apprendre les bases. J’ai ensuite fait un DMA — diplôme des Métiers d’Art — dans le Jura, à Dole, dans le but d’être costumier-réalisateur ».

Léa profite de ces années de formation et réalise de nombreux stages, un bon moyen de perfectionner sa pratique et de savoir ce qui l’intéresse réellement. Elle découvre la Mayenne et l’atelier d’une costumière spécialisée dans le costume de jeux de rôle en grandeur nature – les GNistes, avant de plonger dans l’univers du cabaret, à Toulouse. 

Après une expérience enrichissante à Paris, lors d’un stage d’habillage au Théâtre de la Tempête, elle passe deux mois à Vienne pour son diplôme des Métiers d’Art. « La ville était magnifique, mais le stage décevant. Je me suis rendu compte que le milieu du cinéma n’était pas ce que j’imaginais : soit on bosse pour Luc Besson avec de la véritable création, soit on étiquette et fait de l’entretien… Il y a tellement de stocks de costumes dans le monde pour les films d’époque que les productions fonctionnent à la location. Je me suis rendu compte que le théâtre était humainement plus intéressant ».

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© Clément Morel

En 2017, avec ses diplômes en poche et un solide bagage de compétences, Léa revient en Bretagne et se lance dans la réalisation d’un défilé de mode, à ses frais, dont la préparation court sur une année. La créatrice Wallüa naît alors. « Le défilé Imaginarium (R.D.L.R. : dans le cadre de la fête des tisserands à Quintin en 2018) met l’accent sur le personnage afin que les gens distinguent bien costume et mode. J’ai voulu montrer que le costume habille et matérialise un personnage avec une volonté de scénographie importante. Le défilé consistait en de petites scènes qui montrent une lavandière, un faune ou un peu de science-fiction, même si on le remarque moins sans les effets spéciaux. Chaque personnage avait une scénette avec une musique qui lui était attribuée afin d’aider le public à se mettre dans les personnages ».



Avec ce défilé en 2018, l’univers de Wallüa se dessine et se matérialise. Elle transpose son intérêt pour l’Histoire et les costumes historiques dans des contrées imaginaires, des personnages sortis d’un autre temps flirtent avec un style fantastique, à la limite du steampunk.« J’aime toutes les cultures de l’imaginaire, comme la science-fiction et le fantastique. Elles permettent une certaine liberté. Tout a déjà été un peu réalisé. Des couturiers comme Jean Paul Gaultier reprennent des codes et les remettent au goût du jour. Le résultat est parfois super intéressant ».

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© Clément Morel

Refusant d’être bridée par le style d’une seule époque, Léa Gesbert peut emprunter les codes stylistiques d’époques différentes dans un même costume, et glisser ainsi vers la fantaisie. « Avec le costume, il est possible de tout réaliser : des volumes exacerbés, des couleurs flashy, de la dentelle, des fioritures en veux-tu en voilà, etc. Ce n’est pas destiné à être porté quotidiennement, les gens sont plus ouverts à l’exagération ». Cependant, force est de constater qu’il n’est pas facile de trouver des contrats dans ce milieu où la carrière fonctionne principalement au réseau. 

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© Clément Morel

« Costumier est un métier en voie de disparition »

« Les subventions de l’État pour les petites compagnies ou les théâtres ne cessent de baisser et un des premiers métiers à sauter dans le milieu est malheureusement celui de réalisateur-costumier. Quand on réalise un spectacle, on a besoin de la lumière, du son, des acteurs… s’il reste de l’argent, on l’utilise pour le décor, ça coûte moins cher. Le costume vient après, s’il y a vraiment les moyens ». 

Après une remise en question, Léa se lance dans le prêt-à-porter. La période de Noël aidant, elle crée des vêtements pour ses amies, des modèles à son image, simples et colorés. En parallèle, elle contacte la personne qui l’a précédée à Kaléido Store et remarque une annonce pour un nouveau créateur à la boutique. Cet enchaînement fortuit la propulse dans l’aventure du prêt-à-porter et de la boutique de créateurs et ce depuis à peine de deux mois.wallüa mode rennes
« Le prêt-à-porter est une autre façon de travailler »

Aux côtés de ses créations aux multiples fioritures, Léa aime la simplicité avec une touche de rétro. « Je m’inspire de ce que je porte, des vêtements simples et agréables à porter ». Son penchant pour la mode des années 90 fait naître la chemise Wallüa, en voie de devenir un modèle phare de sa collection qui s’agrandit petit à petit. Amples et non cintrées, elles sont à manches courtes, manches trois quarts ou au coude et peuvent se porter en crop top, rentrées dans un pantalon, un short ou une jupe taille haute, ou avec un nœud comme finition.

wallüa mode rennes

Sans parler de la coupe, la légèreté et le confort de ses vêtements résident également dans les tissus choisis, des matières fluides, comme la viscose. « Ce n’est pas très écolo, alors que je le suis, mais la viscose n’existe pas en ecotex. Le traitement est chimique et ils n’ont pas encore trouvé d’équivalent plus responsable. Le coton est parfois raide, avec un tombé un peu lourd… Ce n’est pas forcément évident à porter tous les jours. La viscose est réalisée à partir de bambou à la base, donc c’est un tissu très aéré, comme le lin, mais il se froisse moins ». En regardant sa collection de plus près, elle avoue, amusée, aimer travailler sur les petits animaux — flamants roses, tigre, pour les plus récents — mais pas seulement. Robe-chemise à petits-pois blancs, chemise à motifs ethniques ou jupe à fleurs, chaque vêtement propose un style différent, avec comme point commun la couleur et une gaieté vestimentaire qui ravissent en ce début de printemps. wallüa mode rennes

« Avec l’été qui arrive, j’aimerais développer un modèle de chemises sans manches. J’ai pensé à des robes avec manches pour une clientèle plus âgée et je vais peut-être développer des shorts aussi, un modèle de sarouel mixte », conclut-elle, des idées pleins la tête. 

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Contact :

Léa Gesbert – Wallüa

0670344263

wallua.contact@gmail.com

 

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