La carrière d’Alice Cooper s’étend sur plus de cinq décennies. Principal instigateur du shock rock, cette icône vivante du rock conjugue adroitement hard rock, new wave, heavy metal, indus et performance arty version grand adolescent. Il est classé 20e sur les 100 plus grands artistes de Hard Rock. En pratique, c’est le premier artiste rock à avoir introduit des images d’horreur dans sa musique et ses concerts. Alors, Alice, disciple de Satan ?

 

Vincent Furnier, de son vrai nom, est fils d’un pasteur américain. Il se fit rebaptiser du nom d’une sorcière anglaise du XVIe siècle, dont es initiales forment AC (Antéchrist). Il a plus fois affirmé qu’il s’était consacré à Satan pour connaître la gloire. La valeur du mot COOPER à partir d’une base numérologique (soit A=100, B=101, etc.). équivaut 666. Les apparences du suppôt de Satan sont ici réunies.

La difficulté est de savoir quelle part la dimension sataniste occupe dans sa vie, quelle part est au service de son style et de sa communication artistique. A la manière de Black Sabbath, les références de Cooper à Satan se limitent à quelques borborygmes vaguement rituels qui choquent les dames âgées et n’effraient réellement que des personnes sensibles, voire fragiles comme des adolescents à la recherche de leur identité. Personnellement, j’ai le sentiment que les références à Satan ne constituent ni une croyance ni une pratique personnelles mais un fonds de commerce.

On est loin des incantations des groupes comme Black Widom ou des scandinaves radicaux, Bathory, Mayhem, Burzum et Gorgoroth. On est loin de l’étrange folie orante aux accents habités de Charles Manson, lequel compose toujours en prison depuis 40 ans. Enfin, on est très loin des subversifs Throbbing Gristle ou Death in June qui, quant à eux, s’il ne donnent guère ni dans le satanisme d’opérette ni dans le rituel occultiste, ont produit une déclinaison sonore magnétique et langoureuse dont le désaxement agressif restitue d’une manière puissante une dimension obscure de la psyché et du monde contemporain.

En outre, contrairement aux apparences, Alice Cooper a déclaré également n’avoir jamais pratiqué le satanisme. S’est-il vraiment assagi, est-il devenu honnête avec lui-même ? Ou, a contrario, s’appliquerait-il la mise en garde Baudelaire comme quoi « la plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas.» En tout cas, il se déclare de foi chrétienne, pratiquant des prières journalières et engagé dans une église protestante américaine (expression qui a le dos large, faut-il le préciser). Il a aussi fondé la Solid Rock Foundation, association qui vient en aide à des jeunes défavorisés.

S’il est difficile de trancher avec certitude, on dira seulement que la musique d’Alice Cooper est d’une facture relativement riche mais d’un intérêt richement relatif, notamment en termes de réflexion spirituelle. Ses motifs satanistes ne font frémir d’émotions, à la manière de grands enfants, qu’un public jeune. C’est d’ailleurs ce que nous avons pu constater aujourd’hui au Liberté. L’âge moyen ne dépassait pas la moyenne annuelle des températures bretonnes.

Nicolas Roberti

Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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