Le film Maryline n’est pas un biopic de la fameuse et sulfureuse actrice américaine, ce serait faire du titre de ce long métrage de Guillaume Gallienne un raccourci inapproprié. Pourtant, c’est bien d’une artiste dont Guillaume Gallienne va nous entretenir durant 1h47. Du moins, d’une jeune femme rêvant de succès, qui n’est pas dénuée de talent, mais malheureusement hantée par des démons personnels qui ont pour nom, vin, whisky… Bref, vous avez compris…

MarIlYn Monroe à Einstein : “Ô Maitre, imaginez le bonheur d’avoir un enfant ensemble : ma beauté et votre intelligence réunie !…”
Einstein à MarIlYn Monroe : “certes, mais imaginez le contraire…”

MARYLINE GALLIENNE

Savoir que c’est un acteur de la dimension de Guillaume Gallienne qui est l’auteur de ce film nous a mis dans de bonnes dispositions. Ce sociétaire de la Comédie française a maintes fois démontré – sa modestie dut-elle en souffrir – des qualités qui le hissent au niveau des plus grands et des plus authentiques acteurs. Juste dans son jeu et hypnotique dans ses interprétations, il donne à ses personnages une dimension et une épaisseur qui est l’apanage des maîtres. Seulement voilà, être un brillant acteur ne fait pas de facto un vrai metteur en scène. S’il avait démontré dans sa première création Guillaume et les garçons à table ! de véritables aptitudes, sans doute l’aspect autobiographique de ce film facilitait la projection de quelque chose de crédible, de vécu. Le résultat était simplement formidable ; aussi nous sentions-nous en droit d’espérer la même énergie dans Maryline.

MARYLINE GALLIENNE

C’est une scène de cimetière perdue entre ridicule et comique qui entame le film Maryline. Quelques femmes sont rassemblées pour répandre les cendres du défunt père de l’actrice et le ton est donné : il n’y a pas de doute Maryline est issue de la famille Groseille domiciliée à Ploucland. Ses origines étant établies, on la retrouve à Paris, se présentant pour un casting, où elle subit un test des plus déroutants, se faisant secouer sans ménagement, accrochée à une table, comme si cet élément de mobilier était pour elle la chose la plus importante du monde. Un peu bizarroïde, mais peut-être est-ce la manière dont use Guillaume Galienne pour lever un voile pas trop pudique sur les réalités des coulisses du cinéma.

MARYLINE GALLIENNE

On serait en droit d’être conforté dans cette opinion par la suite, puisque l’on retrouve notre pathétique héroïne aux prises avec un metteur en scène un brin harceleur et objectivement odieux, mais dès lors le spectateur se trouve un peu désarçonné. C’est la crédibilité même du personnage qui est en question. Comment peut-on envisager une personne tétanisée et balbutiante, incapable de surmonter ses angoisses, en tant qu’actrice ? Le trait est un peu forcé et c’est dérangeant. Une scène du film Maryline nous montre notre débutante prise de cours par son cycle menstruel et réduite à remplir ses sous-vêtements de serviettes en papier, alors qu’elle est assise à table…

MARYLINE GALLIENNE

Pourtant Maryline semble plaire et n’a pas de peine à retrouver des rôles, qu’elle s’empresse de piétiner avec une joie mauvaise et largement irriguée des meilleurs crus. Il devient difficile de savoir si l’on est agacé par le film ou par les incartades de la starlette. Et cette confusion même ne fait qu’augmenter le malaise qui s’installe peu à peu. Pourtant, Adeline D’Hermy, dans le rôle principal ne ménage pas ses efforts et démontre à son tour que son appartenance à la Comédie française n’est aucunement usurpée. Elle incarne le personnage de cette paumée du grand écran avec un louable talent. Puisse-elle ne pas nous en vouloir, mais c’est le bref passage de Vanessa Paradis qui nous mettra le dos au mur. Ouaaahhh : elle est juste splendide dans ce petit rôle. Détail amusant : dans le film elle s’appelle Jeanne et, durant un instant, la lumière s’y prêtant, c’est Jeanne Moreau que l’on a cru voir. Bizarre peut-être ; émouvant mimétisme, assurément.

MARYLINE GALLIENNE

La seconde partie du film Maryline nous fait oublier le découpage un peu décousu, il doit sans doute rester au fond de nous un désir de happy end. D’alcoolique et moche, Maryline devient belle. Nous nous réjouissons de cette salvation inattendue, mais cela ne suffira pas à effacer l’agacement et l’impression mitigée que nous laisse le second opus d’un acteur que nous aimons vraiment beaucoup. Nous avions envie de nous enthousiasmer, mais vraiment le compte n’y est pas.

Maryline est un film de Guillaume Gallienne avec Adeline d’Hermy et Vanessa Paradis. Sortie nationale le 15 novembre 2017, durée : 1h 47min.

Crédit Photo : Thierry Valletoux

https://www.youtube.com/watch?v=eiUphBF8x0w

RÉALISATEUR SCÉNARISTE Guillaume Gallienne

ACTEURS

Maryline Adeline d’Hermy
Jeanne Desmarais Vanessa Paradis
François Louis Eric Ruff
Michel Roche Xavier Beauvois
Ilan Kafman Lars Edinger
Betty Brant Pascale Arbillot

Article précédentVÉRONIQUE OLMI RACONTE BAKHITA, DE L’ESCLAVAGE À LA SAINTETÉ
Article suivantBD, LES VIEUX DE RETOUR AUX FOURNEAUX
Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici