Carlos Núñez Bryn Terfel Beethoven Opéra de Rennes

Carlos Núñez et Bryn Terfel, deux artistes celtes de renommée, se sont produits ensemble à l’Opéra de Rennes vendredi 23 juin 2023 pour un concert qui mettait à l’honneur le répertoire celtique de Beethoven. Une soirée mémorable !

Le vendredi 23 juin 2023, les loges, les baignoires et le parterre de l’Opéra de Rennes affichaient complet. Plus une seule place et beaucoup de déçus. Quelle était le motif d’une telle effervescence ? La réponse est simple, pour la seconde fois, Carlos Núñez, le barde Galicien et Bryn Terfel, l’emblématique baryton Gallois se retrouvaient pour mettre en commun leurs racines. Mieux encore, c’est au travers des mélodies celtiques de Beethoven, que pendant toute une soirée qui restera dans les mémoires, s’est resserré le lien historique qui les unit par delà les mers et les siècles.

‌Carlos Núñez, à Rennes, il n’est plus utile de le présenter. Il avait, il y a de cela quelques années, défrayé la chronique en mettant le feu au TNB, au sens figuré bien entendu, invitant la foule à se lever et à danser, créant une indescriptible et jubilatoire émeute. Il semble un peu assagi, mais juste ce qu’il faut. À l’opposé, ce qui marque, c’est la maturité qu’il a acquise au niveau instrumental. Même s’il dominait déjà avec brio cette cornemuse particulière qu’est la gaïta Galicienne, sans oublier le nombre impressionnant de flûtes aux sonorités différentes, on ressent cette fois plus d’intériorité, le mystère de sa musique est plus palpable, il entraîne le public dans une rêverie onirique et lointaine. Tout stimule l’imaginaire et l’on se prend à rêver de landes embrumées, de fées et de légendes sur fond de terre ingrate parsemée de rochers. Au fond c’est un peu la Bretagne, mais également le lot de bien des rivages celtiques. Son frère, Xurxo Núñez, musicologue et percussionniste averti, apporte une rythmique étonnante et complexe et contribue pour beaucoup à la personnalité particulière de leur répertoire.

Carlos Núñez Bryn Terfel Beethoven Opéra de Rennes

Bryn Terfel, ou comme il conviendrait de dire, Sir Bryn, avec sa carrure de rugbyman et son incroyable voix, fait la conquête du public dès qu’il apparaît. Il y a dans cet homme tout ce que la force a de bon quand elle est protectrice et bienveillante. Sa tessiture de baryton basse lui permet de briller dans tous les rôles où la dimension du personnage, au propre comme au figuré, impose une certaine carrure et une présence dominante. Aussi aurait-on envie de l’entendre en Méphistophélès dans Faust ou en Wotan dans La Walkyrie ou même, cerise sur le gâteau, en statue du commandeur dans Don Giovanni… C’est sans doute ce qui permet à Sir Bryn d’offrir un visage détendu et amusé lors de ce concert à l’Opéra de Rennes. Pas vraiment besoin de recourir aux spectaculaires possibilités de sa voix et s’il affecte une certaine légèreté, il ne néglige pas pour autant les aspects tristes ou franchement joyeux des chansons populaires galloises ou écossaises qu’il nous interprète.

Nos deux compères étaient accompagnés à la harpe par les talentueuses Hannah Stone et Aïda Aragoneses Aguado. Les différentes mélodies celtiques ont été orchestrées par Benoît Menu et Pierre Chépélov. Mais venons en au cœur même de notre interrogation. Beethoven ? Musique celtique ? Le rapport ne s’établit pas d’emblée et mérite quelques explications. Beethoven, même si cela n’apparaît pas comme une évidence, a manifesté un réel intérêt pour la musique celte. Cet intérêt est né de la lecture d’un recueil de chansons populaires venues d’Écosse, du pays de Galles et bien sûr d’Irlande, rédigé par un Écossais du nom de Georges Thomson. Fasciné par ces mélodies, il a souhaité les comprendre et a consacré à cette réflexion près de 15 années de sa vie.

Le résultat, même si c’est pour la seconde fois, est un excellent concert en forme de plébiscite. Jeunes ou moins jeunes ont salué avec enthousiasme cette rencontre tout à fait hors du commun, et se sont régalés de mélodies qui l’étaient tout autant.

Carlos Núñez Bryn Terfel Beethoven Opéra de Rennes

Notre chef d’orchestre, Grant Llewellyn, Gallois aussi, ne l’oublions pas, semblait aux anges, et sa complicité avec son compatriote Bryn Terfel, tout à fait évidente. Pourquoi donc s’étonner d’avoir entendu un Orchestre National de Bretagne énergique, absolument à l’aise avec cette musique populaire et joyeuse et qui nous a fait passer une excellente soirée. Marc Feldmann, administrateur général de l’orchestre arborait, à juste titre un sourire réjoui. Rassembler sur scène deux monstres sacrés comme Bryn Terfel et Carlos Núñez et le réussir deux fois, c’est vraiment plus qu’une louable performance, c’est un exploit !

Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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