Linfini - le lin
Linfini : plan de la future usine de lin

En ce mois de novembre 2023, le pays de Morlaix dans le Finistère annonce officiellement la mise en service d’une usine de filature de lin dans notre pays. L’usine s’implante dans la commune de Pleyber-Christ avec l’objectif de valoriser le lin produit en France. Les travaux de réhabilitation du lieu débuteront au printemps prochain. L’ouverture à la production de l’usine Linfini est prévue dans un an.

Linfini - le lin

Première productrice mondiale de lin, la France a vu disparaître toutes ses filatures les unes après les autres. En Bretagne, la dernière a fermé en 1891. L’industrie linière a laissé une empreinte prospère du XVIe au XIXe siècle. Tout comme le chanvre, le lin a fait l’âge d’or de la Bretagne à partir du xvie siècle, au point de placer la région au centre du commerce européen. Le climat de la Bretagne était bien adapté à la culture du lin car sa culture nécessite des étés humides et peu chauds.

Le lin était fort apprécié pour sa solidité et son confort. Il servait à la confection de la toile avec laquelle étaient conçues des chemises et autres pièces vestimentaires ainsi que les voiles pour les navires. Le lin était aussi récolté par les paysans. Dans les Côtes du Nord (Côtes d’Armor), sa production était localisée sur le littoral. Il n’existait pas de filatures mécaniques et l’essentiel du lin provenait du filage familial au rouet et à la quenouille. Le tissage était confié à un artisan tisserand. Sous l’ancien régime, de nombreuses cités prospèraient grâce à leurs tisserands et grâce aux négociants toiliers qui vendaient leurs fines toiles réputées, en Espagne et en Amérique. Progressivement la culture du lin a été abandonnée en Bretagne au milieu du XXe siècle, car l’industrialisation qui s’est développée dès la seconde moitié du XIX e siècle a ralenti considérablement la production artisanale en générale. L’invention du moteur à explosion et son usage dans la Marine sonnent le glas des manufactures de toiles de Bretagne et c’est le début de son appauvrissement. La culture du lin a cependant été maintenue dans le Trégor costarmoricain jusqu’aux années 1950. Elle fournissait en filasses les filatures du nord de la France.

La filière de lin textile connaît une vague de relocalisation depuis 2020. Si les usines qui séparent les fibres de lin de l’écorce de la plante, sont encore nombreuses en France, les filatures ont disparu depuis plus de quinze ans. Aujourd’hui la filière lin est en plein rebond. La fibre de lin est à nouveau tendance, car elle est écologique. Sa culture ne demande pas beaucoup d’eau : elle ne nécessite pas d’irrigation et ne produit pas de déchets. « Tout est bon dans le lin » : la plante est utilisée dans le textile, le papier, les biomatériaux, etc. Elle peut aussi servir à décontaminer les sols. La filière lin a de nombreux débouchés : dans le milieu de la mode ; dans le domaine militaire pour équiper l’armée ; dans l’ameublement ; dans l’hôtellerie ; dans l’agroalimentaire pour les emballages écologiques

La culture du lin fait son grand retour en Bretagne et devrait grandir de plus en plus dans les années à venir.

Après plus de deux années de projet et d’annonce, Tim Muller et Xavier Denis ont choisi la friche des kaolins à Pleyber-Christ pour installer leur usine de filature du lin baptisée Linfini. La filature du lin va ainsi renaître dans le pays de Morlaix, avec en plus, du lin en majorité  breton ! Linfini sera la première dans la région depuis 1981 et la quatrième en France. Les deux associés bretons souhaitent en premier mettre fin à la situation actuelle, à savoir que les trois quarts de la production mondiale de lin sont cultivés en France, que cette production est ensuite exportée en Chine pour procéder au filage, et qu’une fois transformé, le végétal revient en France pour y être tissé et finalisé. L’ambition des deux entrepreneurs n’est pas de concurrencer le marché asiatique mais bien de miser sur un retour 100% français.

Le bâtiment neuf devrait couvrir 4 500 m2 bétonnés bâti sur une parcelle de 17 000 m2, une fois le bâtiment actuel désossé. Il sera divisé en plusieurs espaces : la partie production sur 2 200 m2 ; l’espace de stockage et de livraison sur 790 m2 ; les bureaux et un hall d’exposition sur 400 m2, ; le laboratoire au rez-de-chaussée sur 320 m2. Quant aux extérieurs, ils seront entièrement végétalisés.

Linfini lancera la production de bobines de lin et embauchera 23 collaborateurs : parmi eux il y aura une quinzaine d’opérateurs machines et deux électromécaniciens. « Les savoir-faire de la filature n’existant plus en Bretagne, nous allons recruter nos collaborateurs via la méthode de simulation, mise en place et encadrée par Pôle emploi. » Linfini travaillera les fibres selon la méthode au sec. Elle préparera de la toile et du fil plus gros destiné à des tissages plus épais et à des tissus plus lourds. Trois débouchés sont déjà identifiés : la vente de fil de lin, la vente de toile de lin et la vente d’emballages durables…

Le permis de construire est attendu pour début 2024 pour démarrer les travaux dès le printemps prochain. Linfini espère lancer sa production dès la fin de l’année 2024.  Avec un budget d’exploitation de plus de 6 millions d’euros la nouvelle usine espère un chiffre d’affaires de 18 millions d’euros pour l’année 2028. 

Marjolaine Tanguy
Marjolaine Tanguy est correspondante de presse dans le Finistère

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