Née en Normandie en 1972, Elodie Tirel est professeure d’espagnol à Saint-Malo où elle vit avec son mari.

Fan de fantasy et de littérature jeunesse, en 2004, Elodie Tirel se lance dans un premier roman. Il sera publié trois ans plus tard. Depuis, elle a écrit à ce jour une trentaine de livres pour adolescents, dont quatre séries. Entre cours, copies et conseils de classe, elle continue à écrire et s’essaie à la littérature adulte. C’est lors d’un séjour à Jersey qu’est née l’histoire inquiétante de « À double tour », un thriller psychologique grand public facile d’accès.

Résumé d’A double tour

Galeriste à Jersey, Karen a tout pour être heureuse, un mari avocat qui l’adore et un merveilleux petit garçon de 5 ans, Viktor. Mais le jour où son beau-père lui offre un étrange tableau tout son univers va dangereusement basculer.
La jeune femme commence à avoir des hallucinations. Des objets de son salon disparaissent et se retrouvent dans le tableau. Son mari, sceptique, commence à douter de sa santé mentale. Pourtant, quand leur enfant disparaît mystérieusement tout le monde prend l’affaire au sérieux.
Face aux vains efforts de la police, Karen décide de mener ses propres recherches pour ne pas sombrer dans la folie du désespoir. Cette quête l’emmènera loin, bien plus loin qu’elle ne l’aurait jamais cru.
Mais jusqu’où sera-t-elle capable d’aller pour sauver son fils ?

elodie tirel
Élodie Tirel est une écrivaine malouine

« À double tour » est-il votre premier ouvrage ?

Non, j’ai commencé à écrire en 2007 et j’ai publié de nombreux romans fantastiques pour adolescents. J’ai à mon actif quatre séries, L’elfe de Lune, Zâa, E-Den et Epsilon, ainsi qu’un roman d’anticipation : Mémoris.

Après la Fantasy, la dystopie et la science fiction, j’avais envie de changements. Et si mes élèves sont ravis de lire mes romans jeunesse, mes collègues et ma famille me demandaient depuis longtemps d’écrire un roman adulte. Par goût du défi, j’ai eu envie d’essayer et pour une fois, le réalisme l’emporte sur le fantastique.

Pourriez-vous nous raconter l’histoire en quelques mots ?

« À double tour » raconte l’histoire de Karen, propriétaire d’une galerie à Jersey. Le jour où son beau-père lui offre un étrange tableau, sa vie bascule. Apparitions, hallucinations, disparitions. Elle croit devenir folle jusqu’à ce que son petit garçon disparaisse à son tour. Elle se lance alors dans une quête insensée pour le retrouver. Mais jusqu’où sera-t-elle capable d’aller ?

Pourquoi avoir choisi Jersey pour planter le décor ?

C’est lors d’un séjour romantique avec mon mari à Jersey qu’est née l’intrigue de ce roman. Habitant à Saint-Malo, c’est facile pour nous de nous rendre là-bas. Jersey nous offre à chaque fois un dépaysement total. Cette île possède un charme fou, une tranquillité et une authenticité que j’apprécie énormément.

N’est-ce pas difficile d’aborder la disparition d’un enfant quand on est soi-même maman ?

C’est un sujet délicat, en effet, et qui touche chaque parent, bien sûr. Certains passages étaient difficiles à écrire, très émouvants, mais j’ai essayé d’éviter de tomber dans le mélodrame. Je voulais me concentrer sur les sentiments de cette maman, forte et fragile à la fois, pour que le lecteur comprenne son histoire, son désespoir et sa quête personnelle, jusqu’au dénouement final, surprenant. Dans tous mes romans, j’aime surprendre mes lecteurs avec une fin étonnante, à laquelle on ne s’attend pas. Je ne dévoilerai rien ici, mais je pense que les derniers chapitres de « À double tour » en surprendront plus d’un.

Avez-vous d’autres romans en tête ou en cours d’écriture ?

Oui, j’ai commencé un roman pour adulte sur le thème de l’Urbex, autre sujet qui m’intéresse beaucoup. Ce livre sera très différent de « À double tour » et se rapprochera des films d’horreurs que j’affectionne.

Quelle place occupent les livres dans votre vie ?

J’adore lire. C’est vital pour moi de m’évader par le biais de la lecture. Chaque livre est un voyage dans une histoire qui me transporte ailleurs, hors de mon quotidien. Je lis dès que je le peux, c’est à dire, après avoir préparé mes cours, corrigé mes copies et écrit quelques chapitres… donc essentiellement le soir !

Quels écrivains vous inspirent ?

J’ai lu et dévoré tous les polars de Grangé, Chattam, Minier et Thilliez, mes auteurs préférés. Leurs intrigues haletantes et bien ficelées m’attirent toujours. Mais je lis aussi des romans historiques, avec une préférence pour l’antiquité et le Moyen-âge.

Qu’aimeriez-vous partager avec vos lecteurs ?

J’aime transporter mes lecteurs dans un monde différent du leur. Leur faire vivre une aventure ou une tranche de vie qui va les émouvoir, les effrayer ou les surprendre. L’essentiel, c’est l’émotion que je vais leur procurer. Quand un lecteur me dit avoir tremblé ou pleuré pour mes héros, je suis ravie !

elodie tirel

Extraits d’À double tour

Karen se demandait ce qu’elle avait bien pu entendre quand un second bruit monta jusqu’à elle. Cela venait du rez-de-chaussée !

Le cœur tambourinant dans sa poitrine, elle se dirigea à tâtons jusque dans la mezzanine sans allumer et descendit quelques marches sans un bruit. Elle se pencha pour vérifier s’il y avait quelqu’un.

Le salon semblait vide, mais les toilettes du bas étaient allumées !

Karen remonta en trombe dans l’escalier. La seconde d’après elle était auprès de Thomas.

— Réveille-toi ! souffla-t-elle en le secouant. Il y a quelqu’un en bas ! Son mari sursauta, perdu, déboussolé.

— Quoi ? Qu’est-ce que tu racontes ! C’est pas possible, j’ai verrouillé la porte et…

— Je te dis qu’il y a quelqu’un dans les toilettes !

— Dans les toilettes ?

— Oui, viens vite !

Paniqué, Thomas rejeta la couette et enfila précipitamment un tee-shirt, puis il se précipita dans le couloir et dévala l’escalier, Karen sur ses talons. Sans un bruit, il fila vers les toilettes, toujours allumées. Karen fit un détour vers la cuisine pour s’emparer de son couteau de boucher.

Thomas retint son souffle deux secondes, avant de passer à l’action. D’un coup, il poussa la porte en grand, prêt à en découdre avec l’intrus.

Les toilettes étaient vides.

Mais un spectacle affligeant les attendait.

Tous les dessins de leur fils, récemment accrochés aux murs, avaient disparu !

Tétanisée, Karen resta prostrée sur le seuil des toilettes. Tandis que Thomas en ressortait, il lui prit le couteau des mains et disparut fouiller maison.

Quand il revint quelques instants plus tard, Karen pleurait doucement, à genoux dans les toilettes.

— Ne pleure pas, mon ange, fit-il en la prenant dans ses bras. C’est fini. Il n’y a plus de danger.

— Où est-il passé ?

— Qui ?

— Celui qui a fait ça ! Où est-il ?

— Je… je n’en sais rien. Tu es sûre qu’il y avait quelqu’un ? Tu l’as vu ?

— Non, je ne l’ai pas vu mais la lumière était allumée alors qu’elle était éteinte hier soir quand nous sommes montés nous coucher. Quelqu’un l’a forcément allumée.

— Il n’y a personne. J’ai vérifié chaque pièce. La maison est vide.

— Tu es monté voir en haut ? Dans la chambre de Viktor ?

— Bien sûr. J’ai fouillé partout, j’ai même ouvert les placards et les penderies.

— Tu as regardé sous les lits ?

— Oui, aussi, mais il n’y a personne. Je te le jure. Karen plaqua ses mains sur ses joues humides.

— Il y avait quelqu’un ici, je le sais. Et puis, regarde, tous les dessins de Viktor ont disparu. Quelqu’un les a volés !

— Je le vois bien, mon amour.

Thomas s’accroupit à côté de sa femme.

— Pourquoi ? se lamenta Karen. Pourquoi a-t-il fait ça ?! Quel genre de détraqué vole des dessins d’enfants ?

— Je n’en ai aucune idée. Mais au moins, il ne s’en est pas pris à Viktor. Soudain affolée, Karen tourna la tête vers la porte d’entrée.

— Par où est-il rentré ? Tu m’as dit que tu avais verrouillé la porte d’entrée.

— En effet, je viens de regarder. Et les clés sont toujours dessus.

— Alors il est passé par la baie vitrée ? Par une fenêtre ? Thomas aida son épouse à se relever.

— Non, j’ai vérifié chacune des ouvertures. Tout est parfaitement fermé. Un frisson d’angoisse traversa la jeune femme.

— Mais d’où venait-il alors ? Et par où est-il ressorti ?

— Je ne sais pas.

La jeune femme, tremblante, leva les yeux vers son mari.

— Tu… tu me crois, au moins ?

— Bien sûr, que je te crois. Les dessins ont disparu… C’est bien la preuve que… que quelqu’un les a pris. Mais qui et pourquoi ? Je n’ai pas de réponse pour le moment.

Alors que Thomas l’entraînait vers l’escalier, Karen chercha le tableau du regard et repensa à la silhouette malfaisante, tapie sous le pont. Une pensée, fugace mais terrifiante, fusa dans son esprit. Et si l’intrus venait du tableau ?

Et si, après avoir volé le caillou en forme de cœur et fait disparaître les objets du salon, il s’était cette fois emparé des dessins de son fils ? »

À double tour, Élodie Tirel, Les Presses Littéraires Collection : crimes et châtiments, pp. 446, janvier 2021, 15,00 €

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