La Rennaise Lou Le Tendre-Roblin présente son exposition Pièce Blanche à la galerie Awen de Rennes du 11 au 28 janvier 2022. Pour la première fois, les peintures de la jeune artiste habilleront les murs d’un espace d’exposition et révéleront au public son univers artistique. À mi-chemin entre monde intérieur et extériorisation émotionnelle, laissez votre perception s’ouvrir à un monde sensible différent.

Les œuvres de la jeune artiste Lou Le Tendre-Roblin sortent de sa chambre et s’exposent pour la toute première fois. Sise 20 rue Saint-Hélier à Rennes, la galerie Awen, espace ouvert sur la création étudiante, offre ses murs immaculés à l’artiste rennaise le temps d’une exposition, Pièce Blanche. Actuellement étudiante en deuxième année de classes préparatoires littéraires aux concours des grandes écoles au lycée Chateaubriand, Lou se confronte pour la première fois au regard du public en exposant trois années de création.

lou le tendre rennes
Lou Le Tendre-Roblin

À peine le pas de la porte franchi, on ne peut nier l’énergie créatrice qui habite Lou. Du haut de ses 19 ans, elle est un artiste autodidacte qui peint, dessine, écrit et filme un peu tout. Pour cette première, sont exposées exclusivement ses peintures. Fille d’une professeure d’arts-plastiques et d’un scénariste de bande dessinée, elle a grandi dans un environnement propice à la création. « Plutôt que de m’encourager à peindre, ça m’a découragé. Je comparais mes dessins de petite-fille en maternelle à ceux de ma mère », confie la jeune artiste. « J’ai recommencé il y a seulement trois quatre ans, à l’âge de 16 ans. »

C’est à ce moment-là qu’elle commence à développer une pratique personnelle en laissant parler son geste et ses ressentis. De ses premiers tableaux est née une période à l’énergie particulièrement forte visuellement. À la composition vive et aux traits parfois naïfs s’ajoutent une profondeur difficilement explicable par des mots. Une profondeur et une approche qui rappelle par certains aspects les œuvres de l’art brut « J’ai une conception synesthétique de la peinture. Dans un musée, je me pose devant une peinture pendant très longtemps. J’entends sa musique, ses vibrations. Tout l’enchaînement résonne en moi », raconte-t-elle. Ses œuvres s’écoutent de la même manière, chacune compose une mélodie silencieuse différente, intérieure, qui résonne dans l’esprit du visiteur.

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Lou, Dans le noir, 2018.

« Les tableaux que je fais sont des tableaux dont j’aime les mélodies. »

Cette approche constitue la force de son travail plastique, tout comme une sensibilité particulière pour les vibrations et énergies qui l’entourent. « Au début, quand je peignais, je ne réfléchissais pas à ce que je faisais. C’était comme une sorte de trance », révèle-t-elle. « C’est après avoir conscientisé ma pratique que j’ai repéré des influences, comme Jean-Michel Basquiat ou Francis Bacon. J’étais à la recherche d’une forme d’énergie que je pense avoir capté au fil du temps. »

Sur le mur face à l’entrée de la galerie, sa série sur les anges retranscrit l’attirance de Lou pour la forme primaire de ces figures. Ils sont peut-être semblables à des anges déchus, mais restent pour autant des protecteurs. Une matérialisation bien éloignée des clichés de l’ange gardien affublé d’une auréole et d’ailes en plumes blanches. Plutôt des soldats. « J’en ai créé plusieurs pour voir jusqu’où je pouvais manier les formes. » Dans ses première expérimentations, la forme blanche se matérialise d’abord sur un fond intensément coloré. L’apparition blafarde se remplit de détails et donne vie à une émanation divine. Puis, dans ses travaux plus récents, la forme se libère peu à peu jusqu’à ce que le blanc créé la forme.

Au-delà de la figure angélique, l’artiste s’intéresse à celle de l’idole, particulièrement dans la religion, et à la manière de représenter la divinité sous des formes différentes. Des questionnements qui nourriront très certainement ses futurs projets. Dans son dernier tableau, intitulé Post-it, transparaissent d’ailleurs les thèmes qu’elle abordera prochainement, notamment la figure du masque. « À l’origine, c’est juste un post-it géant. Le mot photo était là pour me rappeler de prendre en photos mes œuvres. En regardant, on peut voir des formes d’anges associées à la figure du masque que j’aimerais construire », précise-t-elle.

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Lou, Post-it, 2021

Certains mots abordent le féminisme, d’autres l’ésotérisme, une thématique fortement présente dans son travail. Cette attirance pour le mysticisme, ou encore la religion Wicca (mouvement religieux fondé sur l’ancienne religion païenne), lui vient de la faculté qu’elle a à capter les énergies l’entourant, auxquelles elles se connectent lors de sa première phase de peinture. « Pour moi, l’art est un moyen de ne pas seulement subir ces présences et ces messages que je peux recevoir, mais d’en faire quelque chose », informe-t-elle. « Ça me permet de les maîtriser et de les conjurer. » Pour cette raison, elle a notamment nommé deux tableaux Sans-titre/Conjuration bleue et Dernier 18/Conjuration verte, une rune de protection ayant été apposée sur ce dernier. « Enfermer quelque chose dans un tableau, un objet ou autre, a un côté très symbolique pour moi », souligne-t-elle. « Au musée du Vatican, j’ai découvert les ouchebti, de petites figurines composées de manière imparfaite, avec un bras en moins par exemple, pour être sûres qu’elles ne suivent pas les défunts dans la mort. Je reprends un peu cette idée, en essayant toujours d’atrophier ce que je réalise pour expulser sous une forme de catharsis, mais aussi me protéger. »

De la même manière, Vibrations (2020), que l’on peut définir comme un autoportrait, cherche à transmettre visuellement ce qu’elle ne peut décrire avec des mots. À l’instar de cette toile, l’énergie créatrice de Lou se ressent dans chaque tableau. En observant la vivacité de chaque coup de pinceau, la force du mélange des couleurs, le public est plongé dans la puissance de ce que peut être le processus créatif. « Il m’est arrivé de percer des toiles ou de casser un pinceau. Je l’ai d’ailleurs gardé et collé sur la toile, une fois celle-ci terminée. »

Des assiettes ou des mouchoirs imbibés des peintures sont également accrochés ci-et-là sous des tableaux, comme un vestige de ces épisodes artistiques qui ont envahi la peintre. « J’avais tendance à garder des traces de tout, je me disais que dans l’assiette se trouvait l’énergie que j’essayais de capter. Et comme à l’époque je ne savais pas que je cherchais cette énergie, ni comment la capter, j’avais besoin de garder tout ce qui était autour et qui était une preuve de ça. »

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Lou, Clélie, détails, 2020

Lou a relevé le défi de sa première exposition, Pièce Blanche, avec succès. Chacun.e créera sa propre mélodie face à ses œuvres, mais ce n’est que le début d’une pratique prometteuse, qui ne cessera d’évoluer, à en croire la curiosité et l’enthousiasme qui émane de cet échange. « J’aimerais explorer différentes façons de créer et aller dans des directions très différentes. Je me demande quelle est la valeur de ce que je fais et comment changer le système dans lequel je suis à travers ce que je fais. »

Ses lectures autour du système actuel et des forces de contestation résonnent avec celles sur l’art. Des lectures qui la poussent à la réflexion, l’orientent pour la suite de sa pratique. Elle cite notamment L’Art impossible de Geoffroy de Lagasnerie « Je me demande comment changer ma façon de procéder pour qu’elle soit plus efficace et contestataire, si je peux dire. Mais en même temps, je ne veux pas que ça m’empêche de créer et je ne peux pas m’en empêcher non plus, parce que j’en ai besoin », explique-t-elle. « J’aimerais associer ces deux pans de ma création. » Sans vouloir s’inscrire dans un art engagé, Lou cherche à confronter et pas seulement à divertir afin de créer un art en écho avec la vision qu’elle commence à avoir, en tant qu’outil de contestation.

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 Du 11 au 28 janvier 2022, exposition Pièce Blanche, galerie Awen, Rennes.

20 rue Saint-Hélier, 35 000 Rennes

Horaires : de 12h à 19h

Entrée libre

Instagram Pièce Blanche

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