Sous le signe des explorations urbaines, l’exposition Rennes, les vies d’une ville se déroule au musée de Bretagne des Champs libres à Rennes, du 20 octobre 2018 au 25 août 2019. Alors que plus de la moitié de la population mondiale habite aujourd’hui en ville (un chiffre qui approchera les 70 % en 2050) cette ville, comme Rennes, qui est désormais le cadre de vie quotidien d’une majorité croissante d’êtres humains, comment mieux la comprendre, lire ses évolutions à travers ses époques, prévoir ce qu’elle va devenir – ou imaginer ce qu’elle pourrait être ?

Explorations urbaines, fil rouge de la saison 2018-2019 des Champs Libres, éclaire les problématiques de l’appropriation de la ville par les habitants, de l’histoire de leur territoire et de ces mutations, des origines à nos jours. À travers les regards croisés d’historiens, de scientifiques, d’artistes, de praticiens ou de penseurs, en se penchant sur les traces de son histoire comme sur les signes de son avenir possible, ce sont autant de clés de compréhension que Les Champs Libres souhaitent offrir, autant d’occasions de penser et rêver la ville, pour mieux l’habiter, ici et ailleurs, aujourd’hui et demain.

L’exposition Rennes, les vies d’une ville est la première étape du fil rouge de la saison 2018/2019 des Champs Libres, Explorations urbaines. Ce projet transversal comprend également d’autres expositions (Umbra Urbe, la ville en mouvement de Vincent Broquaire, Contours / Rennes de Delphine Dauphy et Marc Loyon, Street Art Contexte[s]…), mais aussi des temps forts (Dedans / dehors, un week-end en ville avec les Tombées de la Nuit, les Rencontres d’histoire – La ville toute une histoire !), une série de rencontres et débats en salle de conférences, des projets participatifs…

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Les Horizons, Rennes, 1er octobre 1973, Créations Artistiques Heurtier, photographe, musée de Bretagne

Quelles sont les origines de Rennes ? Comment la ville se construit, s’organise et se transforme au cours du temps ? Quels sont les liens entre la ville et son territoire ?

Ces dernières années, plusieurs opérations archéologiques menées par l’INRAP à Rennes et sur son proche territoire ont fortement contribué à redéfinir les connaissances acquises sur l’occupation et le mode de vie des habitants au cours du temps. Ces découvertes, associées à d’autres recherches historiques permettent aujourd’hui l’élaboration d’un récit urbain renouvelé.

A travers cette exposition, le musée de Bretagne, l’État (Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne – Service régional d’archéologie) et l’INRAP, posent un nouveau regard sur l’histoire de Rennes et son évolution urbaine, de la période gallo-romaine à l’époque contemporaine.

Les témoignages des Rennais d’aujourd’hui révèlent des préoccupations et des considérations finalement peu éloignées de celles d’autrefois…

Plus de 400 objets sont présentés sur un parcours qui se développe sur 600 m2, découpé en 10 épisodes temporels correspondant aux grandes étapes de développement de la ville de Rennes.

La scénographie de Pierre Verger, sobre et épurée, met en avant de grandes cartes de synthèse, fondamentales pour la compréhension de l’évolution urbaine de Rennes.

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Palais du commerce à Rennes, 10 février 1881, Jean-Baptiste Martenot, architecte, musée de Bretagne

LES GRANDES PÉRIODES

Épisode 1.

Avant la ville : le territoire des Riedons et les traces d’occupation préromaine

À l’époque gauloise, quatre peuples occupent la péninsule bretonne. Bien que le site de Rennes offre tous les atouts pour la création d’un habitat fortifié de type oppidum, l’archéologie, pour l’instant, n’atteste d’aucun vestige dans le sous-sol de la ville antique.

Des traces ténues d’occupations gauloises ont été observées sous les niveaux romains lors de fouilles récentes.

Le territoire proche du site de Condate est en effet occupé par un dense semis d’exploitations agricoles gauloises de petite et moyenne importance qui tirent profit de la richesse des terres. Toutes ces « fermes » ne survivront pas à l’épisode de la Conquête et à l’organisation administrative du territoire des Riedons qui suivra quelques dizaines d’années plus tard sous le règne d’Auguste (27 av.-14 apr. J.-C.). Les autorités romaines ont choisi de créer un chef-lieu sur ce plateau dominant la confluence (Condate en gaulois).

