Le réalisateur Olivier Chasle fait une plongée immersive au cœur des urgences pédiatriques de l’hôpital Sud de Rennes. Entre les nuits blanches qui se succèdent et les patients qui défilent, la caméra suit l’univers de sept femmes médecins engagées. Le temps d’une pause, elles se confient sur leur vocation qui perdure malgré les épreuves du métier.

Nuit Blanche

La naissance d’un projet personnel

Ce désir de filmer le monde urgentiste et ses héroïnes, Olivier Chasle le porte depuis longtemps. Un milieu dont il est témoin tous les jours depuis qu’il a fait la rencontre de sa femme Véronique Chasle, lorsqu’elle rentrait en fac de médecine et qui est l’un des médecins présents dans le film Nuit Blanche. « J’ai pu voir de mes propres yeux la masse de travail que cela représentait. Toutes les épreuves qu’elle a pu traverser depuis le début et son enthousiasme qui ne lui a jamais fait défaut. Aujourd’hui, la passion est toujours présente. »

Cette connaissance intime du travail au sein des urgences a peu à peu donné l’idée au réalisateur de raconter cette histoire qu’il appelle une vraie histoire : celle de femmes passionnées qui se dévouent pour aider les enfants, en mettant parfois de côté leur propre famille. Un engagement fort psychologiquement et physiquement, où la souffrance se mêle aussi au sentiment d’accomplissement. Cette dualité difficile à vivre fait qu’un urgentiste n’exerce dans ce service en moyenne que dix ans. Malgré tout, ces femmes forment ensemble une équipe solidaire et soudée.

Une solidarité féminine forte

Lorsqu’elles ne sont pas de garde, les médecins se retrouvent autour d’un repas lors de courts moments de répit pour partager des moments de complicité et d’écoute : Véronique Chasle, urgentiste, Martine Balençon, légiste, Marie Desgranges, pédiatre, Céline Farges, pédiatre, Marie-Aline Guitteny, pédiatre, Tiphaine Hervé, urgentiste, Amélie Ryckewaert, pédiatre, sont bien plus que de simples collègues. Elles sont des amies, confidentes, membres d’une même famille, celle de l’hôpital. Une chaleur humaine nécessaire afin de faire face aux difficultés lorsqu’elles surgissent.

  • Nuit Blanche Marie-Aline Guitteny
  • Nuit Blanche Veronique Chasle
  • Nuit blanche Céline Farges
  • Nuit Blanche Tiphaine Herve
  • Nuit blanche Martine
  • Nuit Blanche Amelie Ryckewaert

Au sein de ce collectif, Olivier Chasle est venu chercher l’individualité en donnant la parole à chacune d’elle. Des portraits intimes se dévoilent alors devant le regard bienveillant d’une caméra. « Le fait de les connaître m’a beaucoup aidé, car elles me faisaient confiance. J’avais pris le temps de faire auprès d’elle une petite enquête où j’avais déjà pu creuser tous les aspects de leur vie, de leur vocation et de leur enfance. Lorsque j’ai commencé le tournage, j’avais déjà toutes ses pistes en tête ce qui fait que le sujet s’est orienté naturellement.« 

Remontant dans leurs souvenirs, les femmes racontent leur enfance, là où les premiers signes de leur vocation sont apparus. Tiphaine se remémore une fascination pour l’anatomie, Véronique se rappelle lorsqu’elle jouait au docteur et qu’elle transformait les pièces de la maison en chambre de patients… Pour chacune d’entre elles, aider les autres était une évidence. Du passé au présent, les médecins remontent le film de leur vie, les moments de joie ainsi que de peine lorsque la maladie finit par emporter un enfant. Les trésors qu’elles gardent de leurs anciens patients remplissent le cadre de la caméra : des cartes postales sur les murs, des dessins encadrés, des cadeaux plein d’amour qui témoignent de la gratitude des parents.

Lorsque la ville s’endort, la parole se libère

Olivier Chasle a choisi de filmer les médecins seulement pendant leurs gardes de nuit. Le moment le plus difficile du service, car « lorsque les gens viennent à l’hôpital la nuit, ils viennent parce qu’ils en ont réellement besoin ». Dans la tension des urgences, se dessinent aussi des moments de grande tendresse, comme lorsque les médecins se mettent à jouer avec les enfants pour leur faire oublier les blouses blanches qu’ils portent. Ce lien de proximité fait tomber les barrières et instaure un climat de confiance. Au milieu des enfants endormis, les langues se délient et les parents n’hésitent pas à se confier sur leurs rapports familiaux auprès des médecins. La fatigue et l’émotion deviennent des vecteurs de parole et transforment le cadre hospitalier en un cadre de sécurité. Une atmosphère plus cloîtrée, comme si le temps s’était arrêté, bien loin du rythme effréné de la journée.

Passé minuit, LE CLIMAT CHANGE. les heures ne défilent pas à la même vitesse qu’en journée. De 21 h au lendemain matin, L’Hôpital devient un cocon. UnE sorte d’unité de temps et de lieu qui donne à l’environnement un cadre THÉÂTRAL qui m’intéressait.

Olivier Chasle, réalisateur.

Une page se tourne, mais l’hôpital lui, continue à tourner

Un travail au préalable a été nécessaire afin de préparer le terrain. Olivier Chasle a tourné sur environ deux à trois mois en se calant sur les gardes de nuit ce qui représente une quinzaine de jours de tournage. Le film a été terminé en février 2020, juste avant que la pandémie du coronavirus prenne de l’ampleur : ce hasard donne désormais à ce film un deuxième sens. En plus d’un hommage à l’action de ces médecins au secours de ceux qui en ont besoin, les difficultés que subissent les services de santé et les milieux hospitaliers en grand manque de budget semble résonner plus que jamais. Nuit Blanche nous rappelle que c’est grâce à l’engagement sans faille de ces femmes que nous pouvons compter sur elles chaque jour et chaque nuit.

Le film se conclut sur le départ de l’une des médecins, Tiphaine, après 15 ans de service. Un moment fort en émotions puisque le départ d’un urgentiste est toujours un événement important au sein de cette petite famille qui se connaît depuis des années. Au lever du jour, Tiphaine récupère ses affaires et ferme la porte de son bureau pour la dernière fois. Une page qui se tourne pour l’urgentiste, qui va désormais pouvoir commencer une nouvelle vie avec de nouveaux projets.

« J’ai eu de la chance de tomber sur ce départ qui n’était pas prévu DANS LE TOURNAGE, car cela faisait dix ans qu’il n’y avait pas eu un vrai départ de médecins aux urgences. Cette fin CONCLUT PARFAITEMENT l’histoire, Tiphaine a une nouvelle vie aujourd’hui et pour autant les urgences continuent à tourner. C’est un cycle en continu qui ne s’arrête jamais. »

Olivier Chasle, réalisateur.

Nuit blanche réalisé par Olivier Chasle

2020 – Production Bleu iroise

Vous pouvez retrouver le documentaire Nuit Blanche en replay : https://www.france.tv/documentaires/societe/2027673-nuit-blanche.html

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