Le 19 octobre 2021, la présidente de l’Agence du Service Civique Béatrice Angrand s’est rendue à Rennes pour échanger avec les volontaires en mission et les acteurs locaux « engagés sur les dispositifs d’engagement de la jeunesse ». Une belle rencontre.

Lors de cette journée, la Présidente est allée à la rencontre des Cols verts et de We Ker, deux associations qui œuvrent pour améliorer les conditions écologiques, professionnelles et sociales dans la métropole rennaise. Une séance de questions-réponses autour du Service Civique et la présentation d’un projet innovant mené par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) en région Bretagne étaient également au programme. C’est la première fois que l’ancienne secrétaire générale de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ) se déplace à Rennes dans le cadre de ce format de rencontres.

Au cours de la matinée du 19 octobre 2021, Béatrice Angrand, présidente de l’Agence du Service Civique, a rencontré les membres et volontaires de deux associations. La première, Les Cols verts Rennes, a été créée en 2017. Elle a pour vocation de transformer nos systèmes alimentaires afin de les rendre plus durables, créer de nouveaux métiers dans le domaine de l’agriculture urbaine et sensibiliser les citoyens à l’environnement dès le plus jeune âge. La seconde association We Ker, est chargée de l’insertion sociale et professionnelle de jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire.

La seconde partie de la journée fut riche en informations. Un temps d’échanges a d’abord été consacré aux questions posées par les différents acteurs du Service Civique – associations, structures et volontaires – à Béatrice Angrand. S’en est suivie une présentation, par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM), d’un projet innovant d’accès aux droits et aux soins. Mené depuis maintenant deux ans, ce projet prévoit une visite médicale complète et un atelier numérique sur la santé à destination des volontaires en service civique. 

Il est à noter que le 14 juillet 2020, Emmanuel Macron avait annoncé la création de 100.000 nouvelles missions de service civique, portant leur nombre à 245.000 pour les années 2021/2022. Ainsi, avant de répondre aux différents questionnements, Béatrice Angrand a tenu à dresser le bilan des différentes stratégies mises en place par l’Agence du Service Civique pour répondre à cette augmentation et atteindre davantage de jeunes citoyens.

https://youtu.be/08pbg0RY2LI

Trois axes de stratégie principaux ont été évoqués la Présidente.

Le premier concerne la recherche de nouveaux espaces d’accueil des jeunes volontaires : « Nous cherchons de nouveaux espaces de développement en proposant aux organismes d’accueillir davantage de jeunes en service civique ».

Le deuxième axe prévoit de proposer à de nouveaux organismes de réaliser des demandes d’agrément de service civique : « Je pense aux collectivités territoriales, qui étaient sous-représentées dans les organismes en service civique, mais aussi aux universités et aux secteurs sanitaire et social. Nous nous sommes également renforcés en proposant davantage de missions dans les thématiques de la lutte contre l’isolement des personnes âgées, le dialogue intergénérationnel et le développement durable ».

Enfin, le troisième axe évoqué par Béatrice Angrand concerne celui de la mise en place d’outils de communication, telles que les deux dernières grandes campagnes de communication réalisées par l’Agence du Service Civique.

« Trois quarts des recruteurs favoriseraient un jeune en service civique »

Béatrice Angrand

La présidente a tout de même tenu à rappeler qu’au-delà des différentes stratégies mises en place pour attirer davantage de volontaires, il est inenvisageable de négliger la qualité de l’expérience réalisée et ressentie par les jeunes engagés : « Un service civique est un jeune unique. Cela signifie que nous travaillons pour faire valoir les droits de tous les volontaires ». Plusieurs « chantiers qualitatifs » ont été exposés à ce propos. Le premier chantier concerne la mise en place de logiques de parcours afin que l’après-service civique se déroule au mieux pour les volontaires et que ces derniers puissent facilement retrouver leurs droits (mis entre parenthèses) après cette expérience. Le deuxième chantier est plutôt orienté sur les questions de reconnaissance du service civique à l’école ou sur le marché du travail. À garder en tête que, selon une selon une étude – menée par l’Institut français d’opinion publique (IFOP) et citée par Béatrice Angrand – entre deux CV similaires, trois quarts des recruteurs favoriseraient un jeune en service civique. Cependant, « les recruteurs nous disent aussi qu’un flou persiste concernant les missions réalisées par les jeunes et les compétences acquises lors de cette expérience ».

