La rédaction d’Unidivers revêt son costume de lutin pour Noël et les fêtes de fin d’année. Entre peintures traditionnelles et photographies loufoques, chaque jour, une nouvelle œuvre à découvrir…

Chaque année, il est attendu. Chaque année, il envahit les rayons des boutiques. Qu’il cache des friandises ou de petits cadeaux, qu’il soit DIY ou acheté, le calendrier de l’avent sonne le début des festivités de fin d’année. Il permet le décompte des jours entre le 1er décembre jusqu’à la veille de Noël et accompagne la vie de tout un chacun pendant cette période. Les adultes sourient avec nostalgie face à l’enthousiasme des plus petits. Chacun attend avec impatience d’ouvrir, jour après jour, la petite fenêtre afin de découvrir la friandise ou cadeau qui se cache à l’intérieur.

L’importance du calendrier de l’Avent dans les foyers est on ne peut plus fascinante. D’où vient cette tradition ? Quelle en est son origine ? Avant les cadeaux, place à un peu d’histoire…

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© Bruno Martins (source : https://unsplash.com/)

Tradition et histoire !

Le Calendrier de l’Avent existe depuis le XIXe siècle et vient d’Allemagne dans le but de faire patienter les chérubins. Il était de coutume de donner aux enfants des images pieuses chaque matin du mois décembre et ce, jusqu’à la veille de Noël. En 1908, le premier calendrier est commercialisé par Gerhard Lang, éditeur de livres médicaux à Munich. En 1920 apparaît le premier calendrier de l’Avent avec des petites portes ou fenêtres à ouvrir. Les premières surprises en chocolat placées derrière ces petites fenêtres arrivent dès 1958 : chacune d’entre elles doivent être mangées jour après jour. Sapin ou maisonnette en bois, guirlandes de cornets ou de chaussettes, etc., sa forme n’a cessé d’évoluer. Aujourd’hui, les calendriers à l’effigie des super-héros Marvel ou princesses Disney affluent dans les rayons dès la fin de la Toussaint, mais pas seulement. Il s’est également ouvert à une multitude de produits afin de satisfaire les grandes personnes (cosmétiques, bières, etc.) et avec l’ascension du DIY et de l’éco-responsabilité, il est devenu une véritable activité créative et pédagogique en amont du mois de décembre.

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© Marcus Spiske (source : https://unsplash.com/)

Pour la première fois depuis sa création (bientôt 10 ans déjà que nous vous informons de l’actualité culturelle bretonne…), Unidivers s’inscrit dans cette dynamique et vous offre un calendrier de l’avent 2020 virtuel. Les fêtes de Noël ont toujours inspiré les artistes, ainsi vous découvrirez chaque jour une nouvelle œuvre. Certaines seront connues, d’autres moins. Elles sont traditionnelles, classiques, contemporaines, intemporelles, décalées ou complètement farfelues. Bref, un calendrier à l’image de la rédaction !

Et surtout, passez de joyeux fêtes de fin d’année !

LE CALENDRIER DE L’AVENT D’UNIDIVERS

25 décembre : Gainsbourg en Père Noël déglingué, Pierre et Gilles

Pierre et Gilles
Gainsbourg en Père Noël déglingué, Pierre et Gilles

Mondialement connus, Pierre et Gilles est le pseudo du binôme d’artistes français composé du photographe Pierre Commoy et du peintre Gilles Blanchard depuis 1976. Leur travail à quatre mains allie peinture et photographie dans un univers à la frontière entre l’histoire de l’art et la culture pop. À la fois acidulé et kitsch, ils mettent en scène anonymes et célébrités dans un décor fantaisiste. Une fois la photographie réalisée, un long travail de peinture commence et ce jusqu’au cadre réalisé par leurs soins.

Dans cette œuvre, le chanteur Serge Gainsbourg revêt le costume du vieux barbu pour un portrait du Père Noël aux antipodes de ce que l’on connaît. La nuit semble claire et lumineuse, mais un Serge Gainsbourg triste et enfermé regarde l’objectif. « Serge était venu avec Lulu. Il aimait bien se faire prendre en photo, il se donnait du mal. Il était soigné dans le choix de ses vêtements. Il était très fatigué, je pense qu’il était déjà malade. Je me souviens qu’ils avaient joué pendant des heures avec Lulu à la maison », racontent les artistes sur le site Inrockuptible.fr.

