Dans le cadre de la 4e édition de son Festival PRISME – Argentique du futur, l’association Mire vous invite à découvrir l’exposition « Mutations – Migrations, métamorphoses du cinéma », dont les œuvres, partant des propriétés et composantes intrinsèques du cinéma argentique, questionnent sa nature, ses conditions de réception et les liens intimes entre les différentes formes artistiques. Du 1er au 23 décembre 2021 à la galerie L’Atelier à Nantes.

Ce festival incontournable orchestré par l’association Mire vous donne rendez-vous du 1er au 23 décembre pour sa quatrième édition. Unidivers a rencontré Chloé Beulin, chargée de programmation Arts Visuels chez Mire, qui a accepté de nous faire une visite guidée de cette exposition rare, originale et riche en informations et en œuvres inédites. C’est d’ailleurs la toute première fois que Mire réalise une exposition à L’Atelier. Autant dire que la taille du lieu est parfaite pour laisser la place nécessaire aux œuvres présentées. Ces huit œuvres, assez différentes les unes des autres, vous feront découvrir le cinéma sous différentes formes et mettront à l’honneur l’argentique avec un grand A. Pour vous donner un avant-goût de cette exposition inédite, la rédaction vous en dit un peu plus (mais pas trop) sur les créations présentées.

Focus tout d’abord sur Light Spill conçue par Sandra Gibson et Luis Recoder, un duo d’artistes américains travaillant à New-York. Tous deux se questionnent sur la dimension philosophique du cinéma : qu’est-ce que le cinéma ? Quelle est son essence ? Ou encore comment l’étudier à travers les décennies ? Light Spill est une tentative de réponse puisqu’elle illustre en quelque sorte le passage de l’argentique au numérique. Est-ce la fin d’une ère ? Une page qui se tourne ? La particularité de cette œuvre est qu’elle évolue au fil de l’exposition car la bobine de film qui se déverse sur le sol continuera de s’agrandir au fil des jours.

Gif analogue Still life with fries, Rebecca Erin Moran.

Pour cette exposition, une salle a spécialement été pensée et organisée afin de démontrer et d’exposer les liens intimes, invisibles au premier abord, qui se font entre cinéma et peinture. Chloé Beulin nous raconte : « Dans l’histoire de l’art, nous constatons de nombreux enchainements des techniques artistiques. La photographie est arrivée à la suite de la peinture, le cinéma a posé la question de la disparition du théâtre. De même, le passage de l’argentique au numérique a fait émerger les questionnements sur l’extinction du premier. Cependant, nous constatons que tous ces arts continuent de coexister ». En passant par cette salle, vous découvrirez Still life with fries et 4meters is 21seconds de l’artiste Islando-américaine Rebecca Erin Moran. Ces œuvres, mêlant humour et technique, abordent des réflexions sur les thématiques de la temporalité, de l’effacement, et des ponts artistiques entre les différentes époques.

Si vous vous questionnez à propos des différents types ou formats de pellicules qui existent depuis la naissance du cinéma, le réalisateur Johann Lurf vous éclairera grâce à son tableau Film and Form, un inventaire visuel et exhaustif haut en couleurs. Cette œuvre démontre un lien évident avec la peinture abstraite et matérialise une véritable recherche sur les formes, couleurs et codes de l’argentique que l’artiste cherche à compléter aujourd’hui encore en poursuivant ses explorations.

Vous n’aurez qu’à pénétrer dans la salle suivante pour effectuer un voyage dans l’univers de l’artiste prolifique française de cinéma expérimental Cécile Fontaine. Cette dernière dispose d’une technique de création qui lui est propre et réalise un travail original en unissant collage, technique purement plastique, et cinéma. Pour ce faire, elle récupère différentes pellicules de films déjà tournés qu’elle « décortique », décolle, recolle, superpose … Un travail minutieux et exigeant dont vous pourrez saisir l’essence en vous baladant entre ses différentes œuvres – Space Oddities, Mozaic, Almaba, Cruises, Japon Series dans cette salle composée d’installations de films originaux en Super 8 et 16mm, de projections de diapositives, films numérisés et d’un court documentaire à propos de sa technique de création.

