Tête d’affiche de la 11e édition du festival Belle Ile On Air, Arnaud Rebotini, producteur de musique électronique et un des fondateurs du groupe Black Strobe, a pris un bon bol d’air frais à Belle-Île-en-Mer vendredi 10 août. Rencontre avec cet adepte de machines analogiques à quelques heures de fouler la scène Vauban.

Arnaud Rebotini

Unidivers : Pour votre première à Belle Ile On Air, vous avez défini une tracklist ou bien vous vous laissez une part d’improvisation ?

Arnaud Rebotini : Quoiqu’il arrive que je joue dans un festival ou dans une salle de concert, j’ai toujours une tracklist définie avec de l’improvisation. Il y a juste le temps qui m’est compté, ce soir je dois jouer une heure.

U. : Avec Black Strobe on ressentait déjà une mouvance électroclash. Désormais, en tant qu’Arnaud Rebotini, c’est l’électro analogique qui domine un peu plus. Comment avez-vous évolué dans la musique électronique ?

Arnaud Rebotini : Je suis arrivé dans la musique électronique avec la techno. Principalement par des trucs assez expérimentaux quand j’étais plus jeune. J’ai évolué dans cette sphère et j’ai essayé de me trouver. De Black Strobe à Arnaud Rebotini, c’est une longue évolution. Je ne calcule pas trop ma carrière, je fais un peu ce dont j’ai envie et j’essaie d’avancer comme ça.

U. : Fin scénographe, en live vous proposez un vrai show, entouré de vos synthés et de vos boîtes à rythmes, combien y en aura-t-il ce soir ?

Arnaud Rebotini : Sur scène, trois boîtes à rythmes et cinq synthés m’accompagnent. La scénographie est importante. Quand on va sur scène, il faut avoir un minimum d’attitude et l’installation de synthés en fait partie.

U. : Vous n’êtes d’ailleurs jamais accompagné d’ordinateurs sur scène…

Arnaud Rebotini : Non parce que je voulais me libérer des ordinateurs et des interfaces qui ne me plaisaient pas trop. L’idée était aussi de garder le son vraiment analogique et conserver cette liberté de jouer avec des instruments pour le côté un peu performance.

U. : Vos machines analogiques (synthés et boîtes à rythmes) vous suivent n’importe où lorsque vous vous produisez, d’où vient cette passion et comment les choisissez-vous ?

Arnaud Rebotini : Grâce à la musique électronique tout simplement. Je suis partie d’un groupe de rock, ensuite, j’ai commencé à composer seul grâce à un ordinateur avec des synthés analogiques et monter un petit set-up pour pouvoir jouer. Après cette passion vient aussi de l’amour des sons tout simplement. Je les choisis en fonction du morceau que je décide de faire, mais de mon humeur aussi. Des fois je pars d’un son de synthé, je commence à jouer dessus, je trouve des accords, une mélodie ou une ligne de basse et je construis le morceau comme ça.

U. : Votre nouvel EP Flowers For Algernon sort aujourd’hui chez OFF Recordings. Un EP plus techno composé de cinq titres où vous dédiez un morceau à la TR-909 intitulé My 909. Comment a été pensé ce nouvel EP ? Qui n’est pas sous votre label Blackstrobe Records d’ailleurs…

Arnaud Rebotini : J’ai fait un morceau exclusivement avec ma TR-909. J’avais quelques morceaux techno que j’ai envoyés au label OFF à Berlin et ils ont voulu les sortir. C’est vraiment des loop, pas sous forme de morceaux hyper construits. J’avais envie de faire un maxi techno. D’habitude c’est sur mon label, mais là c’était l’occasion de sortir quelque chose à l’étranger.

Arnaud Rebotini

U. : Votre look rockabilly : gomina, costard et lunettes noires est aux antipodes des codes de l’électro, il vient de vos influences musicales ?

Arnaud Rebotini : Oui de ce que j’aime finalement. Quand tu passes un certain âge, il faut savoir changer et vivre avec son âge. J’ai pris cette direction-là. Je n’ai pas envie d’être un mec chauve en tee-shirt noir (rires).

U. : En mars dernier, vous avez reçu un César pour la meilleure musique originale du long métrage 120 Battements par minute, quel rapport entretenez-vous avec le cinéma ?

Arnaud Rebotini : J’apprécie les rencontres artistiques avec les réalisateurs et travailler sur un film. Avec Robin Campillo, le scénario était écrit, on s’est vu, on a parlé du film et je lui ai écrit la musique. Ensuite, il a tourné, monté et après j’ai réécrit des choses. Je peux aussi intervenir après que le réalisateur ait commencé le montage et venir combler un manque au film. Les deux processus sont intéressants.

U. : Vous avez remixé Smalltown Boy de Bronski Beat, pour quelle raison avez-vous choisi ce morceau en particulier ?

Arnaud Rebotini : C’est Robin Campillo, le réalisateur de 120 battements par minute, qui a choisi ce morceau, car il entre dans l’histoire d’Act Up. Jimmy Somerville était un des premiers contributeurs d’Act Up. Il y a eu un concert de soutien dans les années 1990 avec son groupe The Communards. Je n’y étais pas, mais Robin Campillo se souvenait qu’il avait fait une version house un peu modernisée de l’époque de Smalltown Boy et il m’a demandé de créer une version comme si on avait fait un remix de Smalltown Boy dans les années 1990.

U. : En général, comment s’opère le choix d’un remix ?

Arnaud Rebotini : C’est toujours une demande, je fais assez peu de booklet de reddit, il y a des DJ qui font ça. En général on vient me demander un remix d’un morceau. Il y a quelques années, j’avais remixé Something To Do, un vieux titre de Depeche Mode.

En attendant la sortie d’un nouvel album prévu au début de l’année prochaine, Arnaud Rebotini poursuit sa tournée des festivals. Il sera le 25 août au festival Le Cabaret Vert à Charleville, le 31 août au MEG Festival à Montréal (Canada), le 8 septembre au Climax Festival à Bordeaux, le 21 septembre au festival Ouest Park au Havre…

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Timothy Gaignoux
Timothy Gaignoux est journaliste spécialisé en culture musicale.

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