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24 décembre : La nuit de Noël, Gustave Doré (Non datée)

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La nuit de Noël, Gustave Doré. Non datée. Aquarelle et rehauts de gouache, sur traits de crayon H. 75 ; L. 51,5 cm

Gustave Doré (1832-1883) est l’un des plus grands artistes du XIXe siècle, le public ignore souvent ce qu’est son œuvre. Pourtant ses illustrations se retrouvent dans tous les pans artistiques de notre société. Caricaturiste dans sa jeunesse, il s’est par la suite fait universellement connaître en tant qu’illustrateur professionnel, notamment grâce aux planches gravées, crééés en 1866 pour la Bible. À travers ses images, Doré nous plonge dans un imaginaire fantastique aux détails réalistes.


L’œuvre La nuit de Noël illustre la tradition qui fait de cette fête, la fête des enfants. Au milieu d’une ville vue depuis les toits, sous un ciel étoilé, un ange glisse des jouets, dont les couleurs ne peuvent qu’attirer le regard, dans une cheminée et semble matérialiser la magie de Noël. La scène féerique d’une grande poésie et douceur rappelle les illustrations de contes pour enfant, mais contraste avec les célèbres illustrations que l’on connaît de lui, notamment des contes de Perrault.

23 décembre : Nativité mystique, Sandro Botticelli (1500-1501)

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Nativité Mystique, Sandro Botticelli (1501-1505)

Nativité mystique du peintre italien Sandro Botticelli (1444 – 1510) est considérée comme son dernier chef d’œuvre. Une longue période d’inactivité suivra avant sa mort.

La peinture, seule œuvre datée et signée par l’artiste, est surmontée d’une inscription en grecque : « à la moitié du temps, après le temps… », une référence à l’Apocalypse de Saint Jean, elle signifie l’éternité. Dans cette composition exceptionnelle en trois parties, la crèche ouverte où repose la Trinité est encadrée par des anges dansant dans le ciel et embrassant les gentils sur Terre.

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22 décembre : Noël à la montagne pour les enfants, Plonk & Replonk

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Les éditeurs suisse Plonk & Replonk

Tic tac, tic tac, l’heure approche. Bientôt, une multitude de paquets cadeaux de tout format trouveront refuge sous le sapin dans l’attente d’être déchiquetés par de petits doigts agiles… « Soyez sage, sinon le Père Noël ne passera pas. » Qui n’a jamais entendu ces mots sortir de la bouche des parents ? Pour le plaisir de découvrir un peu plus de l’humour du duo d’éditeurs suisse, Unidivers a sélectionné une seconde carte postale. Les enfants n’ont qu’à bien se tenir…

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21 décembre : Série « Les Saisons », L’Hiver, Giuseppe Arcimboldo (1573)

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Série « Les Saisons », L’Hiver, Giuseppe Arcimboldo

Le peintre maniériste italien Giuseppe Arcimboldo (1527-1593) peint les quatre tableaux de la série « Les Saisons », offerts à Maximillien II de Habsbourg, entre 1563 et 1573.

Véritables natures mortes anthropomorphes et allégories des différents âges de la vie, Arcimboldo représente les saisons sous les traits d’un homme, de l’adolescence à la vieillesse. Chaque portait reprend des éléments de la nature caractéristiques de la saison. Caricatures que l’on peut rapprocher des travaux de Léonard de Vinci ou de Jérôme Bosch, la série est également une glorification de la maison Habsbourg. La diversité des éléments naturels est une manière de montrer que la famille règne sur l’ensemble de la création, animaux et végétaux compris.

La dernière saison de l’année se matérialise sous les traits d’une vieillard dont le visage est constitué de souches d’arbres et la chevelure parsemée de lierre. La cavité de la bouche est comblée par du lichen, la barbe de branches. De nombreuses crevasses parsèment la peau du vieil homme et annonce l’arrivée de l’hiver…

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20 décembre : Merry Christmas, Yoshitomo Nara (1990-2000) (pas fini)

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Merry Christmas, Yoshitomo Nara (1990-2000)

L’artiste japonais contemporain Yoshitomo Nara est principalement connu pour ses peintures douces et naïves, mais agressives, de l’enfance. Ses personnages aux grands yeux expressifs véhiculent tout à la fois : malice, colère, insolence, etc.

Explorant les thèmes de l’isolement, de la rébellion et de la spiritualité, l’artiste est influencé par la culture populaire orientale et occidentale. Merry Chrismas est à l’image de son travail.

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19 décembre : Le Père Noël de Michel Heffe (2020)

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Le Père Noël selon Michel Heffe

Un calendrier de l’avent Unidivers ne peut être complet sans intégrer le travail du dessinateur et humoriste rennais Michel Heffe, bien connu de notre rédaction ! De son vrai nom Michel Deligne, ce septuagénaire 100 % breton s’adonne au dessin et au journalisme depuis le début de sa retraite, pour le plus grand plaisir de notre journal qu’il sait égayer de ses dessins plein d’humour et de fraîcheur.

Les Français ne sont pas les seuls à regretter la fermeture des bars en cette fin d’année… le plus barbu d’entre nous ne devra se satisfaire que du verre de lait déposé à côté du sapin !

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18 décembre : Série « Hypostasi », Roman Tolici

Parlons aujourd’hui d’une série plus que d’une œuvre. La série « Hypostasi » du Roumain Roman Tolici (né en 1974) est composée de onze peintures réalistes ayant pour sujet la religion et les fêtes de fin d’année, plus exactement l’Évangile selon le Père Noël. (En théologie, l’hypostase définit chacune des trois personnes de la Trinité considérées comme substantiellement distinctes.)


L’artiste questionne une nouvelle fois l’être humain et ses angoisses dans un travail à la grande force narrative d’où émane une certaine poésie, bien que sombre. Il aborde ici cette fête d’origine chrétienne, le Christ prend les traits d’un lapin alors que le Père Noël joue le rôle du Saint. Le message semble se passer de mots…

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17 décembre : La diseuse de bonne aventure à Noël, Constantin Makovski (XIXe siècle)

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La diseuse de bonne aventure à Noël, Constantin Makovski (XIXe siècle)

Voyage au pays des tsars pour le dix-huitième jour. Constantin Makovski (1839 – 1915) était un peintre russe de la société des Ambulants, ou Peredvizhniki. En rupture avec l’Académie des beaux-arts de Saint-Pétersbourg et son enseignement, il représentait une vie idéaliste de la vie en Russie.

Dans La diseuse de bonne aventure à Noël, Makovski dépeint une scène de genre où sont réunies sept personnages féminins dont certaines sont vêtues des coiffes traditionnelles russes de l’époque. Les rayons de la lune éclairent la pièce et dirigent notre regard au centre du tableau. Les jeunes femmes épluchent des oignons, font sauter des grains de blé dans le feu afin de connaître le temps qu’il fera et le sort des récoltes… Symbole du retour de la lumière après les ténèbres de la nuit, le volatile semble justement picorer les dites graines sous le regard des jeunes filles.

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16 décembre : Carte de vœux, Mathurin Méheut (1947)

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Mathurin Méheut © Musée de Bretagne, Collection Arts graphiques

Mathurin Méheut (1882-1958) était un artiste pluridisciplinaire – autant peintre, dessinateur et illustrateur que céramiste, sculpteur et graveur, Breton de naissance. Il était également le peintre officiel de la Marine. Parmi les œuvres de l’artiste inventoriées dans leurs collections, le musée de Bretagne conserve une carte de vœux originale écrite de sa main. Au centre de la feuille, ce croquis représente le Père Noël dans son traîneau, tiré par un renne, alors que la correspondance se développe au-dessus et au-dessous de l’illustration. Le fouet dessine l’année 1947.

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15 décembre : Les paysages hivernaux de Frederik Marinus Kruseman (XIXe siècle)

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Frederik Marinus Kruseman, Winter (XIXe siècle)

Frederik Marinus Kruseman (1816-1882) était un peintre flamand. Les enseignements de Nicolaas Roosenboom (1805-1880) et plus tard de Barend Cornelis Koekkoek (1803-1862), deux piliers du romantisme hollandais, le guidèrent et l’influencèrent dans son travail artistique.

