Les yeux fermés, dernière création du chorégraphe Mickaël Le Mer, sera présentée les 9 et 10 décembre 2022 au Triangle, cité de la danse, boulevard de Yougoslavie. Ce spectacle réunit 8 danseurs et danseuses de formation hip-hop autour d’une performance portée sur l’œuvre du célèbre artiste Pierre Soulages, connu pour ses monochromes de noir. Comme un paradoxe, Mickaël Le Mer explore la luminosité qui émane des travaux du peintre récemment décédé. De l’obscurité jaillit la lumière.

La création Les Yeux fermés de Mickaël Le Mer, proposée les 9 et 10 décembre, est l’avant-dernière danse qui viendra clôturer la saison 2022 du Triangle. Le chorégraphe et directeur artistique de la compagnie S’poart s’est inspiré de l’œuvre de l’artiste Pierre Soulages (1919 – 2022) pour composer un spectacle d’une heure, accessible à tous les publics.

les yeux fermés
© Justapics

La compagnie S’poart, « c’est une bande de sept copains dans les années 90 qui s’entraînent ensemble et qui montent un groupe amateur de danse », explique Mickaël Le Mer. En 2002, la compagnie se professionnalise lorsque les membres décident de coécrire un spectacle long. Cette création sera le tremplin des uns et des autres pour se lancer en tant qu’interprètes ou chorégraphes. En 2007, Mickaël Le Mer prend la direction artistique de la compagnie et inaugure sa nouvelle fonction avec son premier spectacle In Vivo. Dans ce premier spectacle, le chorégraphe pose les marqueurs de son style chorégraphique : la maîtrise de l’espace scénique et l’implication des interprètes lors de la composition. Ces derniers puisent dans leur sensibilité et leur identité en tant que danseur afin d’incarner au mieux la chorégraphie. Pour In Vivo, le thème central était celui de l’humanité.

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Le Mer porte un regard d’ensemble sur ses pièces. Il prête attention tant à la scénographie qu’à la chorégraphie ou l’éclairage. Son travail part souvent d’un ressentis, d’une émotion qu’il cherche à exploiter et à retranscrire. L’idée de sa composition Butterfly (2020) lui vient après avoir joué avec sa fille dans son jardin. Il voit une nuée de papillon et perçoit la beauté du spectacle.

Cette sensibilité s’exprime dans un style hip-hop. Il réutilise différents genres de la danse hip-hop comme le breaking, le popping ou le locking, qu’il influence d’un vocabulaire chorégraphique contemporain.

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De ce métissage résultent des pièces aux dynamiques variées à la fois acrobatique, puissante et légère. Les interprètes occupent une place prépondérante dans ces variétés de styles. Mickaël Le Mer implique activement ses danseurs dans son processus de création. Il se nourrit de leur parcours, leurs expériences et influences personnelles afin d’incarner au mieux son propos chorégraphique. Pour Les Yeux fermés, il précède la phase de composition du spectacle d’une phase d’improvisation dirigée et pendant laquelle les interprètes peuvent laisser libre cours à leurs créativité.

La chorégraphie Les yeux fermés est née en 2020 après que le chorégraphe ait regardé un documentaire consacré à Pierre Soulages. Un travail que son père, amateur de peinture et « [peintre] à ses heures perdues », lui avait déjà fait découvrir. Le chorégraphe remarque que sa démarche artistique peut résonner avec celle de l’artiste, particulièrement dans les effets scénographiques, « Soulages parlait de vibration, de reflet ». Dans cette optique, le chorégraphe inclue la présence de miroirs sur scène.

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Au-delà d’une resonnance artistique, Mickaël Le Mer évoque aussi le rapport émotionnel et sensible qu’il entretient vis-à-vis du peintre. « J’ai perdu mon père il y a 3 ans et en retombant sur ce docu, j’étais peut-être plus en capacité de saisir l’œuvre de Soulages », confie-t-il. « La sensibilité dans laquelle je me trouvais a fait que j’ai pleinement perçu les émotions dans son travail de l’outrenoir. C’est un tout qui résonne, dû à la perception qui m’était propre à ce moment-là ». L’outrenoir constitue le champ d’exploration du noir au-delà de nos représentations communes. Selon cette idée, il est possible de dire que le noir est lumineux (black light). Ce ne serait pas la première fois que le chorégraphe travaille à partir d’une couleur. En 2014, il crée son spectacle Rouge. Il y explore la manière dont on se représente cette couleur et comment la traduire sans pour autant la représenter visuellement. Cependant, Les Yeux fermés s’atèle à un travail inverse à celui de Rouge dans la mesure où, avec la notion d’outrenoir, il souhaite justement sortir des représentations conventionnelles de la couleur.

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Mickaël Le Mer se concentre donc sur cette notion, la manière dont elle s’exprime dans le travail du peintre et dont elle pourrait se transmettre sur scène. Il se rend avec une partie de son équipe technique au musée Soulages, à Rodez dans l’Aveyron. l’objectif est de se familiariser avec le travail du peintre et d’imaginer la manière dont la lumière, dans la création du chorégraphe, envahirait la scène. Comme une toile vivante, le jeu d’ombre et de lumière se projette sur le corps des danseurs, « la peau capte la lumière ». Ainsi, l’idée est de faire émerger la lumière par l’intermédiaire des corps. « Au début on ne voit que les mains, puis les visages, puis une partie des avant-bras… On part de quelque chose de très sombre puis, au fur et à mesure, les corps et la lumière envahissent le plateau ». Une performance dans laquelle les huit danseurs composent ensemble, en solo, duo, trio ou plus. Des dynamiques différentes s’expriment et créent des tableaux complexes et forts, autre point commun avec le peintre.

Les yeux fermés, Mickaël Le Mer, vendredi 10 décembre à 20 h et samedi 11 décembre à 18 h.

Tarif unique 13€ (4€ avec la carte Sortir)

Triangle, cité de la danse, boulevard Yougoslavie, BP 90160
35201 Rennes

Compagnie S’poart

Site Le Triangle

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