Dans Les arrogants, son premier roman paru chez JC Lattès, Gabriel Boustany propose une épopée captivante : l’histoire de l’émancipation d’une jeune femme entre l’Europe et le Proche-Orient dans une époque si singulière.

Les Arrogants Gabriel Boustany
Couverture : © Le Petit Atelier

Beyrouth, années 1930. Le Champollion, paquebot plutôt destiné à la haute société libanaise, appareille. Destination : l’Europe. La famille Fakréddine fait partie de ce voyage. Le père emmène son épouse et ses quatre enfants (ainsi que la nurse) en Suisse ; ils ne manqueront pas cependant de faire quelques escales touristiques — dont la Sicile et Marseille —, avant de rejoindre Genève, où ils ont prévu de s’installer quelque temps.

Dans une époque où les nationalismes font une percée extraordinaire en Europe, mieux vaut assurer ses arrières et éventuellement se préparer au pire. C’est ce que décide l’émir Tarek Fakréddine , le père de la jolie Tasmine, jeune adolescente au caractère bien trempé qui tient toujours tête à qui veut lui ordonner ceci ou cela. Et sous prétexte qu’elle est une femme dans une société machiste et islamo-chrétienne, elle entend bien ne jamais se laisser faire. Et ce, depuis toute gamine. D’aucuns hurlent autour d’elle qu’elle est ingérable. Non elle est simplement libre et entend bien le rester.

Au fil des années, les Fakréddine vont laisser le Liban derrière eux — même si les filles vont revenir à Beyrouth pour leurs études —, confiant la gestion des biens et des terres à un être particulièrement repoussant, le frère de l’émir, Hannibal, toujours très pieux et dans le même temps obsédé par sa nièce, l’indomptable. Ces deux-là n’ont pas fini d’en découdre .

La Seconde Guerre mondiale éclate et, chose étonnante, encore que, aucun des hommes Fakréddine n’est appelé au front, le père est trop vieux, l’oncle n’est pas concerné, même dans un pays sous mandat avec la France et pas Farouk, le fils aîné et unique de l’émir Tarek, qui passe au travers et joue les dandys dans la bonne société bourgeoise genevoise tout en amenuisant la fortune familiale. Privilège des nantis, protégés par leurs relations. Privilège des arrogants à qui tout semblait permis !

À la fin de la guerre, la famille vit encore en Suisse. Elle devra émigrer ensuite à Paris avant un retour au Liban natal à bord d’un certain paquebot…

À travers ce roman, Gabriel Boustany nous dépeint avec une justesse captivante la haute société libanaise des années 30 et 40, mais tout autant le climat de deux mondes : L’Europe et le Proche-Orient. Il aborde avec pertinence les influences de certains milieux, le poids des religions, c’est croustillant. C’est aussi un roman remarquable sur la place de la femme dans la société de l’époque, le parcours passionnant vers l’émancipation de cette Tasmine, personnage autant irritant qu’attachant. Et des personnages tout aussi marquants qui l’entourent : son père, son amour de jeunesse Nadim, Tristan le matelot et Farouk, le frère, un roman à lui tout seul.

Gabriel Boustany, Les arrogants, Paris, Éditions Jean-Claude Lattès, 406 pages. Parution : mai 2019. Prix : 19,90 €.

 

Les Arrogants Gabriel Boustany
© LibanVision

Dramaturge et producteur franco-libanais, Gabriel Boustany a travaillé avec de grands noms du cinéma international. Il vit aujourd’hui entre le Liban et la France. Les Arrogants est son premier roman.

Christophe Maris
Christophe Maris est journaliste et écrivain, agrégé de Lettres modernes. Il collabore à plusieurs émissions de TV et radio et conçoit des magazines pour l'enseignement où il a oeuvré une quinzaine d'années en qualité de professeur de lettres, d'histoire et de communication.

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