Les paysages de Kruseman sont un beau reflet des saisons. À l’instar de l’œuvre présentée aujourd’hui, ses peintures de paysages hivernaux traduisent une atmosphère lumineuse feutrée d’où émane une certaine douceur. Entourés d’arbres dénudés de leurs feuilles et d’une architecture aux allures d’ancien château du Moyen-âge, les enfants s’amusent sur l’étang gelé sous un ciel légèrement ombragé dont le rendu pictural retranscrit avec délicatesse la lumière d’une froide, mais belle, journée d’hiver.

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14 décembre : Illustration de Lettres au Père Noël, J.R.R. Tolkien

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J. R. R. Tolkien n’est plus à présenter. À l’origine de la saga Le Seigneur des anneaux, l’œuvre de sa vie, l’auteur était également un grand conteur d’histoires pour enfants. À sa sortie en 1937, la publication de Bilbo, le hobbit fait d’ailleurs de lui un auteur pour enfants estimé.

Lettres au Père Noël est un recueil qui rassemble les lettres de Tolkien, réponses aux lettres écrites au Père Noël par ses enfants, entre 1920 et 1943. Elles racontent notamment le quotidien du vieil homme en costume rouge à l’approche de Noël. Certaines sont longues et développent de véritables contes comme celle de 1932 qui retrace l’attaque des Gobelins venus s’emparer des réserves de jouets. Le recueil est ponctué d’illustrations, parfois humoristiques, comme celle ci-dessus. On imagine l’ours, les bras remplis de cadeaux, trébuchant dans les escaliers et s’affalant sur le sol. Il faut avouer que l’approche de Noël doit être stressant au Pôle Nord…

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13 décembre : Cindy Sherman, Mrs Santa Claus (1990)

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Cindy Sherman, Mr Santa Claus (1990)

La barbe blanche et le ventre rebondi du Père Noël n’ont plus de secrets pour nous, mais un mystère plane au-dessus de son épouse. À quoi peut bien ressembler la mère Noël ? Dans l’ombre du grand monsieur en costume rouge, un tas d’hypothèses sont possibles…

L’artiste et photographe américaine Cindy Sherman (1954) est connue pour ses mises en scène dans lesquelles elle modifie son corps à l’aide de divers artifices. Dans une pratique où la place de la femme est au centre de ses préoccupations, son univers artistique glisse peu à peu dans l’obscurité et l’horreur. En 1990, la photographe dresse un portrait majestueusement décalé de Mrs Santa. Fardée au possible, la mère Noël n’a plus rien de l’épouse modèle. Elle semble ravagée (peut-être par l’attente interminable du retour du cher et tendre qui visite le monde entier sans elle ?) et se consoler en ingurgitant les biscuits de noël préparés avec amour…

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12 décembre : Les tablettes de Novgorod, « La Nativité »

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Tablette de Novgorod, La Nativité © L’atelier Saint-André

Le Codex de Novgorod, également connu sous le nom de Psaultier de Novgorod, est le premier manuscrit slave, daté du milieu du XIe siècle. Bien que de facture kiévienne, il a été rédigé et enluminé à Novgorod. C’est également dans cet ancien foyer artistique anti-conservateur en perpétuel développement qu’ont été réalisées les tablettes de la cathédrale Sainte-Sophie de Novgorod. À l’instar de « La Nativité », ces petites icônes à double face peintes entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle présentent un travail raffiné représentatives de l’art russe à Novgorod à cette période : les couleurs sont vives, les contours sont privilégiés aux volumes et les carnations tendent plus vers les tons bruns que les teintes olivâtres des visages grecs.

