Daniel Nayebi Mes ami.es m'appellent Daniel
Mes ami.es m'appellent Daniel de Cédric Cherdel avec Daniel Nayebi, association Uncanny.

Par le biais de la danse, du chant et du jeu, Daniel Nayebi partage au plateau la culture afghane. Dans Mes ami.es m’appellent Daniel, l’interprète nous livre ses humeurs et envies présentes. Ce récit autobiographique conçu par le chorégraphe Cédric Cherdel se jouera au Triangle le vendredi 29 mars 2024, à Rennes. Rencontre avec les deux artistes. 

Cédric Cherdel et Daniel Nayebi ont emprunté bien des routes avant de se rencontrer et de créer ensemble le spectacle Mes ami.es m’appellent Daniel, programmé au Triangle ce vendredi 29 mars 2024 à Rennes. « Ce ne sont que des chemins détournés », raisonne Cédric Cherdel en évoquant son parcours. Au cours de ses études, l’artiste a sillonné le théâtre, la danse, le cinéma, le cirque, la photographie et les arts plastiques. « Je pense que la question du corps a toujours été présente. Ça a toujours été une espèce de fil souterrain », souligne Cédric. Marqué par le cinéma burlesque de Chaplin et Keaton, mais aussi par les questions de rythme que soulève le travail de Maguy Marin et celui de Meredith Monk pour la voix, le chorégraphe se laisse porter par sa curiosité et ses interrogations présentes.

Daniel Nayebi, quant à lui, a grandi en Afghanistan, entouré de sa famille. L’interprète, s’il n’a pas de formation professionnelle, a toujours pratiqué la danse afghane, « que l’on faisait en famille, lors de fêtes, de mariages… », précise-t-il. En 2015, Daniel décide de quitter son pays natal pour fuir la pauvreté, la violence, les bombardements et le manque de libertés. Il s’installe d’abord en Suède jusqu’en 2019 puis, suite au refus de sa demande d’asile, arrive en France. À la suite de rencontres, il décide de venir vivre à Rennes. L’artiste est particulièrement sensible au cinéma et au travail de comédien : « Ça m’intéresse de raconter des histoires et d’incarner plusieurs personnages. Peut-être que, dans la vie, on ne sait pas ce que c’est que d’incarner d’autres personnages », s’interroge-t-il. La danse est également une source d’inspiration pour Daniel Nayebi. En 2022, lors de sa participation au festival À Corps à Poitiers, il découvre le travail de (LA)HORDE avec Room with a view : « Je suis quelqu’un qui, dès qu’il voit un truc, ça lui inspire des mouvements, des choses qu’on ne remarque pas toujours », sourit Daniel. 

Cédric Cherdel
Daniel Nayebi
Cédric Cherdel et Daniel Nayebi

En 2013, Cédric Cherdel crée l’association Uncanny, basée à Nantes, avec laquelle il monte ses créations et collabore avec différentes structures autour d’ateliers : « Je défends le fait qu’il n’y a pas d’action culturelle et que tout est création. Les créations se font avec tout type de public », insiste le chorégraphe.

« L’idée est de travailler sur la rencontre, comment se rencontre-t-on, que fait-on ensemble ? »

Cédric Cherdel

En 2019, Cédric est invité à faire une création pour le projet Déplaces porté par l’association Danse à tous les étages. Une à deux fois par semaine, l’artiste travaille avec un groupe de mineurs isolés : « Daniel est arrivé au milieu, parmi d’autres qui entraient et sortaient du projet. Il est resté jusqu’à la fin », se souvient-il. Avec Zobaïr Noori, un autre participant, Daniel propose à Cédric de poursuivre leur travail ensemble : « Cette rencontre-là était pour moi très particulière. C’est celle-là qui m’a emmené loin dans les projets de danse », raconte le comédien. Cette première expérience les mène à créer tous les trois le spectacle Daniel et Zobaïr en 2021, en lien avec une lecture de Cédric Cherdel du texte de Simone Weil L’Enracinement – Prélude à une déclaration des devoirs en l’être humain. Le spectacle tourne alors pendant trois ans et donne lieu à la réalisation d’un court-métrage pendant la période du Covid : L’Enracinement.

