Elnathan John est né en 1982 au Nigéria, avocat de formation, il se passionne pour l’écriture, publie des nouvelles qui attirent l’attention du monde de l’édition : on le presse d’aller plus loin et il sort là un premier roman, Né un Mardi, qui fait mouche et augure peut être d’une belle carrière littéraire.

Né un Mardi

 

Dantala est un jeune adolescent de l’ethnie Haoussa, il s’appelle Dantala parce que né un mardi, ce qui est assez commun dans plusieurs cultures de l’Afrique de l’Ouest où il est d’usage de donner comme prénom le jour de naissance. Les Haoussas sont un peuple de cette partie de l’Afrique réparti principalement entre le Nord du Nigéria et le Niger avec des extensions vers les états limitrophes : Cameroun, Tchad, Bénin, Ghana, et jusqu’au Soudan sur les routes du Hadj (Pèlerinage à la Mecque). C’est un peuple vivant de manière prédominante de l’agriculture. Du point de vue religieux il est majoritairement islamisé mais cet Islam est lui-même fortement teinté de pratiques animistes tel le Bori commun à d’autres cultures proches. Autant dire que ces croyances mêlant des saints guérisseurs locaux équivalents des marabouts du Maghreb et autres djinn ne sont pas vraiment conformes à la doxa des salafistes sponsorisés par l’Arabie Saoudite pour qui cette Afrique est une terre de mission qu’ils arrosent d’argent et de prêches.

Né un Mardi

Dantala a été envoyé dans une école coranique de Bayan Layi où il s’est révélé plutôt appliqué et doué pour les langues et pour qui tout ce qui arrive est la volonté d’Allah. Suite au décès de son père, sa famille ne peut plus payer son école et il s’en est échappé pour rejoindre un groupe de « petites frappes » moitié voleurs de rue, moitié nervis d’un parti politique. Des émeutes suivent des élections perdues, la police tire, Dantala perd certains de ses amis et doit fuir. Se rapprochant de sa famille, il arrive à Sokoto où il trouve refuge auprès d’un Imam salafiste, qui s’intéresse à lui car il a compris que le gamin est intelligent. Il se découvre un ami Gabriel ou Jibril, frère d’un converti auprès de qui il apprend l’anglais en lisant comme un forcené tout ce qui lui tome sous la main. Il gagne peu à peu sa place auprès de son Maître, tombe amoureux, retrouve ses frères convertis au chiisme autre cible des salafistes. Un imam autoproclamé crée dans la région un maquis version « Boko Haram » et tout s’enflamme…

Un livre passionnant sans préjugé, une réelle maestria de l’écriture, curieusement on s’immerge facilement dans le milieu et on sympathise très vite avec certains personnages. Le livre apporte beaucoup d’informations pour mieux comprendre cette zone d’affrontement des cultures et des religions ou tout n’est pas complètement noir ni totalement blanc. Un roman que l’on referme presque à regret de ne pas pouvoir suivre plus loin son héros.

Né un Mardi premier roman d’Elnathan John, publication : 18/01/2018, nombre de pages : 272, ISBN : 979-10-226-0727-8, Prix : 18 €, Éditeur : MÉTAILIÉ.

Titre original : Born on a tuesday
Langue originale : anglais (Nigéria)
Traduit par : Céline Schwaller

Elnathan John

Elnathan John est un avocat, écrivain et satiriste nigérian. Il a étudié le droit à l’Université Ahmadu Bello de Zaria. Il écrit pour le Sunday Trust. En 2013, sa nouvelle Bayan Layi, publiée dans Per Contra, a été sélectionnée pour le prix Caine. Sa nouvelle Flying est retenue à nouveau en 2015.

Son premier roman, Né un mardi (Born on a Tuesday), encensé par la critique, a été publié au Nigeria (2015), en Angleterre, aux États-Unis et en Allemagne. Il est choisi pour le prix de littérature NLNG, le plus important prix littéraire nigérian. Elnathan John vit entre l’Allemagne et le Nigeria.

 

Marc Gentili
Marc Gentili vit à Rennes où il exerce sa mission de médecin anesthésiste. Il est passionné par les sciences humaines et le cinéma.

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