Chacun sa manière de fêter l’arrivée d’une nouvelle année à Rennes ! Si beaucoup sacrifient avec gourmandise aux libations parfois excessives, d’autres préfèrent des soirées plus calmes et plus intimes. Pour célébrer avec faste l’arrivée de 2018, nous avons répondu à l’invitation de l’opéra de Rennes qui programmait pour cette soirée d’exception le ballet de Serge Prokofiev, la très fameuse Cendrillon.

Si le personnage de Cendrillon nous est connu par les contes de Charles Perrault ou des frères Grimm, elle semble être une source d’inspiration depuis fort longtemps. En effet, des contes similaires existent depuis le IIIe siècle : on évoque même le nom de Strabon, géographe Grec du Ier siècle après JC.

BALLET CENDRILLON PROKOFIEV OPERA

C’est la compagnie Malandain Ballet Biarritz, sous la direction de Thierry Malandain qui durant une heure et trente cinq minutes nous a entraîné dans un monde de beauté, d’élégance (non dénué d’humour) qui nous fit passer une excellente soirée. Chez le chorégraphe Thierry Malandain, le parcours de Cendrillon vers la liberté et l’amour est celui d’une future étoile, qui passe par le doute, le rejet, la souffrance, avant de voir ses espoirs se concrétiser.

Jorge Gallardo, concepteur des décors, étonne par ces deux immenses panneaux de fond où la même chaussures à talon, fixée sur des câbles verticaux, est présente à des dizaines d’exemplaires, très sagement disposés – l’ensemble produit une image de fond ésthétique et ingénieuse. On en viendrait facilement à penser au titre du film de Pedro Almodovar Tacones Lejanos, autrement dit : talons aiguille.

BALLET CENDRILLON PROKOFIEV OPERA

Les lumières de Jean-Claude Asquié jouent avec adresse sur des teintes qui explorent les nuances de bleu, mauves et impressions métalliques avec beaucoup de subtilité. Mais venons-en à la danse.

Impossible de ne pas s’extasier sur la jeunesse et la beauté de tous ces artistes, qui en vrais professionnels, se mettent au service d’une chorégraphie de facture plutôt classique, mais qui raconte avec clarté une histoire que tous aiment et connaissent. Si on ne peut qu’être touché par Cendrillon, incarnée par la délicieuse Patricia Vélasquez, ou son Prince charmant, l’élégant Mickael Conte, tous sont dignes d’éloges et la grâce particulière de Claire Lonchampt, en fée bienveillante, comme le trio désopilant formé par la marâtre et ses deux filles Javotte et Anastasie, forcent l’admiration. Ce trio interprété par trois hommes grimés en femmes est une véritable trouvaille ; leur aspect comme leur danse inspirent le rire et la bonne humeur. Difficile de prendre au sérieux ces personnages aux biceps et aux pectoraux plutôt saillants qui rappellent que des danseurs classiques sont aussi des athlètes.

BALLET CENDRILLON PROKOFIEV OPERA

La mise en scène fourmille de trouvailles originales qui a tous moments stimulent notre attention. Notre coup de cœur ira vers la scène pendant laquelle les danseurs évoluent en compagnie de mannequins sur roulettes surmontés de longues robes noires ornées de strass.Leur manière de les faire évoluer semble donner vie à ces personnages inattendus et en un instant multiplie par deux les danseurs présents sur le plateau. C’est tout à fait stimulant et agréable et, quoique peu accoutumé à l’exercice du ballet classique, il nous faut confesser avoir passé un bien agréable moment en compagnie de tous ces jeunes et talentueux artistes.

La musique de Serge Prokofiev, vivante et pleine de contrastes est habilement mise à contribution par la chorégraphie de Thierry Malandain. Musique et danse vivent au même rythme et insufflent à l’œuvre une cohérence et une homogénéité qui rendent cette heure et demi de spectacle proprement féerique. La création de Cendrillon au Bolchoï en 1945, immédiatement suivie d’une première à Leningrad, participa à la liesse d’une URSS sortie victorieuse de la guerre. Prokofiev avait dédié sa partition à la mémoire de Tchaïkovsky, celui qui avait fait entrer la danse dans la culture musicale russe.

BALLET CENDRILLON PROKOFIEV OPERA

Créé en juin 2013 au Kursaal de San Sébastian, cette version du ballet, issue d’une importante coproduction, sera présente à Rennes plusieurs jours et nous ne saurions que trop vous recommander de partager entre amis ce joli moment de légèreté et qui sait, de découverte. Cela en vaut la peine et permettra d’entamer l’année 2018 sous le signe du plaisir…

Ballet cendrillon de Prokofiev (Éditions Boosey & Hawkes 1945), Malandain Ballet Biarritz, Opéra de Rennes LUNDI 1er janvier, 16h – MERCREDI 3, 20h – JEUDI 4, 20h – VENDREDI 5, 20h

Photos : Olivier Houeix

THIERRY MALANDAIN
THIERRY MALANDAIN

Chorégraphie Thierry Malandain
Décors et costumes Jorge Gallardo
Direction de la production conception lumières Jean-Claude Asquié
Réalisation costumes Véronique Murat
Réalisation décors et accessoires Chloé Bréneur, Alain Cazaux, Annie Onchalo
Perruquiers François Dussourd, Georges Dejardin
Production Malandain Ballet Biarritz – Centre Chorégraphique
National de Nouvelle-Aquitaine en Pyrénées Atlantiques

Coproduction Opéra Royal de Versailles / Château de Versailles,
Orquesta Sinfónica de Euskadi,
Chaillot – Théâtre National de la Danse, Opéra de Reims,
Teatro Victoria Eugenia de San Sebastián,
Estate Teatrale Veronese, Lugano in Scena,
Teatro Mayor de Bogotá, Arteven – Regione de Veneto,
Teatros del Canal de Madrid, Théâtre Olympia d’Arcachon,
Espace Jéliote – Scène Conventionnée CCPO d’Oloron Sainte-Marie,
Malandain Ballet Biarritz

Ballet créé le 3 juin 2013 au Kursaal de San Sebastián (Espagne)

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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