C’est l’histoire d’une souris. Espiègle, joueuse et talentueuse. Elle aime la musique et se prendrait presque pour un génie musical. Heureusement Joor et Smudja sont là pour, dans leur BD Mausart, extraire le vrai du faux. Un petit bijou pour les moyens… et les grands.

BD MAUSART

La couverture magnifique étonne : une souris perruquée nous regarde avec un air espiègle. Pourquoi pas ? Mais le titre nous fait penser à une énorme faute d’orthographe. « Mausart » ! Alors « MAUS-ART », la souris et l’art ? Ou MAUS de ART Spigelman, ce chef-d’œuvre de la BD, ou les souris figurent les juifs pendant la période nazie ? Ou encore « Mozart » ? Un mélange de tout cela en fait, puisque le scénario de Thierry Joor et le dessin de Gradimir Smudja revisitent l’éclosion d’un jeune prodige musical nommé Mausart, qui n’est rien d’autre qu’une petite souris mélomane. Le lecteur désormais avisé peut ainsi se laisser aller au plaisir d’une lecture enjouée pleine de surprise et de bonheur.

BD MAUSARTLes amateurs de BD connaissent Smudja exceptionnel dessinateur qui a défrayé la chronique en revisitant l’histoire de l’art à sa manière, entre pastiche et parfaite copie, narrant un « Vincent et Van Gogh » hors-norme ou un Toulouse Lautrec désopilant dans « Le Bordel des Muses ». Cette fois-ci il s’attaque à la musique dans un conte animalier s’inspirant du célèbre musicien autrichien. Le petit Mausart vit avec sa famille et ses six frères et sœurs dans un piano, mais pas dans n’importe lequel, celui du loup Salieri. En l’absence de ce dernier, le petit Mausart joue de ce piano, les fenêtres ouvertes, séduisant par sa musique le couple royal dont le carrosse passe dans la rue. Salieri est convoqué à la cour pour rejouer l’air entendu. Il faut alors retrouver le phénomène et le contraindre à rejouer le chef d’œuvre.

BD MAUSARTSur ce scénario enlevé, c’est l’occasion pour Smudja de confirmer son immense talent. Par son dessin il rend grâce à la musique du Maestro et Mausart, sautant de touche en touche sur le piano de Salvieri, malgré le silence du papier, restitue à la perfection la dimension d’un chef-d’œuvre musical que figurent simplement des portées. Les souris rappellent celles de la « Famille Souris » du japonais Kazuo Iwamura et l’occasion est trop belle pour le peintre d’origine yougoslave de dessiner de grandes planches sous forme d’un bestiaire coloré et richement vêtu. Un rhinocéros au monocle côtoie une noble femelle kangourou au décolleté pigeonnant alors qu’une girafe dans les loges s’effraie à côté d’un placide éléphant au teint vert de noblesse épuisée. L’œil se régale, ébloui par les couleurs magistralement posées.

BD mausartAvec une mise en pages audacieuse qui se méfie des cases sagement ordonnées, on se retrouve sous les lustres d’un palais royal fastueux et l’on prend de nombreuses minutes à détailler les magnifiques illustrations riches de détails étonnants. Ce trop court récit, heureusement suivi d’un deuxième volume « Mausart à Venise » à paraitre, est accompagné de 14 pages supplémentaires de croquis, d’esquisses, de « saynètes visuelles », de « plaisirs sucrés proposés gracieusement en fin de repas, par un chef étoilé », comme l’écrit si justement le scénariste.

BD mausartÀ la fin de l’histoire, sous un ciel d’été une musique magique sort des fenêtres du domaine royal. Deux gardes tendent l’oreille, subjugués. « Pour l’éternité alors, Wolfgang Mausart intitulera ce morceau la Flûte enchantée ». Un enchantement que prolonge cette BD à qui il ne manque qu’une chose : un CD à écouter en lisant cet ouvrage destiné aux jeunes comme aux grands.

BD Mausart. Scénario : Thierry Joor. Dessins et couleurs : Gradimir Smudja. Éditions Delcourt. 48 pages. 14,50 €. EAN : 978 2 4130 0258 1.

MOZART A PARIS DUCHAZEAU

Mozart est décidément très courtisé par la BD puisque simultanément parait chez Casterman le magnifique Mozart à Paris de Frantz Duchazeau. Le génie arrive en 1778 dans la capitale française pour échapper à l’étroitesse de Salzbourg et à l’emprise de son père. Une BD qui colle cette fois-ci à la réalité et explore un épisode peu connu de la vie du compositeur.

Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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