Jacques Bonsergent
Jacques Bonsergent

Chaque année, un hommage est rendu le 23 décembre à Missiriac dans le Morbihan au Breton Jacques Bonsergent, premier civil français à avoir été fusillé par l’occupant allemand le 23 décembre 1940. La cérémonie rassemble la municipalité de la commune, les représentants du Musée de la Résistance en Bretagne de Saint-Marcel, les sections d’anciens combattants et porte-drapeaux, autour de la stèle érigée en son honneur.

Né à Missiriac le 14 septembre 1912, Jacques Bonsergent fut le premier civil à avoir été fusillé à Paris pour l’exemple au début de l’occupation allemande le 23 décembre 1940, considéré comme le premier auteur d’un fait de résistance à Paris. Il avait 28 ans !

Retour sur l’histoire tragique de Jacques Bonsergent :

Jacques est le benjamin des dix enfants de Gabrielle et Charles Bonsergent et vit au village de Foveno à Missiriac, une petite commune morbihannaise à 3 km de Malestroit. Ses parents sont négociants en farine et céréales. Il reçoit une éducation morale et religieuse. Le père de famille meurt en 1921 alors que Jacques n’a que 9 ans. C’est son frère aîné Gabriel qui a maintenant la charge de la famille. Jacques fait ses études à Lorient puis à Angers où il décroche en 1930 un diplôme d’ingénieur à l’École nationale supérieure des Arts et Métiers. Mobilisé en 1939 durant la drôle de guerre, il est affecté à la Courneuve (93) dans une fabrique de chaudières, avant d’être embauché dans une usine de métaux, toujours en Seine-Saint-Denis. Il est domicilié à ce moment-là dans le 10e arrondissement de Paris, boulevard Magenta.

Jacques Bonsergent


Le 10 novembre 1940, Jacques Bonsergent revient d’un mariage avec des amis. Il est 21 h, près de la gare Saint-Lazare, quand le groupe de sept copains et copines marche dans l’obscurité et croise une patrouille allemande. Un sous-officier allemand ivre tente de prendre par la taille la jeune mariée. Il y a affrontement, et dans la bousculade un soldat allemand reçoit un coup de poing et tombe à terre. Jacques Bonsergent, conscient de la gravité de la situation, s’interpose, aide l’allemand à se relever et reprend son chemin. Tout le monde s’éparpille ! Mais Jacques Bonsergent, qui est maintenant repéré, est frappé à la tête et arrêté par les soldats allemands. Confondu avec sa gabardine semblable à celle de l’auteur du coup porté, il est conduit à l’hôtel Terminus où il est interrogé, questionné. Il refusera toujours de donner les noms de ses camarades. Il est transféré à la Prison du Cherche-Midi, cellule 175. Le lendemain de son arrestation, Paris assiste à la première manifestation contre les Allemands. 

Jacques Bonsergent.
Jacques Bonsergent à Paris

Vingt-cinq jours plus tard, la condamnation de Jacques Bonsergent servira d’exemple dans ce contexte de rébellion : Jacques est condamné à mort. La veille de son exécution, il est assisté par Franz Stock, l’aumônier allemand des prisonniers de guerre. L’abbé célèbre une messe et donne la communion à Jacques Bonsergent, qui lui confie son insigne des Gad’zarts. Le condamné écrit une dernière lettre à ses amis la veille 22 décembre à 19h

« Mon cher 1000W, mes Chers copains, J’ai été jugé le 5 décembre, et condamné à mort ; ma grâce a été refusée, je suis exécuté demain matin on vient de me l’annoncer. Prévenez la Société des Anciens élèves et surtout ne vous faites pas de bile, je ne m’en fais pas moi-même. Si ça vous est possible vivez bien pour Noël et le 1er janvier et surtout n’oubliez pas mon verre et chantez Larrens  (chant de tradition Gad’ zarts) énergiquement en passant à moi. Faites mes adieux à tous mes amis et connaissances. Pour la première fois depuis que je vous ai quittés je vais bien manger et boire et j’ai de l’appétit. Je préviens ma famille par ailleurs, écris leur un petit mot au 57 rue de Liège, sur lequel tu feras signer tous les bons copains, ça leur fera plaisir, si tu peux même, vas à Lorient les voir et les embrasser je t’en remercie à l’avance ils t’en seront reconnaissants. (Je n’aurais jamais cru t’écrire mes dernières volontés aussi tôt). Sur ce je t’embrasse fraternellement et je te dis adieu avant de me coucher pour la dernière nuit. Bien fraternellement et en vrai *Gad’ zarts, adieu ! »

Dans la dernière lettre qu’il écrivit à ses parents, Jacques Bonsergent disait : « Je meurs victime d’une confusion. Je suis accusé d’avoir frappé le 10 novembre des soldats allemands alors que je n’ai que voulu m’interposer entre eux et le vrai coupable. Je suis fort de mon innocence et je m’en vais la conscience propre ».

Jacques Bonsergent est fusillé au fort de Vincennes le 23 décembre 1940, sans obtenir la grâce présidentielle. Des affiches sont placardées sur les murs de la capitale et on peut lire : « L’ingénieur Jacques Bonsergent a été condamné à mort par le tribunal militaire allemand pour acte de violence envers un membre de l’armée allemande ».

Jacques Bonsergent
Jacques Bonsergent


À Missiriac, la stèle en l’honneur de Jacques Bonsergent a été dévoilée en présence de nombreuses personnalités et membres de sa famille, pour l’anniversaire de sa naissance le 14 septembre 2019. Une rue, de la commune, porte également son nom !
Jacques Bonsergent repose au cimetière de Malestroit. En 2000, l’artiste André Monclus a sculpté son buste en bronze. Il trône depuis dans le hall de la mairie de Malestroit.

Le 10 février 1946, la station de métro Lancry à Paris prend le nom de Jacques Bonsergent. Une place porte aussi son nom boulevard Magenta, non loin du domicile parisien de Jacques Bonsergent. La sculpture de son buste est exposée à la Société des Ingénieurs Arts et Métiers de Paris.

  • Jacques Bonsergent
  • Jacques Bonsergent
  • Jacques Bonsergent

* Gad’zarts sont les élèves de l’École Normale Supérieure d’Arts et Métiers.

Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici