Du 14 mars au 24 avril 2018, l’École Supérieure du Professorat et de l’Éducation (ESPE) de Rennes ouvre les portes de la galerie EC’ARTS au plasticien breton Francis Blanchemanche et propose l’exposition Éphémérides créatives, « Du papier à l’écran, un art du détournement ». Rencontre avec l’artiste.

Directeur artistique au service audiovisuel de l’Université Rennes 2, le graphiste et plasticien Francis Blanchemanche agite son feutre noir et redessine la presse depuis maintenant 20 ans. Ce n’est pas sans raison que l’ESPE lui a donné carte blanche pour une exposition autour des médias et du numérique dans le cadre de la semaine de la presse.

« Mon aventure avec les médias a commencé dans les années 90. Je lisais beaucoup Libération, je ne les jetais pas donc je les entassais. Je ne voulais pas devenir une de ces personnes qui gardent une montagne d’affaires sans savoir quoi en faire. Autant faire quelque chose de toute cette matière. L’idée était de garder le meilleur avant de le jeter. » explique l’artiste. Quelques coups de ciseaux, une finition au cuter et un peu de colle et sa première série « On a marché sur la une » (1991-1994) était née.

Le journal Libération, les magazines Télérama, Les Inrockuptibles et Le Monde n’ont plus aucun secret pour lui. Éplucher, trier, sélectionner et mixer sont devenus pour lui un processus de création en perpétuelle évolution. Une source d’inspiration inépuisable qu’il étend désormais au web avec sa dernière série, réalisée à partir d’une base de données d’images créée sur le réseau social Facebook.

Que ce soit sur papier ou avec l’outil numérique, Francis Blanchemanche s’amuse avec les codes journalistiques. Il les respecte, les maltraite ou les détourne avec légèreté et humour décalé qui sont l’essence de sa pratique. Son feutre noir et sa souris d’ordinateur sont toujours prêts à l’emploi pour une nouvelle lecture de l’information sans censure.

francis blanchemanche

Vous faites du collage depuis de nombreuses années, parlez-nous de l’évolution de votre travail ? 

Francis Blanchemanche – Le rapport à l’image a toujours été important pour moi. J’ai commencé par assembler différents éléments papier pour créer une composition dans les années 90 . J’ai eu envie d’aller plus loin et je me suis tourné vers le numérique avec la série « Copies qu’on forme » (1999-2001). C’est la première fois que j’utilisais Illustrator. Le discours est le même mais la technique est différente.

La série « Papiers recyclés » est née en 2004. J’étais en vacances, j’avais mon journal Libération mais je ne savais pas quoi faire. J’ai commencé à dessiner. Je reproduisais l’image qu’il y avait sur la page mais après un moment, bien dessiner n’a plus suffi. Je voulais aller plus loin donc je me suis à travailler avec une tablette lumineuse de manière à ce que le verso vienne sur le recto. Il y a un jeu de renvois entre le recto et le verso. Parfois, on ne sait plus ce qui est de l’ordre de la photo.

francis blanchemanche

Les médias sont une source d’inspirations illimitée, comment travaille Francis Blanchemanche ?

Francis Blanchemanche – Je travaille par séries et par contraintes que je renouvelle sans arrêt. Par exemple, je ne mélange jamais deux journaux. Pour « Papier recyclés », je pars de l’image et non du texte. Avant de choisir la page, je regarde systématiquement le verso et par transparence la composition finale que ça donnerait si je décidais de travailler dessus. Si ça ne convient pas plastiquement je ne travaille pas dessus. J’essaie toujours de trouver quelque chose d’original et de changer d’univers.

Pour « Les assis » ou « Copies qu’on forme », le jeu était vraiment d’associer le texte et l’image. L’image a un sens, le titre un autre mais avec le collage, les deux perdent leur sens et un troisième se crée.

francis blanchemanche

Pourquoi avoir choisi ce titre d’exposition ? Que va trouver le spectateur en allant voir Éphémérides créatives ?

Francis Blanchemanche – La date est importante pour moi donc tous mes collages sont datés. C’est une manière de fixer l’image dans le temps pour que le spectateur sache de quand date le document. C’est aussi une façon de me positionner par rapport à l’actualité. Par exemple, le 5 août 2012 j’étais en train de dessiner des judoka.

Éphémérides créatives est comme un calendrier personnel, artistique. Je reviens sur d’anciennes séries avec des collages que je n’ai pas encore exposés. Il y aura aussi ma nouvelle série en cours. Elle s’appelle « Collages digitaux » mais ce n’est pas le titre définitif. Pour cette série, je travaille exclusivement à partir d’images récoltées sur Facebook. Sur les trois cents croquis réalisés, soixante-huit seront exposés.

ephemerides creatives

Quels sont vos projets artistiques pour la suite ?

Francis Blanchemanche – J’aimerais travailler en sérigraphie mais c’est un tout autre technique. La prochaine étape sera d’animer ces dessins, une évolution logique de mon travail.

Cette exposition sera le support d’investigations plastiques, didactiques et pédagogiques auprès des étudiants (master 1) et des stagiaires (master 2). Durant la période de l’exposition, la galerie sera ouverte sur demande en passant par l’accueil de l’ESPE.

Vernissage mercredi 14 mars de 17h30 à 19h.
Galerie EC’ARTS
153 rue Saint-Malo
35700 Rennes

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