Le patriarche Chenouda III a été rappelé à Dieu, samedi dernier, à l’âge de 88 ans. Au Caire, dans la cathédrale orthodoxe d’Abbasseya, plus de 100 000 fidèles venus de toute l’Égypte se sont déjà pressés pour se recueillir devant sa dépouille.

 

Les chrétiens d’Égypte, descendants des pharaons athonites, ont été christianisés au Ier siècle par Saint-Marc. Devenus chrétiens (patriarcat orthodoxe d’Alexandrie), ils représentaient encore il y a cinquante ans  près de 15 % de la population. Mais suite à des tracas administratifs, des discriminations légales, des vexations constantes par les autorités, des persécutions par certains musulmans, ils représentent aujourd’hui à peine 10 % de 85 millions d’Égyptiens, une partie importante s’étant résolu à émigrer.

Chenouda III règne sur l’Église copte depuis 1971. Devant la situation particulièrement difficile que connaissait et connait sa communauté, le patriarche s’est engagé publiquement pour protéger ses fidèles. À telle enseigne, qu’en 1981, il est assigné à résidence pour avoir osé dénoncé publiquement la politique discriminatoire de Sadate à l’égard des Coptes. Réhabilité en 1985 par Hosni Moubarak, le patriarche a fait le choix de le soutenir afin de préserver autant que faire se peut la communauté copte.

Son successeur aura fort à faire dans les prochaines années. En effet, les attaques contre les coptes connaissent un regain de force dans un contexte parlementaire où les islamistes tiennent les trois quarts des sièges et où les salafistes gagent du terrain. Du côté international, le soutien apporté aux coptes reste faible du côté français et européen ; il est davantage présent côté américain et russe (et dans tous les pays orthodoxes, notamment la Grèce). En accord avec la tradition de l’Église primitive et qui avait cours dans les élections patriarcales et les conciles, c’est le Saint-Esprit qui désigne le successeur par l’intermédiaire d’un tirage au sort. En Égypte, c’est la main d’un enfant aux yeux bandés qui opère.

Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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