Épisode 2.

Naissance de la Cité antique – 1er-2e siècle

À la fin du 1er siècle av. J.-C., l’organisation administrative des territoires conquis par César, quarante ans plus tôt, est engagée par l’empereur Auguste. La fondation de Rennes s’inscrit dans ce processus et les Riedons, comme tous les peuples gaulois, sont dotés d’un nouveau chef-lieu, baptisé Condate. C’est là que sont réunies les principales fonctions politiques et religieuses sous l’autorité romaine. Les débuts de l’urbanisation sont précaires et il faut attendre le milieu du 1er siècle apr. J.-C. pour que le projet s’épanouisse de façon durable. Les espaces publics sont alors aménagés et le bâti, essentiellement en bois, se densifie. En quelques années, Condate, ville créée de toute pièce, devient un carrefour économique et culturel majeur assurant le lien de la population locale avec le reste de l’Empire romain.

Épisode 3.

La ville à son apogée – Fin du 2e-3e siècle

Malgré les signes d’instabilité qui marquent la fin du 2e siècle, la première moitié du 3e siècle connait un nouvel équilibre politique qui favorise la prospérité économique des provinces gauloises. Condate bénéficie d’un développement architectural sans précédent à cette époque. D’importants regroupements fonciers facilitent les transformations du paysage urbain dans la mesure où de riches propriétaires peuvent désormais se faire construire de grandes domus (demeures urbaines) en centre-ville.

Cette évolution se fait au détriment des petits artisans dont les activités sont rejetées en périphérie. Ce phénomène d’enrichissement d’une classe privilégiée se constate également dans les campagnes environnantes où se développent de grandes villas.

Épisode 4.

La ville romaine tardive – fin du 3e-5e siècle

La cité des Riedons n’échappe pas à la « crise » militaire, politique, économique et sociale, qui déstabilise profondément la société gallo-romaine dans le dernier tiers du 3e siècle. Ces troubles bouleversent la topographie urbaine ; de nombreux bâtiments collectifs sont désaffectés et démantelés, des quartiers abandonnés.

Dans le même temps, lors d’un vaste plan de mise en sécurité de l’Empire (285-306), une enceinte urbaine est construite pour protéger les nouveaux lieux de pouvoir et de prestige surtout. Sa réalisation nécessite la mobilisation de moyens financiers et humains colossaux qui témoignent de l’étonnante vitalité des institutions municipales de l’Antiquité tardive. L’espace urbain situé hors de cette enceinte présente désormais un paysage très contrasté associant ruines, terrains cultivés, bâtiments encore occupés de façon plus ou moins précaire.

Épisode 5.

Les premiers temps de la ville médiévale – 5e-12e siècle

La transition entre l’Antiquité et le Moyen Âge se fait progressivement. De nouveaux lieux de culte s’implantent dans les nécropoles romaines : aux 6e et 7e siècles, la ville est clairement chrétienne. Le pouvoir comtal s’établit aux 10e et 11e siècles. Les sources écrites sont lacunaires et ne permettent pas de restituer précisément l’organisation de la ville. La Cité, close par l’enceinte héritée de l’Antiquité, abrite la cathédrale, le château comtal avec sa motte et sa basse-cour.

L’élite urbaine composée de nobles et d’ecclésiastiques y réside. Les autres habitants semblent se regrouper extra-muros, autour des lieux de culte et le long des voies de communication, créant alors des bourgs qui viennent délimiter l’espace urbain à travers une occupation discontinue.

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Rennes Parlement de Bretagne, Hippolyte Denniel, fin 19e siècle, Papier vergé, Musée de Bretagne

Épisode 6.

La ville de pouvoirs et de prospérité – 13e-15e siècle

À partir du 12e siècle, les sources écrites plus nombreuses permettent de mieux appréhender le développement de la ville, encouragé par le duc de Bretagne et porté par une nouvelle administration municipale. Aux 13e et 14e siècles, les espaces entre les pôles urbains dispersés du début du Moyen Âge sont colonisés et la ville rend compte d’une organisation plus unie. Au 15e siècle, deux nouvelles enceintes sont construites et protègent plus de 60 hectares de la ville, la divisant en trois espaces : l’ancienne Cité toujours marquée par les pouvoirs religieux, politique et économique ; la Ville Neuve où s’installent bourgeois et commerçants ; la Nouvelle Ville avec les faubourgs des artisans. Le château perd de son importance et est détruit au début du 15e siècle. À la fin du millénaire médiéval, la ville a pris progressivement l’apparence qu’elle revêt à l’époque moderne.

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Estampe, Partie de l’incendie de la Ville de Rennes, vers 1720, Jean-François Huguet, dessinateur, Papier vergé, taille douce, Musée de Bretagne

Épisode 7.

La ville parlementaire – 16e siècle-1720

En 1561, Charles IX décide d’implanter le parlement de Bretagne à Rennes, qui y siège de manière permanente dès 1655 avec la construction du palais. Rennes devient alors la nouvelle capitale administrative et judiciaire de la province. De nouvelles élites urbaines, bourgeoises et nobiliaires s’installent en ville entraînant la construction d’hôtels particuliers et l’aménagement de promenades. Le parlement structure la ville à tel point qu’en 1675, la marquise de Sévigné soulignait « Sans son parlement, Rennes ne vaut pas Vitré ».

En lien avec la réforme catholique engagée dès le 16e siècle, de nouvelles communautés s’installent et les emprises des couvents s’étendent. La fonction militaire de la ville n’est plus d’actualité, les fortifications commencent à être démantelés, laissant place à de nouveaux aménagements contribuant à l’extension hors les murs.

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Carte postale, Le théâtre, Rennes, début du 20e siècle, musée de Bretagne

Épisode 8.

Après l’incendie – 1720-1789

L’incendie qui s’abat sur la ville en décembre 1720 ravage une grande partie du centre hérité de l’époque médiévale. L’événement offre l’opportunité de concevoir un plan d’urbanisme précurseur, confié à l’ingénieur Robelin puis à l’architecte Gabriel et son fils de 1726 à 1754, principalement autour de la place du Parlement et la place Neuve, actuelle place de la Mairie.

L’aspect de la ville haute est totalement transformé, accentuant une disparité durable vis-à-vis de la ville basse. Mais il constitue un ensemble urbain homogène dont la couture avec les quartiers épargnés par le feu se révèle réussie. Parallèlement au relogement urgent des habitants, un remembrement profond du parcellaire s’accompagne de la naissance de la copropriété, notamment dans les nouveaux immeubles de rapport en pierre tout juste apparus.

Épisode 9.

Le réveil progressif de la ville assoupie – 1789-1945

Après la Révolution française et la dissolution du Parlement de Bretagne, Rennes décline, devenant le simple chef-lieu du nouveau département de l’Ille-et-Vilaine. De nombreux bâtiments religieux confisqués comme biens nationaux sont réattribués à l’administration militaire, couvrant l’espace de garnisons. Descriptions de voyageurs et premières photographies présentent alors Rennes comme une ville morne et peu active, voire insalubre. Mais la ville assoupie se réveille progressivement. Maires, architectes et entrepreneurs œuvrent pour sa modernisation, réalisant des projets conçus parfois au siècle précédent : canalisation de la Vilaine, création de boulevards, arrivée du chemin de fer, assainissement… Tandis que la ville s’étend considérablement, repoussant ses limites aux barrières d’octroi, l’industrialisation tente de rattraper ses retards.

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Villejean, Rennes, 15 juin 1967, Créations Artistiques Heurtier, photographe, musée de Bretagne

Épisode 10.

Vers la ville d’aujourd’hui – 1945-2000

Après la Seconde Guerre mondiale, l’action du maire Henri Fréville crée un véritable tournant. Le besoin de logements avec la Reconstruction et l’essor démographique donnent lieu à des programmes de rénovation du centre, d’expansion vers la périphérie avec les premiers grands ensembles des ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité) et de renouveau architectural.

