La P’tite Fumée se produira à l’Étage de Rennes jeudi 2 mars 2023. Depuis 2013, le groupe à l’énergie débordante distille un son électronique et instrumental puissant et ravageur. Le quatuor compte bien retourner la salle de concert rennaise avec leur nouvel album post-apocalyptique We are the Machine, un mélange explosif de ses inspirations avec des sonorités rock innovantes.

Là où La P’tite Fumée passe, la monotonie du quotidien trépasse au profit d’un moment de pur plaisir entraîné par cette surprise musicale et visuelle survitaminée aux instruments déchaînés et aux kicks (grosses caisses) bien sentis. À chaque concert, une énergie contagieuse embrase les corps dansants d’un public en demande de lâcher-prise. C’est à l’Étage de Rennes, jeudi 2 mars, que le quatuor a décidé de faire résonner son dernier album, We are the Machine, composé comme une histoire. Cette dernière ne sera pas narrée au coin du feu, mais de chaudes lumières viendront sans conteste caresser les peaux en sueur.

Comme une grande majorité des groupes, l’histoire de La P’tite Fumée commence entre potes. Les premières notes de ce qui deviendra un ovni musical français ont été écrites en 2013, alors que les membres fondateurs se rencontrent sur des marchés touristiques dans les Pyrénées. Le groupe réunit à l’origine quatre autodidactes : Camille à la guitare, Chand au didgeridoo, à la flûte et aux percussions, Vincent à la batterie et Yohan à la basse. Par la suite, Chris remplacera Yohan en tant que bassiste en 2018 et Tristan prendra la place de Vincent à la batterie en septembre 2021. « On a commencé tout en bas, dans la rue », déclare Chand. « En jouant ensemble, on s’est rendu compte que ça nous plaisait et que c’était une musique qui parlait aux gens. »

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Chand au didgeridoo et percussions, La P’tite Fumée © La P’tite Fumée

Loin d’être le public le plus évident dont capter l’attention, celui de la rue aura eu la chance de découvrir les toutes premières compositions du quatuor. L’originalité de la formation et les instruments atypiques, comme le didgeridoo et le hang – « percussion métallique qui ressemble un peu à une soucoupe volante » -, sont autant d’éléments qui ont attisé la curiosité. Le groupe est rapidement remarqué, glissant de la rue à la scène. Les premiers concerts confirment leur envie de continuer sur cette lancée, un véritable rêve de gosse pour Chand. « C’est une musique instrumentale, sans message à proprement parler, parce qu’on voulait s’adresser à tous et toutes », avec comme ligne de conduite principale, le partage et le lâcher-prise. « Au début, ça ressemblait plus à des bœufs musicaux, on se réunissait entre amis pour jouer. C’était plus roots, on a dû cadrer notre setlist pour la scène. » Vient aussi le choix de l’identité. Ce sera La P’tite Fumée, sans forcément plus de raison que ça, à part peut-être le fait qu’ils mettent le feu à chaque concert. Et la chouette, oiseau de la nuit, sera leur symbole.

C’est en fréquentant la scène que leur musique, à l’origine seulement instrumentale, prend un tournant plus électronique. « On s’est rendus compte que ce qui nous donnait envie, c’était de faire danser les gens et d’avoir une musique énergique donc on a cherché à se rapprocher des musiques électroniques, tout en gardant nos instruments. » Bien que le groupe emprunte aux codes de la trance, notamment les kicks sur tous les temps, il ne veut pas être réduit à cette seule catégorie. L’incontournable Hilight Tribe, dont ils ont d’ailleurs fait la première partie, compte parmi leurs inspirations, mais pas seulement.

Le guitariste Camille est branché musique de l’Est, flamenco et bossa nova, des sonorités que l’on retrouve aisément dans les morceaux où résonne une guitare flamenca. Chand faisait partie d’une batucada, ensemble orchestral de percussions traditionnelles brésiliennes. Le batteur actuel vient de l’univers endiablé du metal et le bassiste a un petit faible pour tout ce qui touche au funk. « On essaie d’intégrer nos influences à nos compositions tout en gardant notre fil conducteur qui est une musique énergique et électro-instrumentale. » La richesse des influences des membres, anciens et actuels, se révèle la véritable étincelle à l’origine d’une musique électronique instrumentale, fédératrice de leurs sensibilités respectives. En 2015 sort leur 1er album, Triboux. Puis vient Owl Rising en 2017 et Thunderbird en 2019.

L’absence d’une véritable scène d’électro-instrumental de cette trempe sur le sol français fait de La P’tite Fumée un ovni à l’échelle nationale, voire internationale. « Il existe de grands groupes américains qui font de la drum&bass avec des instruments et une grosse section électro recherchée et léchée », informe Chand avant de lister les groupes français existant au moment de leur lancement, mais aujourd’hui disparus ou partis vers d’autres horizons musicaux : Djembi, Goyandi, Domb ou encore Kaophonic Tribu. Le musicien n’explique pas la désertion des artistes inscrits dans ce style, mais reconnaît la difficulté de monter un projet de ce type, un projet qui évolue en fonction des membres. En 10 ans, le projet, plus acoustique à leurs débuts, a glissé vers une musique dont les instruments, accompagnés d’une ligne de samples en fond, retranscrivent une musique de plus en plus électronique.

