Après le vernissage déambulatoire du 14 janvier, des photographes, des rencontres, des visites guidées, des ateliers pédagogiques sont proposés au festival Pluie d’images de Brest (Finistère). Consacré à l’alimentation dans toutes ses dimensions et intitulé Aliments Terre, le public est attendu jusqu’au samedi 25 février pour une trentaine d’expositions dans divers lieux à Brest et sa périphérie.  

Le festival Pluie d’images de Brest est devenu aujourd’hui un rendez-vous culturel bien ancré dans le paysage culturel finistérien. L’événement soutient la création ; il accompagne les auteurs en termes de programmation, de diffusion, de résidence d’artiste, d’aide à la production afin de présenter le travail de photographes professionnels avec rigueur dans des lieux sélectionnés à Brest, Saint-Renan, Le Relecq-Kerhuon, Plougastel-Daoulas, etc. Une trentaine d’expositions au total, mais aussi des rencontres avec les photographes et des débats à propos de nos modes de production et de consommation alimentaires sont au programme : nos assiettes et leur contenu, l’art de cuisiner, les rituels de la table, les produits, les modes de production, l’agriculture biologique, intensive ou jardinière…

L’axe de la programmation 2023 s’articule autour de la thématique Aliments Terre, pensé par le Collectif Armoricain des Photographes Auteurs Brestois (CAPAB). L’alimentation et notre rapport à la terre sont au menu de cette 18e édition, observant un écho tout particulier aux problématiques écologiques et sociales actuelles. Elle regroupe six photographes reconnus : Stéphanie Lacombe, Alexa Brunet, Raphaelle Trecco, Béatrice Prève, Alexandra de dives et Christian Rérat.

Samedi 14 janvier 2023, la 18e édition du Festival Pluie d’images a été lancée par les membres de la CAPAB à la médiathèque Jo-Fourn de Brest. Il s’en est suivi un vernissage déambulatoire l’après-midi dans les rues de Brest en présence des artistes. Une pose à la médiathèque François-Mitterrand a permis une rencontre avec la photographe ardéchoise Alexa Brunet. Elle a accueilli les visiteurs et leur a présenté quatorze de ses photographies. Le vernissage laisse place jusqu’au 25 février à une trentaine d’expositions gratuites (*retrouvez le programme complet ci-dessous).

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Les membres de la CAPAB

Présentation des six photographes exposés

Stéphanie Lacombe : La table de l’ordinaire. Elle emmène le public à la table des Français. Ses photographies captent l’ordinaire pour faire ressortir l’extraordinaire d’un moment banal, dans une société standardisée et labellisée. Quoi de plus commun donc qu’un dîner à la maison, dans la même pièce, à la même heure, à la même table et dans la même assiette ? Dans cette série, la table est au centre de l’image. L’artiste n’oriente pas son travail sur la nourriture mais plutôt sur l’intimité de la famille. Les photographies révèlent des vies simples, noyées dans leurs habitudes, leurs rituels avec leurs petits objets de tous les jours. La maison est le lieu où se joue une pièce de théâtre, celle du quotidien.

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Née en 1976 à Figeac (Lot), la photographe portraitiste Stéphanie Lacombe est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD). Elle est l’auteure de documentaires photographiques et  son travail s’expose en France et à l’étranger : en Finlande, en Argentine, à Hong Kong. Ses photographies et ses récits sont indissociables. Ils proposent une réflexion sur les modes de vie des classes populaires. L’artiste transmet son expérience lors d’ateliers photographiques : à la Fondation Cartier et aux Ateliers du Carrousel à Paris, Maison Robert Doisneau à Gentilly (Val-de-Marne), Les Rencontres d’Arles (Bouches-du-Rhône), etc.  Elle est lauréate de nombreux prix dont le Prix Niépce en 2009 et de la BNF, Radioscopie de la France en 2022. Elle réalise un documentaire dans le département de la Somme sur les stratégies mises en place par les familles pour finir les fins de mois en territoire post-industriel. 