Après les Trente Glorieuses et pendant les mandats d’Edmond Hervé, l’expansion ralentit et la ville se contient dans les limites de la rocade et de la « ceinture verte rennaise », au bénéfice du cadre de vie. Rennes change d’échelle, avec la naissance dès 1970 du district, devenant communauté d’agglomération en 2000 et métropole en 2015. La ville archipel apparaît, signe d’une stratégie urbaine portée par l’ensemble des communes du territoire.

La ville actuelle de Rennes est le résultat d’une longue histoire dont les traces sont aujourd’hui plus ou moins visibles, le temps les ayant effacées ou préservées. Elle est une mosaïque de bâtiments, d’îlots, de quartiers et d’activités hérités des siècles précédents. Ce récit en a révélé les avancées les plus marquantes. Archéologie et histoire ont fourni des témoignages précieux renouvelant profondément la vision de la ville. Mais ce fil du temps ne s’achève pas ici, loin de là, car ces héritages secrets sont aujourd’hui à lier au présent.

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Photographie, Maurepas premières HLM, Rennes, 1957, Jean-Claude Houssin, photographe, musée de Bretagne

SIX MANIPULATIONS TOUT AU LONG DU PARCOURS :

Des dispositifs de manipulations numériques ponctuent le parcours plaçant le visiteur dans la peau d’un archéologue, d’un historien ou encore d’un constructeur, pour rendre visible la ville invisible (cartographie animée, restitution 3D, jeux…).

• Tria nomina

À partir d’une reproduction d’une des inscriptions romaines retrouvées à Rennes présentées dans le parcours permanent du musée de Bretagne, les visiteurs découvrent la composition des noms des citoyens romains (assemblage d’un prénom, d’un nom et d’un surnom) et, ainsi, la notion de citoyenneté à cette époque.

• Le castrum : la construction du rempart au 4e siècle

Par un jeu de construction et une mise en situation, les visiteurs jouent le rôle de bâtisseurs du rempart de Rennes et appréhendent la notion de réemploi de matériaux de construction.

• Une sépulture du Bas Empire

Les fouilles du site de la Cochardière ont révélé de très nombreuses sépultures du Bas Empire. Elles nous renseignent sur les pratiques funéraires et sur la société de cette époque. Ce dispositif interactif dévoile les types de mobilier déposés dans les sépultures par un jeu de déduction autour de la restitution d’une tombe fictive.

• Le nom des rues et ce qu’il nous apprend du passé

En associant des activités artisanales, commerciales et autres à des rues, on découvre la répartition de celles-ci dans la ville et leurs noms ainsi que la signification historique de la toponymie rennaise.

• Enquête fiscale

Un jeu numérique sur le livre rentier de la Chambre des comptes des ducs de Bretagne : à la place du percepteur Pierre de Bon Abri, il faut retrouver la parcelle d’un certain Perrin Grignart via un quiz, un jeu de pendu et une recherche sur plan.

• Repenser et reconstruire la ville

Un jeu numérique des 7 différences pour explorer le plan forestier du 18e siècle, projet urbain de reconstruction de Rennes après l’incendie de 1720.

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Photographie, Rennes couverture de la Vilaine, Sigismond Michalowski, 1963, Papier baryté, musée de Bretagne

Exposition Rennes, les vies d’une ville, musée de Bretagne, Champs Libres, Rennes, du 20 octobre 2018 au 25 août 2019

Horaires d’ouverture

Du mardi au vendredi de 12h à 19h Samedi et dimanche de 14h à 19h Fermeture le lundi et les jours fériés Vacances d’été : à partir de 13h du mardi au vendredi

Tarifs

6 euros (plein tarif)
4 euros (tarif réduit)
16 euros (forfait 5 personnes)
Gratuit : moins de 18 ans,  premier dimanche du mois

Accès

Métro : stations Gares, Charles de Gaulle
Bus : arrêts Champs Libres Magenta, Colombier, Gares Gare SNCF et gare routière à 100 m
Parking : Charles de Gaulle

Les Champs Libres
10, cours des Alliés – 35000 Rennes Téléphone: 02 23 40 66 00 contact@leschampslibres.fr

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