Au Festival Interceltique de Lorient, on a goût de perpétuer les traditions, mais parfois aussi, de les détourner un peu. Alors pour enlever à la Cornemuse son image solennelle, presque martiale, on a inventé, ou plutôt réinventé, la Kitchen Music et on en a fait un concours, le plus décalé de l’interceltique ! Un rendez-vous incontournable du festival !

 

Romain ToulliouUne dizaine de solistes de cornemuse, un ring et un objectif : épater la galerie ! Et tous les moyens sont permis ! Tous ! Voilà en quelques mots la Kitchen Music définie. Costumes, mise en scène, interprétation musicale, tout ! Mais attention aux fausses notes et aux fautes de goût, car le public du festival est un public exigeant. Et le jury, c’est lui ! C’est que des cornemuses, il en entend toute la semaine, alors cette fois-ci il s’agit d’être décalé. Carrément décalé ! Et ce n’est pas une énième reprise d’Amazing Grace qui vous en attirera les faveurs. Promis, nous n’avons rien contre Amazing Grace, mais une fois par jour, ça suffit. Alors il va falloir innover ! Un leitmotiv que cette année l’organisation a pris au pied de la lettre. L’ambition affichée ? Faire mieux que le festival de Cannes. Rien de moins. Tapis rouge, black tie et jingle live étaient de sorti.William Row Que d’élégance pour présenter la Kitchen Music !

Pour les novices en cornemuse qui ne le sauraient pas, la Kitchen Music descend directement de l’accueil traditionnel réservé par les écossais et les irlandais à leurs invités. Après le repas, une fois que tous les convives s’étaient rassemblés dans la cuisine pour partager encore quelques pintes de bières ou verres de whisky, l’hôte, pris par la ferveur du moment, saisissait sa cornemuse pour contenter la petite audience avec ses airs à lui. Toute une tradition que l’interceltique a eu à cœur de maintenir !

Kitchen Music Contest : La cornemuse décalée a-t-elle du plomb dans le sac ? 

Andy WilsonMais cette année, point de costume loufoque ou de reprise extravagante… Les candidats auraient-ils pris ce concours au sérieux ? William Row, le premier de ces messieurs-dames paraissait pourtant prometteur. Un petit Haka improvisé avant une performance survoltée, ça ne refuse pas ! Mais les tentatives comiques furent plutôt rares par la suite. Seuls Romain Toulliou, fidèle à son titre de l’année passée et à son costume de grenouille masquée, et Andy Wilson, vainqueur cette année et irlandais jusqu’au bout des anches, firent preuve de comique et d’audace sur le ring. Quant au public, il fallut du temps pour le sortir de sa torpeur timide. Rendez-vous l’année prochaine désormais en espérant que le concours redevienne l’expérience celtique la plus frappée qui soit et qu’elle fut il y a quelques années.

Thomas Moysan
Thomas Moysan est rédacteur en chef des Décloitrés, revue biannuelle de Sciences Po.

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