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Stéphanie Lacombe

Bibliothèque Universitaire de lettres et sciences humaines, 11 avenue Foch à Brest : lundi, mardi mercredi et jeudi  de 8h à 22h ; vendredi de 8h à 19h et samedi de 9h à 17h

Alexa Brunet : Dystopia. Elle propose une approche du bouleversement du milieu agricole français et de son futur. Par le jeu de mises en scène photographiques, les auteurs cherchent à montrer ce qui nous attend si rien ne change. Avec un humour distancié, ils dénoncent les dérives et les logiques d’un système.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il faut nourrir la population. Arrive alors le progrès dans un monde paysan jugé archaïque. Progrès technique et progrès social marchent ensemble dans l’effervescence d’une modernisation menée vitesse grand V. Un demi-siècle plus tard, le constat est amer ! Depuis les années 1970, 60% des agriculteurs ont disparu, l’érosion des sols s’aggrave, la variété des races animales diminue, les pesticides se retrouvent dans nos assiettes et les algues vertes sur les côtes bretonnes. Le modèle agro-alimentaire est en faillite tandis que la faim gagne dans le monde. L’idéal des années 1960 est devenu fiction.

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Alexa Brunet, 46 ans, est une photographe française qui vit et travaille en Ardèche. Elle est diplômée de l’Art College de Belfast (Irlande) en 1998 et de l’ENSP d’Arles en 2001. Elle travaille principalement pour la presse, les collectivités et des organismes indépendants. Ses projets personnels en France et à l’étranger sont menés en partenariat avec des rédacteurs et des artistes. Alexa Brunet réalise depuis quelques années des photographies symboliques, qui mêlent l’absurde, l’humour et le poétique. Elle donne son interprétation de sujets de société tels que les pièges de la technologie, l’habitat, les dérives de l’agriculture industrielle. Elle expose ses oeuvres dans des musées et des festivals : MAP à Toulouse (Haute-Garonne), Les femmes s’exposent à Houlgate (Calvados), les Photaumnales à Beauvais (Oise), Biennale d’Architecture à Venise (Italie), Images Singulières à Sète (Hérault ), les Transphotographiques à Lille (Nord).

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Alexa Brunet

Médiathèque Les Capucins, 25 rue Pontaniou à Brest : mardi, mercredi, jeudi et vendredi de 12h30 à 18h30 ; samedi de 10h à 18 h et dimanche de 14h à 18h

Raphaëlle Trecco : Le bio au féminin. Elle s’intéresse à ces jeunes femmes, rarement issues du milieu agricole, qui se lancent dans la production maraîchère biologique. Elle dresse le portrait de Justine Bertoux, 30 ans maraîchère-exploitante depuis cinq ans à de la ferme de la Paonnière, à Audembert (Pas-De-Calais). Son objectif est d’obtenir la certification en agriculture biologique. Ingénieure forestière de formation, elle prône une agriculture qui respecte la composition des sols et l’emploi d’engrais verts. Elle a rejoint une association appelée Maraîchage sur sol vivant au sein de laquelle elle intervient pour partager son expérience avec les autres membres, agriculteurs comme elle. Parmi ses clients, elle compte une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) située à Saint-Martin-de-Boulogne (Pas-de-Calais). Cette structure permet d’assurer une trésorerie annuelle à l’agricultrice et lui donne une visibilité lui permettant d’anticiper et d’organiser ses cultures en réduisant le gaspillage.

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Basée à Paris, Raphaëlle Trecco est photographe professionnelle depuis 2015. Portraitiste dans l’âme, elle s’est d’abord passionnée consacrée à la photographie de famille pendant plusieurs années. Elle a ensuite développé de nombreux projets photos dans des écoles. Depuis mars 2020, elle se réoriente vers son envie initiale : le reportage. Elle a rejoint le collectif DR pour développer des sujets autour de mes thématiques de prédilection : la photo sociale et la photo documentaire. Elle cherche, par son travail, à documenter l’insertion des publics fragilisés dans notre société.

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Justine Bertoux

Médiathèque François Mitterrand, 68 rue Vincent Jézéquel à Relecq-Kerhuon : mardi, mercredi et vendredi de 10h à 12h et de 15h à 19h ; jeudi de 10h à 12h ; samedi de 10h à 18h ; dimanche de 15h à 18h.

Béatrice Prève : Quand on cultive en ville. Elle raconte en images l’histoire de Philippe Zerr, un maraîcher de 37 ans qui cultive un potager 600 m2 dédiés à une micro-ferme, dans à “les Etats Unis”, un quartier populaire de l’agglomération de Lyon. Le bailleur social “Grand Lyon Habitat”, en partenariat avec la Ville de Lyon et l’entreprise “Place au terreau” ont aménagé un espace solidaire destiné à l’agriculture urbaine. Ce sont 1600 m 2 qui sont répartis en trois zones : un jardin permacole où se déroulent des ateliers de jardinage, une zone d’expérimentation pour la biodiversité et la zone dédiée à une ferme urbaine. Avec un diplôme d’ingénieur en mécanique en poche, Nicolas vient de se reconvertir et de s’associer avec Philippe Zerr, pour faire un métier qui a vraiment du sens. Du printemps à la fin de l’automne, Philippe et Nicolas proposent la vente de légumes frais en circuit court directement du producteur au consommateur. Cette micro-ferme est aujourd’hui un projet pilote en termes d’agriculture urbaine à Lyon.

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Après avoir suivi des études d’art à l’école supérieure des Beaux-Arts de Lyon, Béatrice Prève est directrice artistique free-lance dans le domaine de la communication pendant six ans. Elle réside pendant trois ans au Maroc où elle travaille en collaboration avec des agences de communication internationales. Depuis une dizaine d’années, elle se tourne vers la photographie qui lui apporte des émotions et qui l’émerveille. Elle éprouve une immense gratitude à devenir par la photographie le témoin bienveillant et humble de la beauté des lieux, d’une relation, d’un moment unique. Béatrice Prève est membre du Collectif et de l’agence de presse collectif DR dont l’ADN est le reportage pour la presse nationale et internationale.

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Béatrice Prève

Médiathèque de l’europe, 9 place Sisley à Brest : mardi, mercredi et vendredi et samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h ; jeudi de 14h à 18h

Alexandra De Dives : L’or noir de Madagascar. La photographe emmène les visiteurs à Madagascar où les ouvrières récoltent l’or noir (la vanille) sous étroite surveillance tant l’épice est précieuse. Elles sont soumises à des conditions de travail pénibles. Le processus est long, fastidieux et de nombreux acteurs interviennent dans sa fabrication avant que les gousses ne se retrouvent dans nos cuisines et nos parfums. On prête également à la précieuse épice de nombreux bienfaits sur notre santé. La vanille de l’île rouge est exportée dans le monde entier. Le travail de la vanille fait vivre plus de 80 000 agriculteurs sur l’île 

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 Alexandra de Dives a débuté il y a 30 ans avec la photographie de sport et de concerts. Elle s’est rapidement spécialisée dans la photographie sociale : portraits de familles, de mariage, car elle aime raconter en images les histoires humaines. Elle s’intéresse ensuite aux reportages au long cours. Elle documente la vie des dérèglements climatiques dans le monde. En France, elle suit un jeune athlète handisport en escrime qui se prépare aux JO de Paris 2024. Alexandra De Dives met en avant les combats d’individus face à une société parfois figée. En parallèle, elle se questionne  sur le poids de l’industrie dans la modification du paysage et commence un travail artistique pour illustrer ce sujet et montrer au monde entier comment les paysages ont été modifiés par les industries.

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Alexandra de Dives

Médiathèque de Saint-Marc, place Vinet à Brest : mardi, mercredi et vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30 ; jeudi de 14h à 18h  

Christian Rérat :  Des goûts et des couleurs. Les photographies de recettes de Christian Rérat ont été réalisées avec le talentueux chef Gérard Boscher pour illustrer leurs livres Saveur Design et Nouvelle Gastronomie Bretonne. Au fil des saisons, ils se sont inspirés du terroir breton, et ont créé des photos gourmandes et esthétiques, parfois teintées d’humour. Rechercher une nourriture plus saine est aujourd’hui une vraie tendance avec un retour de l’approche entre le producteur et le consommateur. L’industrie agro-alimentaire reste cependant très dominatrice et beaucoup de consommateurs ignorent encore d’où viennent les produits qu’ils consomment.

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Christian Rérat est un photographe brestois. De 1989 à 2015, il pratique essentiellement un travail de studio et réalise des photographies pour la publicité, le culinaire, et des reportages dans l’agro-alimentaire.

A la fin de l’année 2015, il cède son studio pour se consacrer à une photographie plus personnelle.

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Christian Rérat

Infos pratiques :

Festival Pluie d’images Pluie d’Images – CAPAB, 204 rue Anatole France à Brest

Médiathèque Bellevue, place Napoléon III Brest :  mardi, mercredi, vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30 ; jeudi de 14h à 18h et samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 17h

contact@festivalpluiedimages.com
facebook.com/FestivalPluiedImages
twitter.com/pluiedimages
instagram.com/pluiedimages

*Les lieux, dates et horaires de toutes les manifestations sont à retrouver sur le site

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Marjolaine Tanguy
Marjolaine Tanguy est correspondante de presse dans le Finistère

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