Contraception masculine, testiculaire, thermique… Le collectif Rennes Antisexiste était convié au festival Nos futurs des Champs libres de Rennes le 26 mars 2023 pour présenter ces techniques et répondre aux nombreuses et intimes questions liées à ce sujet. Un atelier qui, au-delà de sa teneur informative, visait à ouvrir le dialogue sur une charge mentale et physique encore largement assumée par les femmes.

« Voir sa petite copine qui galère avec la contraception à cause des changements hormonaux et physiques violents et difficiles à porter. Ça donne envie de pouvoir prendre une part de cette charge ». C’est une des raisons qui ont poussé Yoann, 30 ans, à participer à l’atelier contraception masculine tenu par le collectif Rennes Antisexiste le 26 mars 2023 aux Champs libres de Rennes, dans le cadre du festival Nos futurs

contraception masculine
© Les Champs Libres / Jean-Adrien Morandeau

En effet, il va sans dire que la contraception est encore en grande majorité prise en charge par les femmes. Or, « la contraception est régulièrement vécue par les femmes comme une contrainte dans un parcours gynécologique souvent compliqué, si ce n’est violent », peut-on lire dans la brochure Les Contraceptions testiculaires éditée par le collectif Thomas Bouloù. Un constat d’autant plus lourd que « la prise en main de la contraception par les femmes s’est d’ailleurs accompagnée, du côté des hommes, d’une délégation massive des préoccupations anticonceptionnelles ». Le développement et la diffusion d’une contraception au masculin présente donc l’intérêt majeur de « pouvoir offrir cette possibilité aux hommes et ne pas imposer toujours la même chose aux femmes, d’avoir ce choix dans le couple », avance Romain, 30 ans.

C’est pourquoi Rennes Antisexiste a fait de la contraception testiculaire l’un de ses sujets de prédilection. Ce collectif est formé en majorité d’hommes hétérosexuels et cisgenres, c’est-à-dire qui se reconnaissent dans le sexe qui leur a été attribué à la naissance. L’objectif de ce groupe lancé en octobre 2022 est de prendre part aux combats féministes en organisant des activités qui mettent en avant la parole et l’expérience des personnes concernées en premier lieu par les problématiques du sexisme. « On n’invente rien, on relaie. On ne veut pas parler de ce qu’on ne connaît pas. Et il ne faut pas oublier qu’en tant que personnes hommes, on prend déjà beaucoup trop de place dans la société. L’idée est de donner de la visibilité à d’autres collectifs, notamment féministes, qui ont la légitimité pour s’exprimer à ces sujets », explique Roméo, membre du collectif.

 
 
 
 
 
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Rennes Antisexiste a ainsi déjà pu convier La Bulle (collectif organisant de la garde d’enfants pendant les moments militants), le FRAP (front révolutionnaire antipatriarcal), l’association féministe Les Impudentes. Les réunions du collectif peuvent aussi être l’occasion d’écouter un podcast, de visionner un documentaire et d’en discuter, toujours dans l’optique d’une pédagogie horizontale. Une fois par mois, Rennes Antisexiste tient une permanence sur le sujet de la contraception testiculaire, avec le soutien et un hébergement du Planning familial. Ces permanences sont des moments destinés à répondre à toutes les questions pratiques concernant les différents moyens de contraception pour les hommes, à faire du suivi le cas échéant ou à fabriquer son propre moyen de contraception. Et l’atelier délivré pendant le festival Nos futurs en donnait un avant-goût.

Parmi les participants et participantes, une vingtaine de personnes, entre 20 et 30 ans en moyenne, tous ont déjà entendu parler de la contraception thermique. « Je savais que ça existait, mais sans en savoir beaucoup plus, j’avais beaucoup d’interrogations », déclare Branwen, 28 ans. Naturopathe de métier, elle souhaitait se renseigner à ce sujet pour être plus à même de conseiller ses patients. « Ça m’intéresse toujours de savoir ce qui existe comme contraception sans hormone. Que ce soit pour homme ou pour femme, on n’est pas très informés là-dessus. »

contraception masculine
© Les Champs Libres / Jean-Adrien Morandeau

Pendant une demi-heure, Max et Roméo de Rennes Antisexiste présentent trois outils de contraception thermique : le slip chauffant, le jockstrap et l’anneau. Trois objets différents dans la forme et le ressenti au porter mais au fonctionnement similaire. L’idée est simple : faire passer la verge et la peau du scrotum à travers l’anneau de façon à faire naturellement remonter les testicules au niveau des canaux inguinaux, là où ils étaient logés avant de descendre quelques mois après la naissance et où ils vont parfois encore se cacher, en cas de grand froid par exemple. 