Enfin, le troisième chantier touche l’animation de la communauté de volontaires à travers des newsletters, webinaires ou les réseaux sociaux : « C’est important afin que par-delà la mission réalisée, il y ait un sentiment d’appartenance à une communauté plus large qui est celle du Service Civique ».

« Toutes ces idées que l’on rabâche sur les jeunes sont fausses »

Jordan, jeune volontaire en service civique

Les différentes stratégies ayant été exposées, Béatrice Angrand a donné le LA à cette rencontre en exprimant son enthousiasme à l’idée de participer à cet échange : « Je me réjouis que nous puissions discuter de manière transparente, sincère et constructive de la politique publique du Service Civique d’aujourd’hui et de demain ».

Jordan, 23 ans a suivi cet élan en livrant son témoignage en tant que volontaire en Service Civique Solidarité Séniors, depuis le 1er juin, dans le cadre de la mission « Les Intergénéreux : réduire l’isolement des personnes âgées ». Perdu quant à son avenir, cette expérience a été très importante pour le jeune homme qui confie : « ça m’a permis de m’engager dans quelque chose qui était important pour moi, faire quelque chose de plus humain après avoir quitté mon ancien travail. Dans le cadre de ce service civique, je me suis senti utile et les personnes âgées que l’on accompagne nous ont confortés dans l’idée que ce que l’on fait est une bonne chose », avant d’ajouter : « toutes ces idées que l’on rabâche sur les jeunes qui ne se démènent pas assez pour la société sont fausses. Nous avons servi à quelque chose, on a vu des sourires. C’est le plus grand remerciement que l’on a reçu ». L’expérience de Jordan fait écho au deuxième chantier qualitatif, évoqué plus haut, concernant la valorisation des compétences acquises en service civique sur le marché du travail. En effet, il explique que lors de son service civique, il a participé à plusieurs ateliers qui lui ont permis de faire un bilan des compétences acquises mais également de rédiger un CV qualitatif et complet.

Lors de cet échange, la question du manque de candidatures en service civique a été partagée par plusieurs représentants de structures. Les causes mentionnées pour expliquer ce manque concernaient l’augmentation du nombre de missions proposées et l’aide à l’embauche mise en place par le gouvernement pour les contrats d’apprentissage. La campagne de communication diffusée début septembre sur les grands médias nationaux et déclinée régionalement et localement ainsi que le renforcement du budget marketing de l’Agence du Service Civique furent les deux pistes de solutions évoquées par Béatrice Angrand pour pallier ce manque de candidature. La présidente conseillait également de favoriser les actions « hors les murs » c’est-à-dire « aller sur les lieux où se trouvent les jeunes dans les écoles, universités, centres de formation, associations, maisons de quartier etc. ».

Favoriser les actions « hors les murs », c’est ce qu’a décidé de faire Unis-cités Bretagne comme l’expliquait sa directrice territoriale Estelle Roesch : « Nous venons de recruter 7 volontaires sur une commune de 700 habitants dans le pays de Fougères. La personne qui les accompagne est allée les chercher pendant presque six mois. C’est vrai qu’aujourd’hui, même si ce n’est pas le quotidien de toutes les associations, c’est un bel exemple ». Estelle Roesch a également attiré l’attention de Béatrice Angrand sur le nombre conséquent de jeunes qui ont du mal à se projeter dans le cadre de cette crise sanitaire et qui choisissent le service civique comme solution lambda : « Nous accompagnons beaucoup de jeunes volontaires en questionnement que l’on doit remobiliser et redynamiser à la suite de cette crise. Pour moi le fond du problème se trouve ici. Il est vrai qu’aujourd’hui le service civique, surtout avec « 1 Jeune 1 Solution », est un peu considéré comme un dispositif parmi d’autres et je trouve ça dommage. C’est un projet de société, ce n’est pas un dispositif d’insertion jeunesse et il est important qu’il soit vu comme cela ». Lancée en novembre dernier, la plateforme 1 jeune 1 solution s’applique surtout à faciliter, orienter et accompagner les jeunes dans leur insertion professionnelle, ce qui a tendance à semer la confusion quant aux objectifs et rôle citoyen du Service Civique.