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11 décembre : Andy Warhol, Santa Claus (frome Myths) (1981)

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Andy Warhol, Santa Claus (1981)

Qui eut crû qu’avant d’être le roi du Pop Art, l’Américain Andy Warhol était le roi de Noël ? Pour autant, l’histoire d’amour entre l’artiste et les fêtes de fin d’année a commencé il y a fort longtemps. Au début de sa carrière même, peut-même avant. À son arrivée à New York en 1949, Andy Warhol devient dessinateur publicitaire pour des magazines tels que Vogue et Glamour. Alors qu’il réalise ses première expositions, il crée des cartes de Noël, une vision idéalisée des fêtes de fin d’année, pour divers magasins comme Tiffany’s, entre 1956 et 1962. Andy Warhol ira jusqu’à se glisser dans le costume du Père Noël dans la sérigraphie Santa Claus (from Myths) de 1981.

Cette passion des fêtes de fin d’année peut notamment s’expliquer par son intérêt pour la consommation de masse et la culture populaire, la matière première de son travail. Fête à la fois traditionnelle et commerciale, Noël rassemble en effet toutes les thématiques abordées par l’artiste.

Pour aller plus loin

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10 décembre : Noël vu par le street-artiste toulousain Dran

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© Dran

Le Toulousain Dran est un street-artiste à l’univers marqué par une bonne dose d’humour noir grinçant. Membre du Da Mental Vaporz crew (DMV) fondé en 1999, son travail peuplé d’enfants faussement innocents questionne sur des thématiques sociétales comme la condition humaine et les dérives politiques. Dans un dessin qui n’a nul besoin d’explications, Dran met en scène un Jésus en rogue malmenant férocement le Père Noël, imposteur dans une fête à l’origine religieuse transformée en une joyeuse débauche commerciale.

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9 décembre : Henry Mosler, The Christmas Tree (fin XIXe siècle)

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Henry Mosler, The Christmas Tree (XIXe siècle)

L’artiste américain Henry Mosler (1841-1920) était un graveur sur bois, dessinateur et illustrateur de l’école de Pont-Aven dont la pratique documentait la vie américaine.

Dans The Christmas Tree, le peintre représente une des plus grandes traditions, autant américaine que mondiale : celle de Noël. Dans ce tableau, il prend le parti de montrer le point de vue des enfants. La scène, la petite fille dissimulée derrière la porte de la chambre entrouverte et le petit garçon accroupi, semble retranscrire l’attente et l’impatience de chaque bambin à cette période. Le public semble pris à parti dans cette mission et devient la troisième personne de la pièce. Mais après tout, nous aussi n’avons-nous pas tenté ne serait-ce que d’apercevoir cet être si mystérieux qu’est le Père Noël ? Une certaine douceur et chaleur émane de ce tableau. Peut-être est-ce le choix de la palette de couleurs. Les ombrages du premier plan laisse rapidement place à une plus chaude qui illumine le sujet principal : le sapin de Noël.

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8 décembre : Utagawa Hiroshige, Sanctuaires dans les montagnes enneigées (XIXe siècle)

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Utagawa Hiroshige, Sanctuaires dans les montagnes enneigées (XIXe siècle)

Direction le pays du Soleil-Levant en ce huitième jour de décembre. Utagawa Hiroshige (1797 -1858) est classé dans le panthéon des grands maîtres de l’estampe japonaise, aux côtés de ses contemporains Katsushika Hokusai et Utagawa Kuniyoshi. Il se consacre dans un premier temps aux portraits avant de s’orienter dans les peintures de paysages qui le propulseront au sommet.

Ses estampes subliment la beauté naturelle des paysages du Japon à l’ère Edo et sa maîtrise de la profondeur de champ influencera particulièrement les artistes européens de la fin du XIXe siècle, notamment les impressionnistes, en plein dans la tendance « japonisme ». Les flocons de neige tombent délicatement sur les sanctuaires dans les montagne enneigées et offre une représentation délicate de l’atmosphère du lieu.

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7 décembre : La trêve de Noël de 1914

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L’illustration, dont l’auteur est inconnu, provient d’un journal londonien et représente « la trêve de Noël », évènement historique et profondément humain entre les troupes britanniques, allemandes, françaises et belges de la Première Guerre mondiale.