En les plaquant ainsi contre le corps, la température des testicules monte à 37 °C, empêchant la production de spermatozoïdes (qui se fait normalement à 35 °C). Il faut porter un de ces accessoires 15 heures par jour pendant trois mois pour arriver à un taux inférieur à un million de spermatozoïdes par millilitre de sperme (sachant que le seuil minimal pour que le sperme soit considéré fécondant est de 20 millions de spermatozoïdes par millilitre). Passé ce seuil, la contraception thermique atteint 99 % d’efficacité. Comme la pilule, mais sans hormone et sans effets secondaires connus hormis une très légère perte de volume des testicules pendant le temps de la contraception. Le retour à la fécondité se fait au bout de trois mois. Il convient, pendant le temps de la contraception, de faire régulièrement des analyses de sperme pour vérifier le taux de spermatozoïdes.

contraception masculine
© Les Champs Libres / Jean-Adrien Morandeau

Entre ce suivi médical et le fait de porter 15 heures par jour un accessoire sur les parties génitales, la contraception thermique peut paraître à première vue un dispositif lourd pour des personnes habituées à sentir leurs testicules valser librement dans un caleçon parachute. Précisons d’abord que le ressenti est indolore et qu’avec l’habitude, le slip chauffant, le jockstrap ou l’anneau deviennent tout simplement un sous-vêtement supplémentaire qu’on enfile le matin comme le reste. Ensuite, il faut comparer cette méthode à celles employées par les femmes : pilule, implant, stérilet. On se rend alors vite compte que la contraception thermique présente l’avantage de ne pas jouer sur les hormones et qu’elle est finalement beaucoup moins invasive que ses consœurs féminines. Enfin, faire un spermogramme de façon régulière est loin d’être aussi délicat que le suivi gynécologique, qui peut être subi comme une véritable violence.

La méthode a été inventée au début des années 1980 par un groupe de parole d’hommes à Toulouse, parmi lesquels le docteur Roger Mieusset, ce qui a valu au premier slip chauffant le doux nom de « remonte-couilles toulousain ». Le jockstrap et l’anneau reprennent le principe qui, bien qu’il ait prouvé son efficacité de manière empirique, n’est pas encore officiellement commercialisé. L’anneau Andro-Switch, conçu par Maxime Labrit, a été vendu à plusieurs milliers d’exemplaires jusqu’à ce que l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) exige une certification en tant que dispositif médical qui tarde à être délivrée, faute d’études scientifiques. En attendant, le site qui en faisait la commercialisation propose en lieu et place « de beaux objets en silicone pour décorer votre cheminée, la corne de votre licorne, votre chandelle, votre antenne intergalactique, votre vase, votre obélisque, votre fusée, votre mât de bateau, bref, vous avez compris… ».

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© Les Champs Libres / Jean-Adrien Morandeau

« Un seul médecin prescrit cette contraception en France (et fournit gratuitement un sous-vêtement sur mesure) : Roger Mieusset. Mais les équipes médicales du Planning familial sont en passe de le faire également : à Paris, Grenoble… », nous informe la brochure Les Contraceptions testiculaires du collectif Thomas Bouloù. Les réticences du corps médical et les lenteurs de l’ANSM ralentissent la diffusion de la contraception thermique. Aujourd’hui, ce sont principalement des associations et collectifs militants, le Planning familial en tête, qui délivrent des informations sur le sujet et peuvent proposer des ateliers de fabrication artisanale. « Fabriquer un jockstrap ou un anneau, c’est bien. Mais le plus intéressant est la discussion. On ne veut pas que les gens se contraceptent, mais les informer », rappelle Roméo de Rennes Antisexiste.

« Je ne l’avais jamais considéré, mais vais me pencher plus sur la question pour approfondir le sujet. Et pourquoi pas plus tard tenter l’expérience ». Si comme Romain vous souhaitez en découvrir davantage sur la contraception testiculaire, ne manquez pas les prochains rendez-vous de Rennes Antisexiste.

Rennes Antisexiste sur Instagram

Brochure Les Contraceptions testiculaires

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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