« On constate qu’il y a de bonnes pratiques et des endroits où ça fonctionne »

Béatrice Angrand

À Matthieu Cleret, référant régional du Service Civique, de prendre la parole pour rappeler les difficultés de recrutement ressenties par les organismes en milieu rural : « On connaît très bien les freins liés au logement ou à la mobilité qui expliquent ces difficultés. Mais on découvre qu’on a les moyens de les traiter ».

À ce propos, la présidente tenait à rappeler que le Service Civique apporte, à l’heure actuelle, un socle de base caractérisé par les indemnités du volontaire et de l’organisme, les missions, le budget alloué, ainsi que le travail de communication et d’animation territoriaux. Elle explique : « Ma conviction est que l’on doit aider les acteurs locaux à s’emparer de cette politique publique nationale afin de construire toute une ingénierie autour ». Cependant, cette construction sera possible seulement si les élus locaux apportent un complément et une aide supplémentaire pour : « les organismes avec très peu de moyens et les jeunes, concernant les problématiques de logement ou de transport ». La présidente rappelle que ces aides ont déjà été mises en place dans les départements de la Moselle et du Gers par certains élus locaux. Elle salue d’ailleurs la réussite de ces dispositifs : « On constate qu’il y a de bonnes pratiques et des endroits où ça fonctionne. Je pense par exemple à la Moselle où ils ont renégocié le contrat d’assurance avec les transports scolaires afin de les rendre gratuits pour les volontaires en ruralité. Je pense aussi à une association dans le Gers qui a fait venir des jeunes de Toulouse pour des missions dans des villages et a mis en place un système d’hébergement chez l’habitant pour les accueillir. Il est important de faire circuler ces pratiques et de les valoriser ».

« Je ne suis pas du genre à renoncer »

Béatrice Angrand

Enfin, les derniers points évoqués lors de ce débat ont été ceux de la reconnaissance des compétences acquises en Service Civique et la question de la transférabilité de ces dernières sur le marché du travail.

Hélène, jeune volontaire au sein d’un média associatif, a notamment témoigné de son désarroi face au manque de communication et de valorisation du Service Civique dans les universités : « On a tendance à beaucoup valoriser les stages mais on ne parle pas du tout du service Civique. Et surtout, on a tendance à dissocier ce que l’on étudie à l’université des compétences que l’on peut acquérir lors de notre expérience de volontaire. Même si le service civique peut être différent de notre cursus, il est important car on acquiert beaucoup de compétences aussi valorisantes que celles que l’on peut acquérir en stage. Pourquoi ne pas davantage travailler main dans la main avec les universités ? ».

Témoignage que Béatrice Angrand, qui travaille sur cette perspective, a approuvé même si cette dernière n’est pour l’instant pas partagée par le Haut Comité universitaire : « Je suis absolument convaincue de ce que vous dites mais cela n’est pas facile. J’ai déjà eu plusieurs réunions à ce sujet dans le cadre de la Conférence des présidents d’universités (CPU). Après ces deux réunions j’en ferai une troisième. Je ne suis pas du genre à renoncer »

Béatrice angrand service civique Rennes

Au sujet de la valorisation des compétences, Fabienne Canut, Directrice de l’association We Ker, a évoqué les grands travaux menés sur les open badges. « Pourquoi ne pas créer un open badge Service Civique en fonction des compétences développées par les différents volontaires ? » questionne-t-elle, avant d’ajouter : « c’est un outil qui parle aux entreprises puisqu’ils sont reconnus dans un grand nombre d’entre elles. En écoutant les différents volontaires je me dis souvent que cela pourrait être une innovation facile et moderne qui pourrait valoriser les compétences des jeunes en service civique ».

Afin de rebondir sur ce sujet, Béatrice Angrand a rappelé que pendant une durée d’un an, l’Agence du Service Civique a expérimenté, dans plusieurs régions, un outil appelé « RECTEC ». Ce dernier, né en 2016, vise à « favoriser l’employabilité par la reconnaissance des compétences transversales et leur mise en correspondance avec les certifications professionnelles » peut-on lire sur le site officiel de l’Union Européenne EPALE. Après avoir expérimenté plusieurs outils de valorisation des compétences, c’est finalement sur cette plateforme que le choix de l’Agence du Service Civique s’est porté. La présidente confie que cette plateforme n’est pas encore tout à fait connue : « Nous devons encore former tous les tuteurs à cet outil. Nous ne pouvons pas non plus contraindre les organismes à l’utiliser mais nous le conseillons vivement en mentionnant, sur notre site internet, que nous privilégions et encourageons fortement l’utilisation de RECTEC. »

« L’idée de ce partenariat est née grâce à de belles rencontres »

Maryse James, chargée de mission, CPAM d’Ille-et-Vilaine

Place maintenant au projet innovant mené par la CPAM en région Bretagne.