Direction ensuite dans une « chambre noire », au sein de laquelle est installée l’œuvre Motion Picture de la grande figure du cinéma expérimental Peter Tscherkassky. À travers cette réalisation, le cinéaste autrichien rend un hommage aux frères Lumières, puisqu’il réalise un montage à partir de leur court-métrage La Sortie de l’usine Lumière à Lyon (1895), considéré comme l’un des premiers films de l’histoire du cinéma. L’artiste a minutieusement assemblé plusieurs bandes qui, placées les unes à côté des autres, forment un duplicata du photogramme de l’œuvre initiale des pères fondateurs du cinéma. Une fois placées devant un projecteur lumineux et projetées dans la pièce, ces bandes de 16mm offrent un spectacle fait d’obscurité et de lumière alternant entre absence et présence de sens figuratif. Un montage qui mêle antiquité et modernité et offre différents angles de vue de ce film mythique.

L’installation Continuization Loop de l’artiste Wim Janssen vous hypnotisera à coup sûr. Pas de projection, ni de vidéo, ou encore de numérique. Rien qui ait trait au cinéma dit « moderne ». Pourtant, cette œuvre entièrement mécanique et réalisée avec une seule et même bande de film de 35 mm, fait un pont entre les différents mediums et constitue une réelle illusion d’optique lancinante faisant tout autant écho à la neige télévisuelle d’antan qu’au système binaire du digital. Autre fait surprenant : « Cette œuvre s’active quand on s’en approche et prend corps quand il y a un visiteur présent. Quand on n’est pas là, elle ne vit pas », explique Chloé Beulin.

Continuization Loop, Wim Janssen (installation impressionnante qui s’active en présence d’un visiteur)

Enfin, l’exposition invite les visiteurs à entrer dans une salle intimiste et mystique, une sorte de « chambre confidentielle ». Cette installation cinématographique, Can People See me Swallowing a été conçue par Louisa Fairclough en collaboration avec le compositeur Richard Glover, la choriste Karen Middleton et la photographe Milo Newman. Constituée de sons, chants, jeux de lumières et photographies, cette œuvre imposante est inspirée du carnet de croquis et de poèmes d’Hetta Fairclough, sœur de l’artiste décédée en 2008 à l’âge de 35 ans. À travers cette installation, Louisa Fairclough désire retranscrire les thèmes de la dépression, l’anxiété et la complexité de l’être évoqués dans les poèmes de sa sœur. Le titre Can People See me Swallowing, présent au centre d’un des croquis réalisés par la défunte, fait référence aux troubles connus par Hetta Fairclough de son vivant. Au sein de l’installation de Louisa Fairclough, ils sont symbolisés par les chants puissants d’une artiste lyrique comme une sorte de « cristallisation de ces troubles liés à la dépression donnant l’impression de ne pas pouvoir exprimer sa rage, sa colère ou sa frustration », détaille Chloé Beulin. Un hommage vibrant.

Pour découvrir de vos propres yeux les œuvres inédites de cette exposition réalisée dans le cadre de la 4e édition du festival PRISME, rendez-vous à L’Atelier du 1er au 23 décembre 2021.

Les samedi 18 et dimanche 19 décembre de 10h à 18h, l’association Mire organise, dans ses locaux, un workshop (atelier collaboratif) en compagnie de l’artiste Cécile Fontaine.

INFORMATIONS PRATIQUES

MUTATIONS – MIGRATIONS, METAMORPHOSES DU CINEMA

Exposition du 1er au 23 décembre 2021

Horaires de l’exposition

Du mardi au samedi : 13h à 19h

Le dimanche : 11h30-13h30 / 14h30- 18h

Tarif 

Gratuit

Adresse Galerie L’Atelier

1 Rue Châteaubriand

44100 Nantes

Visites commentées de l’exposition

les mercredis – 17h

les samedis – 15h

les dimanches – 11h et 12h (visites flash retour de marché) + 16h

MIRE

17 rue Paul Bellamy

44000 NANTES

info(at)mire-exp.org

+33 2 40 89 78 07

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