le Stangala

Aux portes de la ville de Quimper dans le Finistère, la petite commune de Ergué Gabéric s’étend sur 90 hectares et offre au paysage des gorges creusées par la rivière l’Odet au fil du temps. Le Stangala est un endroit très prisé des marcheurs et vététistes, car des chemins de randonnée permettent de sillonner la totalité du site. Le lieu est aussi réputé des amateurs de kayak !

Le Stangala s’étend en partie sur Ergué-Gabéric, Quimper et Briec. Stangala signifie vallée de saint Alar, nom d’un saint breton du VIe siècle, évêque de Cornouaille. Le Stangala est classé parmi les Sites et monuments naturels de caractère artistique depuis le 6 juillet 1929. Le Conseil départemental du Finistère devient propriétaire du site en 1990, dans le cadre de sa mission de protection des espaces naturels remarquables. C’est lui qui, en partenariat avec les communes, gère l’entretien du cheminement et des aménagements : les passerelles, le mobilier et la signalétique. Le Conseil départemental confie la maîtrise du boisement à l’Office National des Forêts (ONF). Des espèces végétales et animales sont protégées au Stangala : l’osmonde royale et l’escargot de Quimper, pour exemple.

À partir du parking du Griffonès situé près de Lestonan, village de Ergué Gabéric, un chemin permet de rejoindre l’éperon du Griffonès, où le point de vue est superbe sur le défilé de l’Odet. Le cours de la rivière prend ici l’aspect de gorges dont la pointe du Griffonès constitue le site le plus pittoresque. L’Odet est alors impétueuse avec ses pentes vertigineuses, ses chaos rocheux et ses sentiers sinueux. Les promeneurs y rencontrent des ruines quasi oubliées qui font du site un lieu magique. Les eaux des gorges coulent parfois de manière torrentielle ! Les vététistes les plus endurants réaliseront la boucle de 25 km. Celle-ci présente un dénivelé de 450 m. Les marcheurs se contentent souvent d’un itinéraire plus court avec une partie qui reprend largement le GR 38. Le tracé réserve cependant quelques difficultés, et selon le chemin emprunté, le parcours requiert de l’attention et de la prudence. 

Une ferme manoir se situe sur un éperon rocheux qui domine la vallée du Stangala. Son nom vient d’un rocher voisin en forme de tête de dragon Beg ar Grip.

La passerelle de Meil Poul permet elle, d’une part de traverser l’Odet, là où de gros rochers parsèment les eaux et d’autre part, d’accéder au moulin du Poul situé tout près sur la commune d’Ergué-Gabéric qui fonctionnait jadis au bord de la rivière, sous le nom de moulin de Griffonès. 

Un peu d’Histoire

Si aujourd’hui on ne croise plus que des promeneurs et des sportifs, autrefois le Stangala vivait au rythme de nombreuses activités humaines, avec les fermes, les moulins, les carrières, la pêche et l’exploitation forestière. Actuellement entièrement boisées, les pentes du Stangala étaient couvertes de landes.

Jadis, le Stangala était une source d’inspiration pour les artistes.  En 1861, le peintre Louis Noël réalisa une peinture à l’huile intitulée Vue de la Vallée du Stangala. Sa toile est conservée au Musée des Beaux Arts de Quimper. Adolphe Paban, homme de lettres, consacra quant à lui des poèmes au Stangala dans ses recueils Au bord de la Mer Bretonne : alouettes et goélands, en 1894 et Les Roses de Kerne en 1899. 

Le Stangala est aussi connu pour avoir été le paradis perdu de Jean-Marie Déguignet (1834-1905), l’auteur des Mémoires d’un Paysan bas-breton. Celui-ci a passé son enfance à Ergué-Gabéric. Jean-Marie Déguignet a notamment recueilli de ses contemporains un récit remontant à la Révolution Française. Des prêtres réfractaires auraient trouvé refuge dans un endroit difficile d’accès dans le prolongement du belvédère du Griffonès. Voilà pourquoi, le lieu s’appelle Toull ar Veleien (trou des curés) !

Quant à Max Jacob, il évoqua le Stangala dans Le Roi de Béotie en 1921 et dans ses Méditations, en 1943 et publiées en 1947.

le Stangala
la peinture de Louis Noël

En 1928, un projet de barrage pour une centrale hydraulique fut déposé, mais refusé. La nature a été préservée. L’eau et la lumière filtrent toujours à travers le couvert végétal et créent un décor et une atmosphère propices aux légendes : le dragon du Griffonès ;  Groac’h, la sorcière du Stang Odet ; les lutins du manoir de Coatbily ; les revenants ; la grotte des Korrigans ; les perles de l’Odet, etc.

Marjolaine Tanguy
Marjolaine Tanguy est correspondante de presse dans le Finistère

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