Roulez jeunesse ! Au Haut-Corlay dans les Côtes-d’Armor, toutes les générations ont un jour organisé le célèbre fest-noz Coat Favan sur plancher. C’est le plus grand rassemblement en plein air de Bretagne dédié aux musiques et danses traditionnelles depuis que le large public d’amateurs de danses bretonnes en a décidé ainsi. Pour cette nouvelle édition comme les précédentes, les jeunes de la commune sont toujours aux commandes. Ils vous attendent avec impatience le samedi 2 septembre 2017, dans une vieille ferme qui reprend vie grâce à leur détermination : la Ville Herbelot.

fest-noz Coat Favan
38 ans au compteur, toujours 20 ans dans le moteur

Joachim Rault a tout juste 20 ans et il ferait presque office de vieux dans l’équipe bénévole ! Pas démonté pour si peu, il prend son rôle très au sérieux et donne toute son énergie pour que ce 38e anniversaire soit un bel hommage à tous ceux et celles qui font vivre le pays, à cette jeunesse qui entend bien faire sa part du chemin dans l’héritage culturel qu’il lui revient de transmettre à son tour.

À l’année, ils sont bien une trentaine à se retrouver au sein de l’association des jeunes du Haut-Corlay, explique Joachim, même si la plupart ont quitté la commune pour intégrer une entreprise ou poursuivre des études. C’est son cas. Quand il n’est pas sur les ondes en train de gérer la communication de l’événement, il travaille dans une GMS. Ses parents sont agriculteurs, ils faisaient partie des bénévoles de la première vague, au XXe siècle !

Depuis sa création dans les années 80, l’organisation du fest-noz de Coat Favan reste un des temps forts de la vie de cette petite commune rurale située dans le sud des Côtes-d’Armor, entre Quintin et Mûr-de-Bretagne. La responsabilité prise et assumée par les jeunes relève d’un rituel, c’est certain, et cela se construit dans une passation de pouvoir vraiment originale. Pas question d’attendre qu’une génération s’épuise pour passer le relais, un cas bien trop fréquent, souvent à l’origine de rupture,  ou en tout cas de réelles difficultés à renouveler les cadres dans le milieu associatif. Non, au Haut-Corlay, la transmission se fait entre générations de jeunes adultes et, sans sourciller, le reste du village se met en ordre de marche derrière l’équipe aux commandes, avec toute la fraîcheur de ses 18-20 ans.

fest-noz Coat Favan
Attirer 3000 personnes dans un village de 700 âmes le temps d’une soirée, pari tenu par les jeunes du Haut-Corlay

Coat Favan est devenu au fil du temps une marque de fabrique, alors peu importe les changements de lieux, les évolutions nécessaires pour s’adapter au contexte, aux imprévus parfois, il s’agit toujours de préparer une belle fête dans un décor qui sent la fougère et la pierre de taille chargée de mémoire. Isolé, rustique, le site doit se prêter à l’âme du projet associatif. C’est encore vrai cette année, avec une ferme à l’abandon depuis une dizaine d’années que les jeunes ont mis seulement deux mois à bichonner à raison d’un atelier de nettoyage par week-end. Faut dire qu’il y avait urgence, le lieu pressenti initialement par la nouvelle équipe avec les collectivités locales n’ayant pu être retenu, et pourtant quel symbole : l’hippodrome du Petit Paris, imaginez plutôt !

Quel beau clin d’oeil aux foules qui se précipitent en ville dans les Zénith, construits à l’image de l’industrie musicale qui leur permet de faire le plein. Le Petit Paris au Haut-Corlay garde au contraire le souvenir d’un Jean Gabin, toujours fidèle au rendez-vous, des langoustes fraîchement arrivées de la côte que l’on servait alors dans les restaurants, de cette fierté et de l’amour qui lie les gens de la région à l’élevage ancestral du cheval breton. Il suffit de se faire discret et de tendre l’oreille pour entendre les vieux se remémorer leurs exploits lors de courses improvisées à l’assaut des talus, leur steeple chase à la mode de Bretagne.

La Bretagne ne serait pas ce qu’elle est sans l’ardeur de cette relation unique entre musiciens et danseurs

Joachim Rault n’a pas connu cette époque et il s’en soucie peu, c’est bien normal. Il se plie aux règles de la négociation avec le maire, les présidents de communauté de communes qui ont aussi leur mot à dire. « C’est un peu intimidant, confie-t-il, mais faut pas lâcher ». Pour une fois, l’affaire semble mal engagée. « L’ambiance était plutôt à nous décourager, à temporiser, beaucoup pensaient qu’il serait préférable de faire une pause pour repartir sur de meilleures bases en 2018 ».

Mais quand on transmet le gène de la réussite et du pari collectif, surseoir, voire renoncer n’est pas dans les habitudes. Alors les voilà tous les week-ends aux chardons, ces jeunes du Haut-Corlay.  Car pour rien au monde, ils ne se laisseraient privés de leur rendez-vous avec l’histoire locale. De vingt bénévoles, ils sont bientôt soixante à prendre leur part de responsabilité dans l’organisation de l’événement et à relayer auprès des habitants du Haut-Corlay, parents, voisins, les besoins de coup de main, les calendriers à respecter.

Ampouailh est à l’image d’une scène musicale bretonne riche et créative

« Nous n’avons jamais eu aussi peu de temps pour préparer notre fest-noz et j’ai le sentiment que ça n’a jamais été aussi bien préparé. Nous sommes même en avance, c’est carrément fou », s’étonne Joachim Rault. « Fallait pas que ça s’arrête, même si personne n’y croyait, renchérit-il, d’accord, on n’a que vingt ans, mais ce fest-noz, c’est notre école de la vie. Nous en sommes fiers et cela nous apporte beaucoup, y compris sur le champ de nos compétences professionnelles. Cela nous donne de l’assurance, plus d’expérience, à la fois sur des questions administratives, dans la gestion des relations publiques, avec les élus par exemple, et puis surtout ça permet de nous réunir tous, et pas qu’entre jeunes ».

Pour le confort des danseurs, un plancher de 600m2 sera installé. Oui, ce sont aussi les jeunes qui l’ont fabriqué pour l’occasion. Il y aura de la musique non stop à partir de 19 heures et pas mal de surprises. Quant à l’affiche, elle réunit comme chaque année le top niveau de la scène bretonne pour un prix équivalent à un fest-noz en salle polyvalente : 8 euros. Question vocabulaire, ce n’est pas bien compliqué, gavotte, plin, rond de Loudéac, kaz a barh, andro, hanterdro…jetez-vous dans la danse !

Le groupe Sonerien Du vient de fêter ses 45 ans de scène. Gilles Simon, docteur en science politique, lui a consacré un ouvrage.
    Au programme du Fest-noz Coat Favan 2017 : Ampouailh, Awen an douar, JMK, Sonerien Du et TiTOM

Contact : Association des Jeunes du Haut-Corlay 06 73 86 88 68

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Francoise Ramel
La vie est un voyage, je la vois comme telle avec ses escales, ses ports d’attache, ses caps, jusqu’à cet horizon où réel et imaginaire s’embrassent entre les lignes : l’écriture. Françoise Ramel vit en Bretagne au cœur de l’Argoat.

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