« Ça m’intéressait de faire une pièce avec des personnes qui sont expatriées, pour réfléchir à la manière dont on se construit à partir de là où on est. »

Cédric Cherdel. 

Mes ami.es m’appellent Daniel est une réécriture de cette première pièce dans un seul en scène où Daniel Nayebi sera accompagné du musicien afghan Abdullah Rezai pour la représentation du 29 mars 2024 au Triangle. Entre autoportrait chorégraphique et témoignage, l’interprète partage « ce qui se passe en ce moment et pas ce qu’il s’est passé ces dernières années », explique-t-il. Daniel fait le récit de ses questionnements et réflexions par le biais du jeu, de la danse et de la musique. Au cours des représentations et des résidences de travail, la forme du spectacle évolue, altérée par le présent : le texte, la musique et la danse peuvent varier en fonction de ce qui évolue dans sa propre vie. 

 « L’idée était aussi de montrer la culture afghane. Pour les gens qui ne la connaissent pas forcément, je voulais le montrer par la danse, la musique, le chant. »

Daniel Nayebi

Dès les prémisses de la création, les artistes ont décidé de ne pas faire de l’immigration un des sujets du spectacle : « Ça a été une des clauses fixée dès le début par Daniel et Zoobaïr », affirme Cédric Cherdel. Mes ami.es m’appellent Daniel s’est construit autour d’une écriture en direct : en partant d’une question du chorégraphe, pour lancer la parole, Daniel développait un texte qu’ils affinaient ensuite. « On le joue de façon rythmique, en essayant de ne pas être dans un one man show. Ce sont des débits de paroles très différents, très choisis, beaucoup plus lents et dans une adresse à la fois très simple et essentielle », relate Cédric. Dans cette recherche de simplicité du langage, sans sur-jeu ni édulcoration de la parole, le chorégraphe aiguille Daniel sur la qualité de ses mouvements en partant des propositions que lui fait l’interprète, tel un dialogue. 

Daniel Nayebi
Daniel Nayebi

En lien avec le spectacle Mes ami.es m’appellent Daniel, les artistes, en collaboration avec le Triangle, proposent un espace de rencontre autour de la culture afghane : des ateliers, notamment de danse afghane animé par Daniel Nayebi, mais aussi une exposition réalisée en 2019 par François Lepage dans le cadre du projet Déplaces de Danse à tous les étages, Traces Inouïes, visible jusqu’au 10 avril 2024 au Triangle. Un repas afghan préparé par l’association Au P’tit Blosneur est également prévu le soir de la représentation (sur réservation). 

Au mois de mai 2024, Mes ami.es m’appellent Daniel poursuivra son chemin au festival Tanzpol à Berlin. Cédric Cherdel présentera également sa prochaine création, Safari, le 12 avril 2024 au Cargo à Segré-en-Anjou-Bleu, dans le cadre du temps fort « Soyez temps danse » : « C’est un projet plateau avec cinq interprètes, une sorte d’ethnographie fictionnelle qui évoque la question de notre relation à la nature et au sauvage », éclaircit le chorégraphe. 

Enfin, Daniel Nayebi partage son temps avec son travail dans la restauration et nourrit son envie « de faire plus de projets artistiques et cinématographiques », raconte-t-il. 

Mes ami.es m’appellent Daniel de Cédric Cherdel, avec Daniel Nayebi, le vendredi 29 mars 2024 au Triangle

Boulevard de Yougoslavie, 35200 Rennes

À 21h / Durée : 45 min

9€ tarif unique / 4€ SORTIR ! / 2€ SORTIR ! enfant / 6€ > adhérent·es du CPB

Billetterie

Repas afghan par l’association Au P’tit Blosneur à 19h30 sur réservation (7 ou 12€)

Vernissage de l’exposition Traces Inouïes et rencontre avec François Lepage le vendredi 29 mars 2024 à 19h

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