« L’idée de ce partenariat est née grâce à de belles rencontres » racontait Maryse James, chargée de mission Solidariés au sein de la CPAM d’Ille-et-Vilaine. Elle évoquait notamment sa rencontre avec Matthieu Cleret dans le cadre de leur participation à des groupes de travail, organisés par le LabAccès, dont le but était de réfléchir aux effets de la dématérialisation sur le parcours d’accès aux droits sociaux et d’identifier et expérimenter des pistes permettant de lutter contre le non-recours aux droits. Elle relate : « Matthieu et moi nous sommes retrouvés dans un groupe de travail qui portait sur le rôle des volontaires en service civique dans l’accompagnement à l’inclusion numérique. Tous les deux, nous avons beaucoup échangé sur Parcours Santé Jeunes (PSJ) et sur comment l’adapter aux volontaires en service civique » C’est ainsi que l’idée est née.

L’objectif de ce partenariat entre la CPAM et l’Agence Régionale des volontaires en service civique s’organise autour de trois points : offrir un certain nombre de clés concernant la prise en charge médicale et les démarches administratives qui s’en suivent, essayer de transmettre, aux volontaires, un maximum de reflexes quant aux démarches administratives et enfin procéder aux vérifications des couvertures santé des jeunes engagés afin de les orienter si besoin.

À Amélie Texier, responsable de la mission Communication Interne, de détailler : « L’offre de service bilan de santé permet aux jeunes volontaires d’Ille-et-Vilaine de bénéficier d’un examen de prévention santé dans les centres d’examen de Rennes, Redon et St-Malo (un jour par semaine pour les deux derniers). Pendant cette matinée, le jeune volontaire bénéficie d’un examen complet avec des professionnels de santé du centre et peut bénéficier d’un rendez-vous des droits personnalisé avec un agent d’accueil de la caisse primaire. C’est l’occasion de faire un point sur tous ses droits et sur l’offre numérique de l’assurance maladie ».

Nikita, une ancienne volontaire en service civique, a pu bénéficier de ce bilan de santé au début de sa mission chez Unis-Cité Rennes. Elle explique : « c’est vraiment chouette d’avoir pu profiter de ce dispositif que mes camarades et moi ne connaissions pas. Cela nous a permis de faire un point sur notre santé mais aussi d’en parler dans le cadre de notre mission ».  

Point historique

Créée en 2010, l’Agence du Service Civique pilote et assure la mise en place du Service Civique tel que nous le connaissons. Ce dernier, qui s’adresse à tous les jeunes de 16 à 25 ans et jusqu’à 30 ans pour les jeunes en situation de handicap, propose des missions sur une période de 6 à 12 mois en France ou à l’étranger. Définies par le Conseil d’Administration de l’Agence du Service Civique, les missions concernent neuf thématiques considérées comme prioritaires pour la Nation : Environnement, Culture et Loisirs, Sport, Santé, Éducation pour tous, Développement international et aide humanitaire, Solidarité, Mémoire et citoyenneté, Intervention d’urgence en cas de crise.

Le Service Civique en quelques chiffres

Depuis sa création, plus de 500.000 missions ont été réalisées par de jeunes volontaires.

Depuis ces dernières années, aussi bien à l’échelle nationale que régionale, le Service Civique voit son nombre d’engagés augmenter. D’après le rapport d’activité de l’Agence du Service Civique, en 2018, plus de 140 200 jeunes ont effectué une mission d’intérêt général, cela est 3 fois plus qu’en 2015. En 2020, ils étaient 132.000 dont plus de 2700 en Bretagne.

Malgré ce nombre important de jeunes volontaires, de nombreuses missions restent à pourvoir. Alors si vous avez entre 16 et 25 ans (30 ans pour les jeunes en situation de handicap) et que vous souhaitez vous engager dans une mission citoyenne, vous pouvez consulter les différentes offres de service civique ici. Si vous avez moins de 16 ans ou plus de 25 ans*, n’hésitez pas à en parler autour de vous.

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