En septembre 2021, le batteur Vincent se retire, arrive alors Tristan, un grand batteur déjà connu dans le milieu malgré son jeune âge. « On n’a pas hésité à le mettre en avant avec des solos de batterie et certaines personnes du public sont subjuguées par sa technicité et sa présence scénique. » Cette dernière fait d’ailleurs partie intégrante de La P’tite Fumée puisque chaque concert est une véritable performance. « De par notre musique instrumentale, on est conscients qu’il faut emmener les gens dans un univers, un imaginaire. »

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Camille à la guitare, Chris à la basse © La P’tite Fumée

C’est pourquoi les membres, restés de grands gamins, se sont amusés à imaginer un univers futuriste, cyberpunk et post-apocalyptique, façon Mad Max, autour de leur opus aux sonorités qui créent une rupture avec les précédents. « On a tous été fans de BD, de dessins animés et de films. On a voulu proposer un storytelling visuel et graphique pour faire entrer le public dans un univers original qui nous ressemble et qui nous fait plaisir. » Le plaisir étant le maître mot de La P’tite Fumée, We are the Machine a été composé dans l’envie aussi de se détacher de l’étiquette trance qui leur est accolée depuis leurs débuts, « ce n’est pas seulement ce qu’on a envie de proposer ». « Encore aujourd’hui, c’est compliqué de définir totalement La P’tite Fumée. On parle d’électro-instrumental parce que c’est un terme large, mais on n’a pas envie d’être bloqués dans un style alors qu’on aspire à le développer, en conservant bien sûr l’essence de notre musique. » L’album, dont le titre renvoie à la communion entre le groupe et son public, explore de nouveaux styles et s’ouvre à d’autres univers musicaux.

« En concert, on est une unité, on a un objectif commun qui est de profiter du moment présent et du lâcher-prise. »

Chand de La P’tite Fumée, à propos du titre de l’album We are the Machine.

À l’écoute des premières notes du premier morceau « We are the Machine », la différence ne fait nul doute. Dès le début de l’histoire que La P’tite Fumée s’apprête à conter, son style s’acoquine avec le rock et le break. La présence de Tristan dans ses rangs, pro de la double pédale, n’y est pas pour rien. « Ça fait des années qu’on en parle, on savait que ça collerait avec notre style de musique. C’est impressionnant en concert et ça vient confirmer notre volonté d’un live énergique et visuel. » La patte électronique est bien présente, mais le rythme de certaines compositions ralentit pour être plus abordable, à l’instar de « Cube » ou « Hyperion », même si d’autres atteignent les 200 BPM [battements par minute, ndrl.]. « C’est aussi pour permettre, peut-être, des collaborations différentes. On aimerait bien collaborer avec des chanteurs ou chanteuses, mais c’est compliqué avec de la trance à proprement parler. »

La présence du groupe dans la 17e édition de l’émission Incroyable Talent, qui les contacte depuis trois ans, s’inscrit dans cette volonté. Étonnante de premier abord, sa participation confirme l’envie de faire découvrir un univers loin des standards habituels de la télévision à un public qui n’est pas forcément celui des festivals ou concerts et rendre visible leur nouveau projet. « Cette histoire a fait couler beaucoup d’encre, mais c’est exactement pour ça qu’on l’a fait et ça a été super enrichissant », déclare-t-il avant d’ajouter : « Toute expérience est bonne à prendre. Les gens avaient peut-être peur qu’on se perde un peu, mais pour présenter le groupe à un large public, il fallait obligatoirement qu’on reste nous-même et qu’on propose quelque chose qui nous ressemble ».

Avec ce nouvel album, La P’tite Fumée assoit définitivement sa présence sur la scène musicale française et, dans les mois qui viennent, We are the Machine sera illustré par des clips vidéos qui raconteront l’histoire dans laquelle ils veulent nous embarquer. Peut-être à la manière de Daft Punk avant eux, chaque clip se suivant tel des épisodes pour au final faire un film d’animation ?

En attendant, la P’tite Fumée lance une invitation à celles et ceux qui veulent faire une parenthèse dans leur vie de tous les jours et oublier le temps d’un concert les galères du quotidien à les retrouver dans les salles obscures. Le groupe a changé de stratégie pour ne se produire qu’une à deux fois dans une région alors n’hésitez plus public breton, « un des meilleurs publics, on est presque jamais déçus », et prenez vos places pour le jeudi 2 mars 2023 à l’Étage. Vous verrez, en vous rapprochant de la scène, le p’tit feu qui brille dans les yeux des membres de La P’tite Fumée.

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L’Étage, Rennes

Site de La P’tite Fumée

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