Le Consul breton, les neuf vie de l’aventurier et Yves Le Roux, était attendu depuis plusieurs mois. Olivier Le Dour nous a habitués à suivre les Bretons partout dans le monde dans la foulée de Bernard Le Nail, fondateur des éditions Les portes du large, aujourd’hui dirigées par son épouse Jacqueline.

CONSUL BRETON LE ROUX

Les vagues bretonnes, devrais-je dire, car ce sont des centaines, des milliers de Bretons dont il est question dans cette collection. Mexique, Chine, Indes orientales, Brésil… et la Russie prévue pour 2022. Sous les plumes de Roger Faligot, Marcel Fournier, André Salles, François Martin et d’autres. Olivier Le Dour, accompagné de Grégoire Le Clech, a consacré deux volumes à nos Huguenots en Amérique du Nord après avoir signé avec son complice Les Bretons dans la ruée vers l’or de Californie. Il nous a révélé en 2020, seul cette fois, sa version de nos parents émigrés en Belgique avec une préface de Jean-Yves Le Drian.

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Olivier Le Dour est ici au meilleur de sa forme. Il nous promettait des aventures incroyables et elles le sont. Même si l’aventurier en question s’avère peu recommandable ce dont évidemment il n’est pas responsable sauf bien sûr de l’avoir sorti d’un oubli prématuré. Personne ne sera surpris de découvrir que ce faux Consul à New York nous vient de Langonnet, cette commune paraît-il parmi les plus importantes du Morbihan avec ses 200 lieux-dits (ceux qui m’en parlent ainsi, et j’inclue l’auteur dans cette liste, oublient de préciser qu’il s’agit d’étendue et de rien d’autre), à deux pas de Gourin et de Plouray, tout près finalement de mes racines locuonnaises par ma mère et de ce que j’aime appeler l’intérieur des terres, ce cœur qui bat toujours très fort malgré l’adversité, et où Olivier Le Dour a quelques accointances familiales, me semble-t-il.

S’il a dans son livre tenu ses promesses, c’est parce qu’il est resté fidèle à lui-même en menant ses recherches avec le souci de la vérité, des faits, des documents, jusqu’aux moindres détails des humeurs et gesticulations de son personnage, tout en restituant le contexte historique, l’atmosphère de l’époque et des lieux qu’il aura traversés. Et je vous assure que pour suivre la trace de ce monsieur il a fallu travailler ! D’autant plus qu’il n’hésitait pas à prolonger ses séjours par des visites impromptues dans les prisons locales après des vols à la sauvette ou des coups de poing généreusement distribués autour de lui. Impossible bien entendu de vous en révéler les épisodes. Neuf vies, affirme notre ami Le Dour, à commencer par une adolescence mal embarquée. J’en aurais compté plus en ajoutant sans état d’âme à ses vraies vies celles qu’il a pu souvent s’imaginer. Au point d’ailleurs qu’il reste quelques mystères autour de ce mauvais garçon. Je ne vous en dis pas plus. Un Olivier Le Dour passionné et passionnant donc !

CONSUL BRETON LE ROUX
Yves Le Roux vers Yves Le Roux en 1928. Un râblé (1m59, paraît-il) mais costaud !

Ne vous laissez pas impressionner par le poids de l’ouvrage (1 kilogramme) et le nombre de pages (544 sans la couverture), il se lit comme une histoire avec images (plus de 200 photographies) et vous amène dans un temps pas si lointain en vous redonnant goût aux voyages en Chine et Cochinchine, en Amérique, sud et nord compris, en Afrique et vers bien d’autres destinations encore.

Yves Le Roux, c’est le nom du bonhomme, a eu en somme des vies mouvementées mais toutes se sont arrêtées un jour de février 1971 dans un accident de la route en Langonnet. À l’âge de 84 ans. Reconnaissez que c’est un bel âge pour quelqu’un qui se plaisait à plonger tête la première dans tous les guêpiers possibles !

Le Consul breton, les neuf vies de l’aventurier Yves Le Roux (1887-1971) d’Olivier Le Dour. 25 €, sortie en librairie janvier 2022. Collection Bretons à travers le monde. Éditions les portes du large. 544 p., abondamment illustré (plus de 200 illustrations), format 16 x 24 cm, cousu. Conception graphique : Alain Le Quernec, Carolina Rojas.

Entre 1927 et 1930, le Morbihannais Yves Le Roux fut une figure centrale du New-York de la Prohibition. Dans son bar clandestin (Speakeasy), « Le Consul breton », il ne sert pas seulement des boissons prohibées, mais il met en lien les Bretons venus chercher fortune. Yves Le Roux rentrera en Bretagne suffisamment riche pour rester rentier à vie, c’est une figure très controversée et un peu oubliée dont Olivier Le Dour a retracé les nombreuses aventures et la vie tumultueuse, l’auteur aimerait encore pouvoir récolter des informations, notamment sur la période américaine d’Yves Le Roux, la localisation exacte par exemple de son bar. « C’est quelqu’un qui a joué un rôle dans l’émigration bretonne, un personnage avec beaucoup de reliefs et pas un héros positif. »

Une rencontre / conférence de presse avec l’auteur Olivier Le Dour qui vient spécialement de Bruxelles :le vendredi 25 février, à 11h à La Taverne à Rennes, 2 rue de l’Alma.

Jean-Louis Coatrieux
Jean-Louis Coatrieux est spécialiste de l’imagerie numérique médicale, écrivain et essayiste. Il a publié de nombreux ouvrages, notamment aux éditions La Part Commune et Riveneuve éditions.

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