Quand la guerre éclate l’été 1914, elle emporta sur le champ de bataille des millions d’hommes. Dans les tranchées du no man’s land du front de l’Ouest depuis quatre mois, certains soldats britanniques et allemands cessèrent le feu pendant Noël et le réveillon… Les Allemands placèrent des sapins de Noël à plusieurs endroits du front sur le parapet des tranchées de première ligne, avec bougies et lanternes. Quelques soldats britanniques et allemands sortirent spontanément et sans autorisation de leurs tranchées avec des drapeaux blancs et fraternisèrent. Comme le montre la peinture, ils célébrèrent Noël en s’offrant des cadeaux, buvant et chantant. Certains jouèrent des parties de football improvisées entre les obus.

Du côté des Français, les actes de fraternisation existent également, comme dans la Somme avec la 28e division d’infanterie, la 70e division d’infanterie dans l’Artois ou la 5e division d’infanterie dans la région de Reims. La trêve se prolongea jusqu’au 1er janvier 1915 à certains endroits, mais dans la plupart des cas, elle fut de courte durée. Les autorités militaires y mirent un terme afin d’éviter que les fraternisations se reproduisent et se concrétisent par des actions pacifiques. Toutes les photos prises lors de la trêve ont été détruites, mais certaines arrivent à Londres et ont fait la une des journaux…

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6 décembre : Richard Avedon, Christmas Boy (1965)

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Richard Avedon, Christmas Boy (1965)

Avouons que les vitrines de Noël savamment pensées par les commerçants ont le don de faire briller les yeux. Elles brillent, s’illuminent, parfois s’animent : c’est la magie des fêtes de fin d’année.

Photographe de mode et portraitiste américain reconnu pour ses clichés expressifs et vivants, Richard Avedon (1923-2004) capture Christmas boy en 1965. Derrière une vitrine, l’artiste capture l’expression émerveillée de l’enfant en train d’admirer les boules de Noël. L’image en noir et blanc se suffit à elle-même. Nous avons tous connu et eu ce sourire.

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5 décembre : Affiche « Au bon Marché », Wagner J. (1902)

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Affiche « Au Bon Marché » de Wagner J. Imprimerie Chaix (Imprimeur), Papier (Chromolithographie), 1902 © Musée de Bretagne, Collection Arts graphiques

Avant les panneaux publicitaires aux lumières criardes et l’avalanche de publicités à la télévision à l’approche de Noël, il y avait les affiches. Apparues à la fin du XVIIIe siècle, mais particulièrement en vogue à la fin du XIXe siècle, des artistes se spécialisèrent dans la conception d’affiches. Elles devinrent de véritables œuvres aujourd’hui conservées dans les collections des musées.

En fouinant sur le portail des collections du musée de Bretagne, Unidivers a repéré une petite perle : une affiche de 1902 réalisée pour la boutique « Au Bon Marché » à la période Noël. Aujourd’hui temple du luxe, il est un des magasins les plus prestigieux de la capitale, peut-être même le plus emblématique, car le premier de tous. Bien avant Printemps (1865) ou les galeries Lafayette (1894). Au début, ce n’était qu’une simple mercerie ouverte en 1838 par les frères Videau, puis elle est devenue en l’espace de quelques années le temple de la vente de détail et de la consommation. Près de 150 ans après, le groupe LVMH de Bernard Arnault rachète la boutique (1984) et la renomme « Le Bon Marché ». (source)

L’affichiste Wagner J. représente Pierrot survolant les bâtiments du magasin, de nuit, au-dessus des rues de Sèvres, Babylone, du Bac et Velpeau. Il tient un polichinelle dans une main et des petits jouets dans l’autre. L’appel des fêtes et des cadeaux…

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4 décembre : L’esprit de Noël de Banksy (2019)

À l’approche des fêtes de fin d’année, l’anonyme le plus célèbre du street-art a offert un cadeau à la ville de Birmingham, en Angleterre. Reconnu pour ses fresques murales poétiques, généralement sur fond de politique, Banksy alerte cette fois sur la situation des sans-abri en cette période. Avec ses pochoirs habituels, le street-artiste représente deux rennes majestueux qui s’apprêtent à s’envoler. Mais en lieu et place du Père Noël et du traîneau traditionnel débordant allègrement de cadeaux, les rênes sont attachés à un banc public où un sans-abri a élu domicile… Le trompe-l’œil est on ne peut plus efficace et parle de soi. « Dieu bénisse Birmingham. Pendant les 20 minutes que nous avons filmé Ryan sur son banc, les passants lui ont donné des boissons chaudes, deux barres de céréales et un briquet – sans qu’il demande quoi que ce soit », a écrit Banksy sur son compte Instagram.

