Froide, mais pas roide la musique de We Wolf. Movements leur premier EP fait figure d’une symphonie cold-wave mouvante et émouvante. Épiques, lyriques autant qu’énergiques, les cinq chansons de Movements ravivent la joie bienfaisante de se trémousser sur des rythmes et des sentiments glacés…

WE WOLFComparaison n’est pas raison. Certes. Mais ici en l’occurrence si les influences résonnent, elles réjouissent, car elles ne cherchent pas à singer, mais à retrouver aux sources les musiques post-punk et cold-wave. Chez WE WOLF, Killing Joke croise les Sisters of Mercy sur le sentier ombragé qui mène à un lieu musical secret où Ultravox rejouerait l’album Seventeen seconds de The Cure. Mais trêve de comparaisons vieillottes puisque cette jeune meute joue bel et bien une musique d’ici et de maintenant. Overture, au titre évidemment bien choisi, est une sculpture glaciale et galactique composée d’une somptueuse plage d’orgue hiératique qui dérive en une rythmique synthétique schizophrène. S’il fallait se laisser aller encore aux comparaisons; disons le tout net c’est à la beauté équivoque et tragique de l’univers de Blade Runner que nous songerons. Nous voici bien préparés pour marcher d’un pas ferme dans le paysage sonore de Fugitive, sorte de fugue cold-wave aux ambiances de douces terreurs savamment travaillées.

WE WOLFOn sort de la brume avec le mélancolique Primal et ses lignes de claviers aux saveurs d’aurores mélancoliques. Si l’ouverture de ce titre est tout de déchirements primaires et de langueur grise et coupante, le brio de cette composition est de finir par offrir une espérance pop rayonnante. C’est le sentiment général qui prévaut. Les harmonies vocales de Tom et son clavier sont justement équilibrées, en balance constamment productrice avec les guitares tantôt tranchantes tantôt crépitantes et suppliantes d’Alexis. Le frénétique Érosion, son gimmick de clavier aux relents de Suspiria, son break parfait vacillant avec bravoure entre, metal, cold wave lyrique et indus en est l’illustration parfaite. Pour broder tout ça, il faut généralement une section rythmique qui ne démérite pas… Chez We Wolf, pas d’inquiétude, Valentin à la basse et Pierre à la batterie assurent avec une insolente subtilité la rigueur ou l’implacable tachycardie de la pulsation.

WE WOLFQu’il est bon de se faire du bien en dansant sur des hymnes à la tristesse scintillante. Movements est donc une vraie réussite maîtrisée de bout en bout. Tout en finesse, chaque titre évoquera, bien sûr, des souvenirs d’émotions musicales antérieures. Ceux-ci ne seront, malgré tout, jamais des relents. On ne sent ici aucune volonté de plagiat, ni même d’hommage un peu cérémoniel (et donc pompeux). Non, la sincérité est flagrante. C’est ainsi que s’exprime l’âme collective des quatre musiciens. Et l’efficacité est au rendez-vous. Nous ne doutons pas qu’il en sera de même en « live » ! Que la glace bienfaisante de We Wolf se mêle à la chaleur volatile d’un public ému et emballé comme sur ce dernier et captivant titre, Fever

Groupe We Wolf Movements, un premier EP de cinq titres

Le vendredi 24 février à partir de 20h00 au 4Bis, Rennes, soirée concert pour la réalisation de Mouvements ! avec une expo de Léna Descottes qui a réalisé le visuel du EP et plein d’autres surprises. Entrée libre.

 

Article précédentVannes JAZZ EN VILLE du 22 au 31 juillet 2017, l’arrivée du jazz en Europe !
Article suivantLinguistique. TOKI PONA, la langue la plus simple du monde ?
Thierry Jolif
La culture est une guerre contre le nivellement universel que représente la mort (P. Florensky) Journaliste, essayiste, musicien, a entre autres collaboré avec Alan Stivell à l'ouvrage "Sur la route des plus belles légendes celtes" (Arthaud, 2013) thierry.jolif [@] unidivers .fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici