Le palais des congrès d’Angers était vendredi soir the place to be pour tous les amateurs d’art lyrique de la région Ouest. Angers-Nantes Opéra et L’Orchestre National des Pays de la Loire, célébraient l’ouverture de la saison avec une œuvre aussi connue qu’appréciée du public : La damnation de Faust d’Hector Berlioz. Rendez-vous les 19, 21 et 23 septembre à la Cité de Nantes.

La damnation de Faust, une fresque plutôt épique présentée comme une légende dramatique en 4 actes, fut donnée la première fois à l’Opéra comique à Paris, le 6 décembre 1846. Ce chef-d’œuvre tumultueux est assez librement inspiré de l’ouvrage de Johan Wolfgang Von Goethe. La traduction de l’original avait été, à l’époque, réalisée par le poète Gérard de Nerval ; c’est Berlioz, assisté d’Almire Gandonnière qui en rédigé le livret.

Afin d’assurer le succès de cette production, Angers-Nantes Opéra, en coproduction avec l’ONPL, n’a pas hésité à mettre les petits plats dans les grands en s’assurant d’une distribution de haut niveau. Le rôle de Faust a été assuré avec un incomparable brio par le stupéfiant ténor américain Michael Spyres, celui de Marguerite par une Catherine Hunold plus étincelante que jamais, la basse française Laurent Alvaro leur a donné la réplique en un diabolique Méphistophélès. Ce trio de talent a été la véritable colonne vertébrale de cette version du célèbre opéra.

ANGERS NANTES OPÉRA LA DAMNATION DE FAUST

Michael Spyres a été tout simplement magique. Ses capacités vocales lui permettent de se promener avec une incroyable aisance du registre de baryton à celui de ténor sans l’ombre d’une difficulté. Ses aigus le font parfois aborder des rivages que seuls approchent les contre-ténors. Tout simplement magnifique et, pendant plus de deux heures que dure le spectacle, il a maintenu le public du Palais des congrès sous le charme de son interprétation, sensible et habitée.

ANGERS NANTES OPÉRA LA DAMNATION DE FAUST

Dans la seconde partie, la soprano dramatique Catherine Hunold a créé la même ambiance de magie en proposant une interprétation pleine d’intériorité, poussant les nuances qu’exigent les mélodies françaises jusqu’à des sommets de délicatesse. Certes, nous pourrions être taxés d’un peu de parti pris tant les différentes rencontres avec cette remarquable cantatrice française nous ont conduits à encenser son travail mais, que voulez-vous, elle le mérite amplement ! Dès son entrée sur scène, nous avons noté un changement pas du tout anodin et pourtant difficile à définir. Catherine Hunold semble être arrivée à une sorte de plénitude, d’accomplissement, tant sur le plan vocal que personnel. Elle incarne une féminité épanouie et apaisée, ce qui ne l’empêche en rien de proposer le personnage de Marguerite en teintant son chant des couleurs de l’innocence et de la pureté. Sa vision de l’air « Le roi de Thulé », nous approche des larmes, comme ce prince veuf, tenant sans faillir la coupe d’or ultime souvenir de sa chère disparue.  Il est clair que la carrière de notre prima donna française mérite l’attention que nous lui portons depuis plusieurs années.

ANGERS NANTES OPÉRA LA DAMNATION DE FAUST

Le  Méphistophélès de l’excellent Laurent Alvaro est démoniaque à souhait. Sa haute stature, son costume et ses cheveux noirs, tout comme sa barbe pointue, tout installe un démon plus vrai que nature. Sa voix profonde et grave ponctue avec exactitude une interprétation très vivante. Il arrive sur scène appuyé sur une canne, boitant péniblement ; ce qui lui donne un air encore plus inquiétant. En réalité, il ne s’agit pas de donner par une posture plus de crédibilité à son personnage, les choses sont plus simples : Laurent Alvaro s’est cassé la cheville la semaine passée mais a tenu avec courage à être présent malgré tout. Hommage soit rendu à son professionnalisme ! Bertrand Bontoux, ancien soliste du chœur de chambre « Accentus » servi par une diction soignée, leur donnera la réplique dans le rôle plus anecdotique de Brander.

ANGERS NANTES OPÉRA LA DAMNATION DE FAUST

Les chœurs d’Angers-Nantes Opéra auxquels se sont joints ceux de Dijon, ainsi que la maîtrise des pays de Loire seront également un beau sujet de satisfaction. Ils délivrent une pâte musicale ample et émouvante et servent avec talent la musique de Berlioz. Ce n’est pas vraiment un sujet de surprise, car cet important ensemble a été préparé par le chef de chœur, Xavier Ribes, dont nous avions apprécié, l’an dernier, l’excellent travail lors de la première de Lohengrin avec Angers-Nantes Opéra.

Dernier point et certes pas des moindres : l’Orchestre National des Pays de Loire (ONPL). Placé sous la baguette toujours énergique – quoique parfois un peu sage – de Pascal Rophé, il va nous emporter dans un véritable maelstrom de sonorités brillantes délivrées par un efficace pupitre de cuivres. Efficacité que l’on retrouvera également au pupitre des percussions particulièrement représenté. Malgré la présence de Ji Yoon Park, l’excellente soliste de ce pupitre, les premiers violons manqueront parfois de cohésion laissant une courte impression de malaise. Petit bémol également pour l’alto qui accompagne Catherine Hunold : jouant un petit peu trop fort, il prend le risque de masquer les passages les plus ténus. Mais ce ne sont que d’infimes points de détails très excusables à l’occasion d’une première et que les prochaines représentations nantaises gommeront à n’en pas douter. Ce qui reste, c’est l’impression générale d’un très beau travail et qui ouvre la saison lyrique en fanfare. À la fin de la représentation, le public unanimement satisfait a offert aux artistes présents une ovation aussi vibrante que méritée.

Photos : Jeff Rebillon et Laurent Kontzler

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Thierry Martin
thierry.martin [@] unidivers .fr

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