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3 décembre : La Vierge à l’enfant, Catacombe de Priscille à Rome (IIe siècle)

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Représentation de la Nativité de la catacombe de Priscille, à Rome. IIe siècle.

La Nativité est un des thèmes les plus anciens de l’Histoire de l’Art et certainement le plus représenté. Celle présentée en ce 3 décembre date du IIe siècle et a été découverte dans la catacombe de Priscille (Rome). C’est la première image de la Vierge que nous connaissons. À cette période, les chrétiens ne sont pas encore tolérés dans l’Empire romain et vivent dans la clandestinité, exprimant leur foi en toute discrétion, dans les catacombes.

Le dessin est abîmé par le temps. On discerne à peine une mère et son enfant, une étoile les surplombe et à gauche se trouve une seconde personne. Dans l’ouvrage Noël sous le regard des peintres, l’auteure Éliane Gondinet-Wallstein identifie la scène : « l’étoile est celle qui a guidé les mages d’Orient vers le nouveau né Jésus, selon l’Évangile de Matthieu et la femme est Marie, sa mère. » Quant au personnage de gauche, il s’agit d’un prophète. « Il tient un des rouleaux […] de textes bibliques dans sa main gauche. On s’accorde à reconnaître en lui Balaam, le personnage biblique qui avait annoncé le Messie attendu par les Hébreux en ces termes : « une étoile se lève, issue de Jacob, un spectre se dresse, issu d’Israël ». »

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2 décembre : « Le groupe Noâques », Plonk et Replonk

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Plonk & Replonk est un collectif d’éditeurs suisse – Jacques Froidevaux, Hubert Froidevaux et Miguel-Angel Morales – passé maître dans l’art du détournement depuis leur création en 1995. Spécialisé dans les photos-montages, sur la base de cartes postales de la Belle Époque (1900), leurs créations titillent gentiment la société et enfonce joyeusement le clou. Aucun sujet n’est tabou. L’accumulation d’absurdité à la suisse, en particulier dans les légendes, s’ajoute à l’humour grinçant.

Les fêtes de fin d’année ne sont bien entendu pas épargnées. La mondialisation se retrouve ici sous le feu des projecteurs dans une caricature farfelue, saupoudrée d’une pointe de critique, digne des éditeurs. On adore !

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1er DECEMBRE : Les Frères Limbourg, Les Riches Heures du Duc de Berry, « le mois de décembre » (XVe siècle)

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Les Frères Limbourg, Les Très riches heures du duc de Berry, manuscrit du XVe siècle. Enluminures des mois de l’année (vignette du mois de décembre en bas à droite)

Les Très Riches Heures du duc de Berry est un manuscrit richement enluminé (206 feuillets), un chef-d’œuvre du Moyen-Âge. Commandé par le duc Jean 1er de Berry (1340-1416), l’un des frères du roi Charles V le Sage, les maîtres d’œuvres initiaux du projet sont les frères Hermann, Paul et Jean Limbourg, en 1410. Cependant, la réalisation du manuscrit s’étendra bien au-delà après la mort du duc, de 1410 à 1485. Et les frères enlumineurs étant morts la même année que le mécène, d’autres se sont chargés de le terminer : Barthélémy d’Eyck, originaire des Flandres, et Jean Colombe, établi en Savoie.

Les douze miniatures, en tête d’ouvrage, illustrent les mois de l’année et les constellations. Le mois de décembre est le mois où l’on tue le cochon, mais l’enlumineur a préféré représenter une chasse à courre au sanglier, dans la forêt de Vincennes (Paris). La scène brutale et réaliste représente des chiens qui s’acharnent sur un sanglier, symbole du roi d’Angleterre, sous les yeux du veneur et du sonneur. C’est l’hallali. Toute la scène est dominée par le château, construit par le roi Charles V pendant la guerre de Cent Ans.

Pour aller plus loin : Ici et

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