Un campement a commencé à s’installer à 17 h, place de la mairie à Rennes ce mercredi 14 avril. Menée par un collectif de réquisition composé de différentes associations rennaises, l’opération a pour objectif de mettre au grand jour sur la place publique, littéralement, les difficultés des familles exilées et personnes précaires vivant à la rue. Espérons qu’une telle action suscite, au-delà d’une réaction, une véritable réponse des autorités.

En quelques minutes, une trentaine de tentes ont fleuri sous les fenêtres de Nathalie Appéré. À partir de 17 h, ce mercredi 14 avril, un campement s’installe place de la mairie à Rennes. Après l’occupation de l’opéra par les intermittents du spectacle, c’est au tour des militants pour le logement d’animer la place pavée de l’hypercentre. L’action est menée par un collectif de réquisition composé de différentes structures rennaises, parmi lesquelles l’Inter-organisation de Rennes, Utopia 56, Droit Au Logement, Groupe Logement du 14 octobre et Un toit c’est un droit.

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La référente rennaise d’Utopia 56, Coline Gayoux, nous explique cette initiative : « Ces dernières semaines, on a dû mettre trois familles sous tente. En sachant que quatre autres vivent déjà dans des garages ou en bas d’immeubles. N’ayant aucune réponse satisfaisante du 115 ou de la mairie, on a décidé de cette action pour rendre visibles ces personnes à la rue ». Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de la fédération Droit au logement, s’est déplacé spécialement pour soutenir cette opération. Il rappelle que « la loi oblige l’État à héberger les personnes jusqu’à ce qu’elles trouvent une solution de relogement ou d’orientation, et les départements à s’occuper des jeunes isolés et des familles avec enfants ». Le collectif de réquisition présent aujourd’hui place de la mairie n’attend ni plus ni moins que le respect de la loi.

Le militant de longue date pour les mal-logés ajoute : « On demande aussi l’application de la loi de réquisition, qui serait une solution à mettre en œuvre d’urgence, parce qu’il y a un nombre grandissant de sans-abri dans le pays du fait des politiques du logement qui sont menées ». Son confrère rennais de Droit Au Logement, Michel, précise : « la maire de Rennes avait dit il y a quelques années qu’il n’y aurait jamais un enfant à la rue à Rennes, on est en train de faire la démonstration du contraire. »

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Demiri Ekrem, père de famille présent place de la mairie, témoigne. Depuis un mois, il vit en tente près du canal Saint-Martin, avec ses trois garçons, de 3, 5 et 12 ans. « Pas d’électricité, pas de repas chaud, je n’ai pas pris de douche en une semaine », résume-t-il. Il s’inquiète pour la santé de ses enfants. Son épouse est à l’hôpital où elle vient d’accoucher d’un quatrième garçon. La maman et le nouveau-né ne peuvent rejoindre leur famille en l’absence d’hébergement. Demiri est désemparé. « Tous les jours, j’appelle le 115, j’appelle la mairie. On me répond “pas de place, réessayez demain” ».

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C’est donc pour mettre en évidence ces carences des autorités que se mobilisent aujourd’hui les bénévoles des associations rennaises. Ils s’installent avec l’intention de rester là jusqu’à ce que les 37 personnes actuellement sans logement se voient proposer des solutions. L’opération aura toutefois été de courte durée, puisqu’un peu avant 19 H, la police arrive en masse avec la ferme intention de verbaliser les contrevenants au couvre-feu. Le collectif de réquisition ne baisse pas les bras pour autant, et revient dès le lendemain place de la mairie pour se faire entendre. Une nouvelle intervention de la police se solde par 18 verbalisations et la confiscation d’une grande partie du matériel des associations. Seule lueur à l’horizon, dans la matinée de jeudi, un élu de permanence reçoit enfin les militants.

De la part de ceux qui s’impliquent au quotidien pour le bien-être de cette partie de la population rennaise, c’est un geste fort, adressé à une municipalité se cachant régulièrement derrière son manque d’autorité administrative dans certains sujets pour ne pas, ou trop peu, agir. « Agir, c’est aimer », aurait écrit Victor Hugo quelques jours avant sa mort. Pour paraphraser ce même auteur, tant qu’il existera des enfers en pleine civilisation, des actions de la nature de celle-ci, « pourront ne pas être inutiles »…

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Texte : Jean Gueguen

Photos : Emmanuelle Volage

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